Invité | Sujet: Scapin Orion Shujinkō ∞ Væ Soli [terminée] Dim 24 Avr - 19:40 | |
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| Scapin Orion Shujinkō | 16 ans ♦ Masculin ♦ Japonais ♦ Hétérosexuel ♦ Le Fou ♦ Lycéen et jeune délinquant | A Iteku :
Peut-être était-ce parce que c'était une nouvelle école ? Ou était-ce simplement l'ennui perpétuel d'un quotidien atrocement banal ? Mais ce matin-là, je n'avais pas envie de me lever.
La lumière transperçait les stores de la petite chambre de l'appartement que mon père avait prévu pour moi. Venant frapper ma peau blanche, pâlie par le sommeil, je bousculais doucement mon maigre corps élancé dans l'espoir d'y trouver un quelconque résidu de motivation. Les yeux encore endormis, affreusement ennuyé et éperdument attaché à ce flegme naturel, il n'y avait pas un bruit dans le vide de mon existence lasse. Quelques souvenirs et un rictus désagréable se dessine sur mes fines lèvres discrètes. Un soupir et enfin je traîne mon mètre soixante quinze dans la petite salle de bain, un effort déjà considérable pour se préparer à affronter le premier jour à Iteku. Le regard inexpressif, s'accrochant à mon reflet embourbé de fatigue, je laisse mes yeux se perdre sur moi tandis que je ressasse inlassablement tous les discours de moral qui m'ont été imposé. Ne pas faire de vague, ne pas être insolent, ne pas être violent, être sage, discret et bien travailler. Voilà les quelques conditions pour mon autonomie, pour cette nouvelle ville qui semblait être pour moi, une dernière chance. Mon père me l'avait bien dit, du haut de son absence et de sa fortune infinie, il avait fait passer le mot. Trop occupé pour me le dire en face, peut-être trop détaché pour avoir envie d'un quelconque lien avec son propre fils qui lui rappelait sûrement un peu trop sa défunte femme, ma mère. Il n'avait pas toujours été si distant, si froid, si sévère. Mais aujourd'hui, on ne communiquait que par messages effacés sur le répondeur. Un autre soupir et je reprends conscience de mon reflet, accablant mes pupilles grises d'un détachement à ce réel si oppressant.
Qui allais-je être ? Quel avenir pour mon présent ? Je ne peux pas simplement effacer le passé.
Le bruit de l'eau qui coule résonne comme un écho lointain à l'intérieur de mon esprit pensif. Mes mains taillées pour le piano se serrent sur le lavabo, dévoilant les écorchures encore récentes, les quelques vestiges d'une colère abîmant ma peau. Je ne suis pas sûr de me faire à cette nouvelle vie, tracer un trait sur cette douleur encore présente. Devoir effacer un temps soi-disant révolu pour ne plus appartenir au passé. Je n'étais pas sûr de le vouloir. Je découvrais une nouvelle ville après avoir quitté de force Tokyo, et je me retrouvais à être obligé de recommencer. J'aimais ma jeunesse, cette excitation palpitante d'avoir le monde entre mes mains, cette adrénaline lorsque, enfin, je me sentais vivant. Des conneries, une putain de vulgarité et une insolence intrépide dans un bain d'arrogance juvénile. N'était-ce pas merveilleux ? D'arracher les fleurs du présent sans en avoir rien à faire de savoir qu'elles ne repousseront pas. Le chaos était envoûtant, j'avais en moi cet immense désir de destruction juste pour survivre un jour de plus sans prendre en compte les conséquences. J'aimais l'insouciance, l'inconscience, comme si je n'avais jamais quitté l'enfance. Aucune responsabilité, aucune limite si ce n'est mon imaginaire. L'onirisme d'un rêve qui ne serait pas seulement fantasmé mais vécu. Mon regard s'illuminait et un sourire sournois, presque malsain, se dessinait sur mes doux traits d'adolescent. J'avais toujours eu ce visage d'ange, ces lignes fines quasiment féminines sur cet air de gamin sage et discret. C'était comme si mon visage avait été taillé pour la fourberie, on ne m'accusait pas, il y avait comme un masque illusoire qui prouvait mon innocence, qui montrait ma gaîté de cœur. Véritable contraste avec ce machiavélisme vil, cette envie d'avaler le temps pour déposer sur le monde une anarchie offrant alors une liberté totale. Je ne voulais plus vivre prisonnier d'une morale, non, je voulais exister et n'avoir devant moi qu'un chemin sans obstacle.
