C’est avec une pointe d’excitation qu’Isao s’aventurait une nouvelle fois dans ce nouveau monde étrange que l’on appelait communément Noerphilie. Il attendait d’ordinaire que sa sœur soit disponible pour l’accompagner, mais son besoin urgent de quitter le quotidien se faisait parfois ressentir alors qu’elle n’était pas dans les parages. Après un moment d’hésitation, le jeune homme se lançait finalement dans le grand écran de leur demeure familiale pour atterrir dans un lieu qu’il ne connaissait pas encore. Ce nouveau monde immense prendrait beaucoup plus que quelques heures à explorer, il en avait bien conscience, mais il fût tout de même surpris de sentir du sable sous sa peau. La vision de toute cette étendue de la couleur de l’or l’émerveilla d’abord, puis lui arracha finalement une expression de déception. Il lança quelques regards autour de lui, mais ses yeux ne s’arrêtèrent sur rien d’autre que du sable, et encore du sable. Ou pourrait-il bien aller, il se le demandait bien. Ses quelques visites récentes lui avaient permis de voir des choses beaucoup plus impressionnantes qu’un désert sans fin. Sa liste de choix se limitait à retourner d’où il venait pour trouver une ouverture ailleurs, ou décider d’explorer un peu les environs.

Tant qu’à déjà être sur place, Isao choisit plutôt la seconde option. Après tout, s’il venait en Noerphilie, ce n’était pas pour retourner dans quelque chose de confortable qu’il connaissait déjà, mais bien pour vivre de nouvelles aventures et tenter quelque chose de plus excitant. Il se mit à marcher dans la direction opposée à l’écran par lequel il venait de sortir. Il finirait bien par en trouver un autre, tôt ou tard. Avoir faim ou soif ne l’inquiétait pas trop, puisqu’il ne s’aventurait jamais en Noerphilie sans s’apporter le minimum de choses pour survivre. Sa crainte, bien enfouie au fond de lui, était surtout de tomber sur un monstre ou quelque chose comme ça. Bien que son apparence lui plaise un peu plus dans ce monde ci que dans le réel, sa force physique restait malheureusement la même. Il avait pris conscience dès sa première visite qu’il possédait un pouvoir, l’ayant appris par accident aux dépends de sa sœur, mais ne savait pas encore exactement comment s’en servir, ni ce qu’il serait capable de faire à pleine puissance.

Durant de longues minutes, il ne rencontra pas âme qui vive. Lui qui cherchait quelque chose de palpitant, il trouvait le résultat assez décevant pour le moment. Puis en plus, le sable était magnifique mais sans lunettes de soleil ou quelque chose pour lui protéger les yeux, il avait bien du mal à s’orienter correctement à cause des reflets. Isao pouvait clairement sentir la mauvaise humeur prendre emprise sur lui, trait distinctif de son autre personnalité, Ruax. Ce nom, qu’il avait choisi lui-même au bout d’un certain temps, râpait un peu la langue et était tout sauf mélodieux, mais Isao l’appréciait tout de même. Ne souhaitant pas utiliser son vrai prénom malgré son apparence presque inchangée pour faire une distinction entre ses deux ‘’lui’’, il avait cherché quelque chose qui lui conviendrait. Le choix fût difficile à faire, mais il s’arrêta finalement sur Ruax, le nom d’un démon dont la principale fonction est de provoquer des maux de tête.

Il jeta un coup d’œil derrière lui, seulement pour remarquer qu’il marchait depuis assez longtemps maintenant pour ne plus être en mesure de voir l’écran à travers lequel il était arrivé. Il poussa un long soupir en continuant de marcher. « Bon. Évidemment, la chose sensée à faire en ce moment serait tout simplement de continuer à aller devant et dès que je croise un écran, je n’aurai qu’à retourner à Iteku. » Malgré ce but bien clair et précis, la mauvaise humeur le gagnait tranquillement. Il se sentait stupide de s’être lancé dans l’inconnu tout seul, sans trop savoir à quoi s’attendre. Tant qu’à être surpris, il aurait au moins pu tomber sur quelque chose d’intéressant. Personne ne croisait sa route depuis son arrivée, et il ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était avec raison. Qui voudrait s’aventurer dans un désert, complètement seul? Il se mit à marmonner son mécontentement et décida de s’arrêter pour boire un peu d’eau. Il se serait bien caché du soleil un instant, mais pas d’ombre à l’horizon. Il aurait dû être plus prudent.

Cela faisait quelques temps déjà qu'Ethan souhaitait se rendre en Noerphilie. Il voulait voir ce que cet endroit avait de merveilleux. Comment un endroit créé de toute pièce par les hommes pourrait-il être merveilleux? Malgré tous les récits de ses amis sur leur expérience là-bas, il n'y était et ne voulait aucunement y aller. Et pourtant... Alors qu'il marchait dans un coin mal famé de la ville, il tomba sur un tas d'objets jetés sur le trottoir, prêts à partir aux encombrants. Dans le lot, se trouvait un téléviseur du troisième âge, chose très surprenante à Iteku. Il s'approcha de cette machine obsolète un peu désolé pour elle. Elle avait loyalement servi les hommes et même si elle marchait encore, il fallait s'en débarrasser pour toujours évoluer, toujours aller plus loin et créer autant de choses à jeter par la suite. Combien de déchets les hommes ont-ils pu laisser sur cette planète au cours de leur existence? Ethan s'agenouilla près de l'écran, une main posée dessus et le regarda d'un air désolé, un sourire en coin. Puis un idée traversa son esprit, l'envie de se rendre en Noerphilie, de voir ce qu'un objet si misérable pouvait lui apporter. Il resta les yeux fixes quelques instants puis plongea sa main libre dans l'écran. Elle fut happée directement et le corps d'Ethan suivi de près pour enfin passer de l'autre côté.

Le seul soucis fut la manière dont il atterri en Noerphilie. La taille de l'écran du téléviseur ne lui avait pas permit de se mouvoir correctement. Le portail créé, se situait sur une dune d'un immense désert et il fit un roulé-boulé interminable pour dévaler la butte à toute vitesse. Il s'étala de tout son long sur le sable chaud, les yeux faces au soleil. Il leva une main pour s'en protéger et remarqua qu'elle était différente de d'habitude. Plus fine, plus petite. Il se releva sur son séant et observa ce qu'il était devenu. Sur ses épaules, il voyait des cheveux roses tomber en cascade. Il portait un pantalon léger et un T-shirt ne lui couvrant pas le dos. Il ne s'habillerait jamais comme ça! Il n'en était pas question! Et si cet endroit ridicule l'attifait de tels idioties il était près à retourner à Iteku immédiatement! Il  sentit une chose dure lui déranger le derrière et se releva d'un bon. Un scalpel tomba de sa poche. Le même scalpel qu'il portait toujours sur lui, bien plus précis qu'un couteau et beaucoup moins lourd. En le ramassant, Ethan pu voir réellement à quoi il ressemblait. Il, était une fille. L'outil lui échappa une nouvelle fois des mains et il tenta de le rattraper suffisamment tôt avant que le vent ne l'emporte et ne le cache dans cette immensité de sable. Alors qu'il le récupérait avec une rapidité folle, le scalpel entailla légèrement le bout de son index droit. Ethan regarda la fissure faite à son épiderme se gonfler légèrement pour laisser couler un filet de sang. Après avoir observé cette mutation pendant un long moment, il se suça le doigt pour comprimer la coulée, et ses yeux s'écarquillèrent. Du vin! Son sang avait le goût de vin!