Est-ce raisonnable ? Ne faut-il pas grandir un jour ? C'est énervant, mais il sûrement raison.
J'éclabousse mon visage et ferme le robinet qui continuait de couler. Je passe une main ferme dans mes cheveux bruns ébouriffés, laissant les mèches tomber sur le devant de mon front. Je secoue un peu la tête et ma mine s'affaisse un peu. J'entends la voix de mon père résonner, comme une mélodie cassé qui se répéterait sans fin. Grandir ? Était-ce vraiment nécessaire ? Les adultes étaient tellement corrompus, avides et orgueilleux. Ils avaient toujours raison et sous prétexte qu'ils avaient passé l'âge, ils arrêtaient de se remettre en question. C'était comme si c'était terminé pour eux, ils suivaient le troupeau sans se rebeller, conquis par le monde et vaincus par l'autorité suprême comme si elle avait toujours été une loi universelle. Je n'étais pas d'accord, je les détestais tellement. Toujours hautain ou faussement pédagogue, n'acceptant jamais que la jeunesse puisse elle aussi réfléchir. C'était sans équivoque, ils gagnaient toujours par l'argument facile de l'expérience. Excusez-nous d'avoir commencé à penser avant notre trentaine, notre génération se lève et je peux sentir dans leurs mots une jalousie certaine. Dans un monde de tristesse, où règne la souffrance et la contemplation, ils sont tous tombés dans un affreux désespoir sans fin. Je ne veux pas de ça. Je ne suis pas sûr de vouloir le bonheur non plus, je veux juste garder la passion qui m'anime. Peu importe quelle soit cruelle, peu importe quelle soit absurde, je veux me sentir exister et tant pis si je finis par crever plein de regrets. L'adrénaline qu'on ne retrouve plus que dans l'illégalité, dans la débauche et le faste opulent de notre désir de révolte. On est tous conscient qu'il faudra être mature un jour ou l'autre, on cherche juste à le repousser car on observe, silencieusement, et on se rend bien compte que plus la vie avance, plus la douleur persiste. Alors on profite, on éclate de rire et se laisse bercer par les doux requiem de notre jeunesse en déclin. Le monde est décadent, rongé de l'intérieur dans des odeurs fétides et putrides, continuellement pourri par des valeurs immorales. N'est-ce pas noble de vouloir la liberté ? La solidarité ? Qu'importe les moyens, qu'importe les conséquences, pourvu qu'on aura vécu comme nous le voulions.
J'embraserais ce monde pour le révolter. Je vivrais sans me soucier des lendemains. Que puis-je faire d'autre ?
Je termine de me préparer et je regarde mon nouvel uniforme. Enfilant un col roulé d'un blanc un peu cassé, j'ajuste la veste noire en fermant les boutons rouges sur mon corps agile et frêle. M'obligeant à m'habituer aux carreaux du pantalon, je termine de lacer mes chaussures et dépose sur le bout de mon nez aquilin une paire de lunette. Sans avoir besoin pour ma vue réellement, juste un accessoire de plus pour me cloîtrer si gentiment dans mon masque de bienséance. Je recoiffe un peu mes cheveux et je dépose mon sac sur mon dos. Des cigarettes, mon téléphone, mes clés et un parapluie, je sors du petit appartement pour dévaler les escaliers. Je suis en route vers une autre page de mon destin, posant sur mon visage mon flegme et mon calme froid. Très bien, je serais sage, je serais discret, mais pour combien de temps ?
Quelques gouttes de pluie viennent s'abattre sur mes cheveux en bataille, j'enfile alors mes gants rouges et coince mon parapluie dans le creux de mon cou. Une main occupé à faire fumer mes lèvres, j'arrive enfin devant mon nouveau lycée. Comme toutes les rentrées, le monde s'active et les élèves semblent heureux de se retrouver. Solitaire, dans mes airs un peu innocent d'enfant perdu, je demande mon chemin pour trouver ma classe. Parcourant les couloirs, affrontant sans gêne les regards interrogateurs, les messes basses des fameux commérages inévitables, je prends une dernière respiration avant d'enter dans la salle. Effaçant une dernière fois mon grand sourire effrayant et troquant ma malice farceuse au calme plat de l'illusion.
« Je suis Scapin Orion Shujinkō, enchanté. »
En Noerphilie :
Un monde sans limite ? Est-ce réel ? Bas les masques.
L'annonce se terminait à peine sur le téléviseur et déjà, je plongeais ma main pour me laisser absorber vers ce doux rêve éveillé. Sans réfléchir, sans une once d'hésitation, comme si cela avait été ma destinée d'être à ce moment précis en face de ce téléviseur pour pouvoir pénétrer dans l'incroyable monde de la Noerphilie. Comme si ça avait été conçu pour moi, que toutes ces longues années avaient été faites uniquement pour me voir, ce jour-là, embrasser mes plus sombres desseins. Enfin. Finalement le jour où je pourrais exulter ma passion absurde pour la liberté totale était arrivé. Aucune barrière sur ma route, seulement un champ infini de possibilité, une douce mélodie d'aventure sur l'adrénaline du danger permanent. La sensation sublime d'exister pour la première fois, comme une première bouffée d'oxygène et une euphorie qui n'a aucun besoin d'artifice pour naître et perdurer. Je pouvais sentir mon corps trembler d'excitation, mes yeux s'allumer dans cette couleur lumineuse et dorée qu'ils prennent derrière ce masque vénitien fait d'argent, tombant sur mon nez par un petit bec d'oiseau. Mon visage calme et serein se déforme dans un sourire malsain, dessiné sur un air inquiétant de folie. Dans ce monde, aucun besoin d'hypocrisie muette pour se cacher dans la foule, pour être sage et mature, aucun besoin de grandir car aucune responsabilité n'incombe dans un monde qui défie toute logique. Non, il n'est plus nécessaire de garder sur mon visage cet air d'innocence car ici je ne suis plus vraiment moi-même, j'incarne l'élégance et la séduction, j'abats les cartes de ma jeunesse intrépide et je deviens ce voleur habile, me présentant sous le nom de « Phantom ».
Est-ce une destinée ? Un simple désir de gamin ? Quoiqu'il en soit, je me mêle à l'obscurité.
Enveloppé d'un long manteau noir, armé d'une pistolet et de quelques lames pour défier les dangers fantastiques de ce monde toujours plus improbable et incroyable. Je vis, enfin, j'existe comme bon me semble et je traverse cette existence avec les éclats de rires d'un jeune enfant qui ne veut plus s'arrêter de jouer. D'un côté la réalité, celle qui est silencieuse, affreusement ennuyante et qui suit un quotidien lancinant et harassant. De l'autre l'onirisme, le rêve fantasmé qui peut enfin être vécu sans l'ombre d'une conséquence de l'autre côté de l'écran. Affûté d'une certaine agilité et d'une aisance dans la souplesse, je bondis à travers cette nouvelle existence sans me préoccuper du reste. C'est comme si le temps se stoppait, comme s'il n'existait rien d'autre que cet endroit car ici, c'est tout ce dont j'ai rêvé. Je peux survivre à mes désirs fourbes et sournois, je peux laisser s'exprimer cette violente colère qui résulte de mes vieilles souffrances, enfin me lester de cette douleur trépignante à l'intérieur de moi depuis trop longtemps. Oui, ici, je peux exister. |
| QUALITES ♦ Éloquent ♦ Passionné ♦ Calme ♦ Taquin ♦ Rusé ♦ Attachant ♦ Créatif ♦ Rêveur ♦ Joueur ♦ Charismatique DEFAUTS ♦ Insouciant ♦ Excessif ♦ Provocateur ♦ Chaotique ♦ Violent ♦ Insolent ♦ Lunatique ♦ Maladroit ♦ Colérique ♦ Vil