"Hum...Ce nom me semble plutôt bon!" entendit-il autour de lui. Il observa les environs... il était seule à plusieurs miles à la ronde;"Dans ta tête! C'est dans ta tête que tout se passe!". La voix reprit suivie d'un rire de folie. "Qui est-tu?" s'effraya Ethan.
"Moi? répliqua la voix, je suis Vin, l'incarnation de tous tes désirs les plus inavoués. Allez viens! On va s'amuser, trouvons une proie à massacrer." Le corps d'Ethan contre sa volonté propre se mit à déambuler dans le désert. Et alors qu'il se déshydratait, la conscience de Vin prit le dessus. Enfin... si une personne folle est vraiment considérée comme porteuse de conscience. Elle jurait à chaque enjambée sur la restriction que s'imposait Ethan à Iteku, ici elle était libre de s'exprimer, libre de tous mouvements et elle comptait bien en profiter.

De loin, elle vit une forme se dessiner dans la chaleur du désert. Succincte au début, elle se découpait de mieux en mieux au fur et à mesure qu'elle avançait. La proie ne semblait pas bouger. Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres. "En voilà un bon entraînement..." pensa-t-elle.
Elle s'approcha furtivement, remerciant le ciel de l'avoir faite atterrir dans cet endroit où le sable étouffait sans problème le bruit de ses pas. Elle avait soif. Et si le sang de cette chose avait le même goût que le sien, elle s'en abreuverait jusqu'à plus soif. Un coin de son esprit se demandait comment elle pouvait se trouver aussi juteuse? Ne devrait-elle pas avoir un instinct de survie et ne pas vouloir se manger elle-même? Est-elle même faite pour manger des humain? Elle s'approcha furtivement, essaya même de ramper pour atténuer le bruit de froissement de son pantalon. Arrive à 1 mètre de distance, elle se redressa et lui sauta dessus, scalpel en avant, lui entaillant la nuque légèrement... "Quel échec..." râla la voix.

Puisqu’il marchait depuis près d’une heure déjà sans croiser qui que ce soit, Isao avait déjà laissé de côté l’idée de surveiller ses arrières et ce, depuis longtemps. Dans le vrai monde, être méthodique et bien préparé était naturel pour lui. Il se devait généralement de tout bien prévoir et de réfléchir avec logique, même si son cœur désirait parfois briser ces barrières et le pousser à faire des choses entrant en contradiction avec son esprit rationnel et les règles qu’il devait suivre. Prendre une pause lui fit du bien, mais il ne put s’empêcher de remarquer que l’eau coulant entre ses lèvres était déjà tiède malgré le fait qu’il se soit assuré qu’elle soit bien froide avant de partir. Trouver un écran devenait maintenant une chose prioritaire, ou il risquait de frire au soleil avant même d’avoir pu accomplir quoi que ce soit de significatif dans ce nouveau monde intéressant.

Perdu dans ses pensées, le jeune homme ne remarqua pas un instant que quelqu’un s’approchait furtivement de lui. Avec le vent, le sable et ses propres marmonnements, impossible pour lui d’entendre les sons de ce que quoi que ce soit de vivant pourrait faire. Son instinct lui indiqua toutefois que quelque chose clochait, quelques secondes avant qu’il ne sente un objet pointu lui entailler la peau, lui permettant ainsi d’avoir un mouvement de recul et de regarder derrière. Il ne ressentit pas tout de suite la douleur de cette blessure superficielle, mais empêcher la masse inconnue de bondir sur lui était hors de son contrôle. Isao s’écrasa sur le sable doré, qui se tacha légèrement de rouge, et ouvrit grand les yeux. S’il ne faisait pas quelque chose, et rapidement, il risquait d’y laisser sa peau. Il fut rapidement aveuglé par une masse de cheveux roses, et son regard en croisa furtivement un autre, aussi écarlate que son propre sang, et dénué d’humanité.

« Il y a quelqu’un là-dedans? » lança-t-il entre ses dents tout en tentant de repousser la femme. « Voilà que je me retrouve à parler à une coquille vide. Alors, dis-moi, ça te fais quoi de t’attaquer à quelqu’un par derrière comme ça? Lâche! » Contrairement à Isao, son alter-ego en Noerphilie ne pouvait s’empêcher de dire le fond de sa pensée, même dans sa position. « Qu’est-ce que tu veux, tu vois bien que je n’ai rien. Ou est-ce que tu serais une de ces choses qui est trop stupide pour penser par elle-même et combattre ses instincts? Haha! » Il commençait à ressentir la douleur. Même s’il perdait, pas question de se rouler en boule et d’implorer la pitié. Il étira le cou, plantant ses ongles dans la chair de son attaquante en tentant de la renverser et de mieux voir.

Cette chose avait une allure humaine et féminine, mais Isao se demanda un instant s’il y avait vraiment quelqu’un, quelque part, derrière ce visage. Il fronça les yeux et se concentra sur son attaquante, en espérant faire fonctionner son pouvoir. Il avait compris qu’il lui fallait utiliser de sa propre énergie pour arriver à faire fonctionner son pouvoir, mais vu comme il ne sentait pas grand-chose, il ne devait pas faire beaucoup de dommages. Malheureusement, utiliser ses capacités le rendait complètement vulnérable l’espace d’un instant, et il ne put repousser physiquement la femme, restant donc à la merci de ses coups. Il se maudit silencieusement de ne pas avoir eu l’intelligence de prévoir des armes. Isao était pacifiste et n’aurait jamais pensé de lui-même à apporter quelque chose pouvant blesser une autre personne, mais Ruax avait soif d’aventure et devait survivre. Il se laissa une note, dans un coin de son esprit, pour se rappeler de mieux se préparer la prochaine fois – si prochaine fois il y avait.

Lorsque le jeune homme face à elle s'était retourné après son attaque ratée, Vin avait vu rouge et s'était élancée sur lui tous muscles contractés. Elle réussit rapidement à le plaquer dos au sable mais sa victime ne la laisse pas faire. Il se débattit comme il pouvait, tenta de reprendre le dessus et cela fit sourire Vin de toutes ses forces. Même désespéré l'être humain et notamment l'homme n'acceptait pas si facilement d'être battu par une femme. Elle-même se demandait la réelle puissance de ce corps mais était particulièrement étonnée de pouvoir faire face à la gente masculine en fournissant si peu d'effort.

Toutefois, il ne semblait pas s'inquiéter uniquement de la différence entre les sexes mais aussi de la différence de sanité d'esprit. Quand il commença à l'apostropher :" Il y a quelqu’un là-dedans? Voilà que je me retrouve à parler à une coquille vide. Alors, dis-moi, ça te fais quoi de t’attaquer à quelqu’un par derrière comme ça? Lâche! Qu’est-ce que tu veux, tu vois bien que je n’ai rien. Ou est-ce que tu serais une de ces choses qui est trop stupide pour penser par elle-même et combattre ses instincts? Haha!" le peu d'amour propre que possédait l'être qu'elle était devenue commença ressortir.
Elle détendit ses muscles sentant au même instant la pression qu'exerçait son adversaire sur son corps et utilisa cette force contraire pour le retourner et passer à cheval sur son dos. Elle planta ensuite, en un mouvement rapide et précis, son scalpel près de sa colonne vertébrale en plein milieu d'un nerf lombaire. Ce nerf relié au nerf sensitivo-moteur sciatique créa une effroyable douleur dans son membre inférieur droit, force motrice de sa victime d'après la brève étude qu'elle avait réussi à faire lors de leur combat.

Lors de son étude anatomique de cette partie du corps, Ethan s'était rendu compte que ce nerf pouvait aller jusqu'à paralyser temporairement l'individu s'il forçait un peu trop dessus. Cette attaque lui semblait rudement bonne et Vin se releva pour observer sa victime et se remettre de ses émotions. "Tiens? La blessure n'est pas aussi profonde que je l'espérais?" s'inquiéta Vin. Elle se pencha sur le jeune homme pour lui retirer violemment le scalpel ce qui lui arracha un autre cri. Elle s'accroupit ensuite près de l'entaille et ragea contre elle-même. "Effectivement, ça ne fera pas l'affaire..." Elle leva son bras étonnamment haut pour sa taille, et enfonça une nouvelle fois son arme mais au niveau de sa cuisse cette fois, dans une autre parti du nerf prit en étude. Cette fois, le manche de son scalpel ressortait très légèrement de la cuisse... elle aurait du mal à le retirer. Elle se décala rapidement. Il n'avait pas l'air de réagir à la douleur autant qu'elle l'espérait et cela lui faisait un peu peur... Mais qui était-il donc?

Elle prit alors enfin la peine de répondre au questionnement grotesque de son cobaye. Appréhendant une réplique prochaine, elle préféra garder l'esprit de son adversaire concentrer sur ses paroles. "Tu es mon expérience et en tant qu'expérience il me fallait un sujet non préparé aux douleurs que je souhaite lui faire subir." En voyant les yeux de sa victime se concentrer sur elle, elle eut un sourire carnassier, dévoilant toutes ses dents. Il l'écoutait.
"Tu sembles tout de même posséder un bon sang-froid... Pourrais-tu me donner ton nom que je puisse le consigner dans mes archives?" demanda-t-elle de manière très détachée comme si le fait de voir un être souffrir juste devant ses pieds ne lui procurait aucune émotion.
Elle étudia alors soigneusement toutes ses réactions, prête à les reporter dans son carnet. Avec un éclair de génie, elle récupéra son scalpel toujours planté dans sa cuisse. Cela aurait été embêtant que sa propre arme se retourne contre elle. Elle nota cette remarque dans le coin de sa tête et observa son prochain mouvement. Elle était tout de même persuadé qu'il ne pourrait plus se mouvoir aussi facilement qu'avant, mais ce monde était très possiblement pleins de surprises.

Isao n’eut pas la possibilité de faire grand-chose lorsqu’il sentit que son adversaire tentait de retourner sa force contre lui. Il se retrouva rapidement dans la position opposée, la bouche pleine de sable. Il devait absolument trouver un moyen de se remettre sur pied et de s’éloigner mais surtout, de pouvoir poser les yeux sur son attaquante. Lui infliger quelconque dommage serait impossible dans le cas contraire. Il commençait juste à tenter de renverser la fille aux cheveux roses lorsqu’il sentit quelque chose s’enfoncer dans son dos. Cette fois, la douleur fut instantanée et le frappa de plein fouet, l’empêchant de bouger. Son corps se tendit soudainement alors qu’une vague douloureuse descendait jusqu’au bout de ses orteils et il ne put s’empêcher de pousser un cri, comme si cela allait changer quoi que ce soit à la situation. Dans le meilleur des cas, peut-être que quelqu’un l’entendrait et viendrait l’aider, mais il en doutait grandement.

Il ne pouvait pas rendre l’âme ici, c’était impossible. Il devait absolument trouver un moyen de s’en sortir vivant et de pouvoir retourner chez lui. Blesser les autres ne faisait pas partie des valeurs d’Isao, mais Ruax, de son côté, n’hésiterait pas à faire n’importe quoi, ou presque, pour sauver sa peau. Il poussa une autre plainte alors que la fille retirait son arme, mais devint rapidement silencieux. La souffrance d’autrui plaisait vraisemblablement à celle qui venait de l’attaquer sans aucune raison valable. Il refusa catégoriquement de lui donner ce qu’elle voulait. Isao tenta de reprendre son souffle, le front enfoncé dans le sable chaud, et fit de son mieux pour ralentir la vitesse des battements de son cœur. Il avait mal, terriblement, et ne pourrait pas faire disparaître la douleur. Pourtant, il savait pertinemment que le cerveau peut provoquer de bien belles et surprenantes choses lorsqu’il se sait en danger de mort. Elle était peut-être plus forte que lui, mais il était définitivement plus intelligent.

Il sentit soudainement l’objet métallique déchirer la chair de sa cuisse et il se mordit l’intérieur de la joue pour éviter d’exprimer bruyamment sa douleur, ne poussant qu’un grognement. Se débattre serait un geste très imbécile de sa part, puisqu’elle aurait le dessus sur lui de toute façon. Il devait gagner du temps, et trouver le moyen d’avoir une ouverture. Avec sa jambe endommagée, il n’irait pas très loin à moins qu’un écran n’apparaisse soudainement juste devant ses yeux, ce qui était fort peu probable. Il prit de longues et profondes inspirations en tentant de se concentrer sur un plan et ainsi oublier un peu la douleur. Être aussi faible le mettait hors de lui. La fille apparut alors dans son champ de vision, et c’est un regard glacé qu’il posa sur elle. Il devait continuer de la faire parler, juste un instant, le temps de retrouver des forces et de pouvoir se venger. Isao n’eut aucune réaction en l’entendant parler de lui comme d’une expérience. Décidemment, la folie des autres l’étonnerait toujours.

Il fit de son mieux pour ne pas ciller lorsqu’elle retira le scalpel de sa blessure, beaucoup plus profonde que la précédente. Il ne bougea pas non plus. Un mouvement trop brusque et elle risque de se jeter sur lui une nouvelle fois. Il esquissa un sourire, malgré la douleur. Au final, elle était comme un animal, rien de plus. « Ironique, quand même, de vouloir associer un nom à une expérience, tu ne trouves pas? Je doute que ça te redonne un semblant d’humanité donc désolé, mais tu devras en chercher un toi-même. Entre nous, quand même, la personne qui ressemble le plus à une expérience ratée, ce n’est certainement pas moi. » Il s’arrêta un instant. Il parlait toujours trop dans ce monde. « D’où est-ce que tu sors exactement? Tu dois vraiment être une personne à problème dans la vraie vie pour t’être réincarnée en… ça. Ta vie doit être bien triste pour que ton seul plaisir dans un endroit offrant autant de possibilités soit d’attaquer les gens par surprise pour les étudier. » Isao tourna la tête, réussissant enfin à plonger son regard de glace dans celui de l’autre, rappelant un brasier. « Mais je me demande comment ton cerveau fonctionne. Après tout, je t’ai laissée faire tes tests… Je pense que c’est mon tour, pour rendre les choses plus justes! »

Il se concentra, faisant de son mieux pour contrôler sa colère et pour oublier la douleur émanant de différents endroits sur son corps. Son pouvoir pouvait faire des dommages, il le savait. Il devait juste apprendre à le canaliser et cette fois, le sujet était parfait. Il sentit instantanément une vague de fatigue, indiquant une imminente attaque qui risquait de faire effet. Il fut satisfait de voir un éclair de surprise passer sur le visage de son attaquante. « Tiens, c’est à noter : capable d’exprimer différentes émotions, finalement. » Il resserra la mâchoire tout en continuant de se concentrer, alors qu’il pouvait voir les jambes de son assaillante commencer à fléchir. Isao n’avait pas vraiment d’idée lui-même de ce que son pouvoir pouvait faire, mais sa sœur l’avait comparé à un éclair de douleur soudain accompagné d’un mal de tête causant une telle souffrance que même les sons ou la lumière pouvait l’aggraver. Comme une terrible migraine, mais en pire.

Il arriva à se remettre sur le dos, bien que ne pouvant pas faire grand-chose de plus. Il voulait la faire souffrir, le plus possible. Avec un peu de chance, peut-être tomberait-elle dans l’inconscience, ce qui lui permettrait de s’enfuir. Mais vu son état de fatigue initial, il doutait d’avoir assez de force pour se rendre jusque-là. « Tu devrais t’attaquer à quelqu’un qui le mérite, si tu souhaites tant ‘’expérimenter’’. Mais dans mon langage personnel, j’appelle ça de la folie. Tes connaissances ne te serviront à rien et tu vas tomber sur quelqu’un, un jour, que tu ne pourras pas prendre par surprise. Tout le monde a ses failles, n’est-ce pas? » Il ferma les yeux, arrêtant par le fait même d’utiliser son pouvoir. Il était trop fatigué et la douleur n’aidait pas. Il avala difficilement sa salive. Les effets sur sa victime se dissiperaient bientôt, et elle risquait d’être bien en colère.

La réponse que le cobaye lui donna ne satisfit pas Vin. Loin de là. Elle? Une expérience ratée? Qu'en savait-il? Que pouvait-il comprendre de l'engouement qu'avait l'homme qu'Ethan nommait père pour tester ses limites mentales? Elle n'était pas raté! Elle avait juste évoluée en quelque chose de plus grand, de plus impressionnant que tout ce que son père aurait pu rêver. Elle voulait décortiquer, comprendre les limites du corps humain, et ce faible spécimen ne la mènerait pas à la grandeur escomptée s'il continuait à se trémousser devant elle comme une pauvre chenille, sans réussir à faire autre chose que gémir des paroles dépourvues de sens pratique.
Bien sûr que sa vie dans le monde réel ne pouvait pas lui permettre de s'exprimer aussi librement que dans ce monde. Était-ce seulement sa faute si le sur-moi que chaque être humain possède selon Freud l'empêchait d'agir aussi librement en société? Une société est basée sur l'apparence et Ethan pouvait très bien le comprendre. Il le comprenait même mieux que personne avec son charisme et sa future profession plus que respectable. Qui irait accuser un médecin aussi respectable que lui de commettre ce genre d'atrocité? Le genre humain est faible.

Lorsque les voisins des psychopathes sont interrogés deux choix de réponses sont possibles: "Mais... je ne comprends pas, il me semblait être un jeune homme si serviable" ou alors "Oui, il me semblait bien que son comportement était extrême, ses agissements étaient étranges ils l'ont toujours été mais de là à le penser coupable de tous ces meurtres, quelle horreur!!"
Ces voisins jubilent. Ils jubilent de pouvoir passer à la télévision, pouvoir donner leur avis. Même si tout le monde se fiche éperdument de leur petite vie bien rangée, qui les empêche de se rendre compte de la personnalité de ceux qui l'entoure. Ou alors justement de cette petite vie bien rangée qui les empêche tout simplement d'agir à l'encontre de son prochain. Et si j'avais tord? Se disent-ils. Que penserait le voisinage?
L'apparence, la reine mère de toute société. Qu'on ne vienne pas dire à Vin, qu'Ethan ne représentait pas ce jeune homme parfait. Ce caméléon capable de réprimer ses pensées atroces envers ces fameux voisins inquisiteurs.

Vin répondit à toute ces piques par une sorte de réflexion sur le genre humain. "C'est mon humanité qui me pousse à faire ce genre de chose. Ne penses-tu pas que nos désirs sont bien trop effacés dans le monde réel? La Noerphilie est un moyen d'expression gigantesque. J'aurais tord de ne pas en profiter." Elle en avait assez de toutes ces personnes moralisatrice sans jamais essayer de comprendre le point de vu de son interlocuteur. Comment peuvent-elles se permettre de juger sans même saisir la globalité des réponses qui s'offrent à elles? Si Vin était réellement un animal, qu'elle ne ressentait aucune émotion, pour quelle raison aurait-elle décider d'attaquer? Un prédateur ne bondit sur une proie que pour se nourrir il n'a pas d'autre intérêt réel. Seul le dauphin, cet animal si prisé par le genre humain pour son intelligence, commet un acte aussi abject que le viol de groupe pour satisfaire ses désirs. Son intelligence le pousse à ce besoin. Pourquoi Vin n'aurait-elle pas le droit de satisfaire sa curiosité, son excitation à comprendre l'anatomie humaine mais par dessus tout le fonctionnement de l'être humain dans ses derniers retranchements?

Alors que son regard était resté planté dans le sien, perdue dans ses pensées, Vin sentit une douleur foudroyante se répercuter dans tout son crâne. Ses yeux s'écarquillèrent, elle se redressa. Quelle pouvait bien être la source de cette étrange douleur. Elle porta sa main libre à sa tempe. C'était comme si sa tête doublait de volume, puis se rétractait. Comme l’acouphène si dérangeant lorsque le silence revient après une soirée. Un sensation dérangeante, incessante ne semblant pas vouloir s'arrêter. Étrangement, elle n'avait pas mal. Ce n'était pas douloureux. C'était perturbant, énervant. Et pourtant cette sensation, elle l'avait déjà vécue auparavant. Elle leva les yeux vers le soleil et les ferma presque aussitôt. Et lâcha un léger cri de peine. Ses nerfs optiques étaient à vifs. Ils réagissaient en ce moment même avec le reste de son cerveau et elle mit enfin le doigt sur son mal. Une migraine. Une simple migraine. Mais d'où avait-elle pu venir? Il lui arrivait d'en avoir lorsqu'elle se coinçait les nerfs de ses épaules, mais en roulant des épaules elle comprit qu'ils n'en étaient pas la cause. Elle rouvrit finalement les yeux pour regarder son cobaye.
Ses yeux de glace semblaient exulter.

Le compréhension se fit dans l'esprit de Vin. IL était la cause de ce mal. Mais comment? Il était toujours là, allongé à ses pieds. La douleur perdurait mais Vin réussit à articuler un semblant de mots alors que sa victime lui lâchait une autre pique dénuée d'intelligence. "Com-ment?"
Son intérêt se raviva. Comment était-ce possible? Quelle partie de son anatomie pouvait-elle lui permettre d'agir sur le cerveau d'une autre individu? Elle avait entendue dire que ce monde permettait d'acquérir des pouvoir mais c'était au-delà de ses espérances. C'était incroyable! Merveilleux!! Un sourire s'étira petit à petit sur les lèvres de Vin. Elle commença ensuite à rire à gorge déployée. Un nouveau défi s'offrait à elle et pas des moindres! Alors que la douleur se dissipait peu à peu, que sa vue revenait à la normale, Vin s'accroupit auprès de sa victime. "Je veux savoir comment tu arrives à faire ça! Par où devrait commencer mon analyse?"
Elle brandit de nouveau son scalpel et s'interrogea sur prochaine manœuvre. S'il arrivait à agir sur son cerveau, son pouvoir devait prendre sa source dans son cerveau.
"Cela me dérange de t'ouvrir le crâne... je ne souhaite pas te tuer... juste t'étudier..."
Haussant les épaules, elle se releva, poussa sur son bras d'un coup de pied pour le remettre sur le ventre. Elle s'approcha de nouveau souleva sa tête en le tirant par les cheveux et pressa sa lame dans le creux que son cou venait de former. Elle eut un autre sourire carnassier. Elle ne voulait pas le tuer, mais qu'est-ce que cette sensation était plaisante!!

Bonsoir!!

Et oui il me semble que Isao ne vient plus sur le forum on peut donc le considérer comme abandonné et fini il me semble^^'

Merci à toi pour ton travail!!

Coucou ^^
Merci pour ton compliment, même si je ne fais pas grand chose au final.
Je lock donc le sujet et si Isao revient, vous pourrez le reprendre ♪