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| Persona Nom : Arsène. Description (peut se résumer à l'image de gauche) Arsène Lupin, le voleur gentleman. Il représente la dualité de mon existence, à la fois, il est cette effrayante passion pour le vol, inspirant quelques craintes et disparaissant dans l'obscurité pour n'être qu'un vagabond invisible dans la masse. Et il est aussi, à l'opposé, cette facette plus douce, charmeuse, celle qui détient mon calme et mon écoute. Silencieux, observateur et d'une grande agilité, malgré son imposante taille, il sait se faire discret, pénétrant dans l'ombre ou flottant dans les airs à l'aide de ses deux immenses ailes de plumes noires. Affublé d'un haut de forme qu'il ne quitte jamais, son visage est celui d'un démon, une large sourire dangereux et des yeux en amande virevoltant comme des flammes rouges sur un masque diabolique aux longues cornes. Grand mais élancé, il impose plus de sa prestance que par sa carrure. Néanmoins puissant, capable de terrasser ses ennemis avec les petites griffes au bout de ses doigts fins, il possède une grande agilité et une vitesse surprenante. Autour de son cou, il enroule un foulard blanc de noblesse qui retombe alors sur le veston noir, attaché de fils rouges qui affine son torse. Surplombant le tout d'un manteau très court en longueur, rouge et taillé sur-mesure pour les courbes fines de ses longs bras. Également pourvu d'un col immense qui entoure la tête du Persona, il rappelle le mélange du noir et du rouge qui semble vêtir Arsène. Un pantalon fin noir parcoure ses jambes entièrement recouvertes par des immenses bottes rouges où résident des lames tranchantes accrochées au talon. Capable de pirouettes et de sauts impressionnants, il attaque par le tranchant de ses griffes et essentiellement avec les longues lames qui lui servent donc de talons. Pouvoir du persona Arsène est un voleur des plus discrets et pour cause, cela est surtout grâce à son pouvoir. Couplé avec son agilité et sa vitesse, Arsène est capable de se mélanger aux ombres à sa guise. Pouvant pénétrer et sortir de l'obscurité, il appartient à la nuit et se fond dans les inquiétants reflets du monde. Comme l'illusion de l'imagination, celle qui effraie mais qui n'est rien d'autre qu'un objet caché dans l'ombre. Bien qu'efficace, son pouvoir est limité par la distance qu'il doit garder avec Orion, ne pouvant s'éloigner trop loin, obligeant le jeune homme à suivre ses mouvements. |
Les sirènes s'estompent alors que l'attroupement s'amasse autour des deux voitures de police, les phares illuminent le mur sur lequel je suis plaqué. Ma joue frottant contre le béton, mon large sourire sur le visage, riant comme un gamin sans peur, comme cet enfant insouciant que j'avais toujours été, malicieux et turbulent. Le policier attrape mes bras pour menotter mes poignets et me traîner jusqu'à sa voiture. Quelques discours d'adultes soupirant son râle, fier de frapper mon regard arrogant par une bonne morale bienséante. Comme si je pouvais sentir sa bienveillance à travers son air narquois, encore une de ces grandes personnes joyeusement hautaine qui se suffit à la flatterie personnelle pour ne plus voir à quel point sa vie est pitoyable. Il me balance à l'arrière de la voiture, et je grimace un peu dans un rictus de dégoût lorsque j'aperçois tous ces curieux zieutant la scène comme il y en a des milliers dans la capitale japonaise. Sont-ils surpris ? Ou alors sont-ils heureux ? Content de pouvoir alimenter les clichés sur la jeunesse, jubilant d'avance d'avoir une anecdote à raconter lundi au bureau. Mon visage se transforme doucement dans ces airs fameux d'innocence, reprenant le rôle que le monde m'avait donné, celui d'un orphelin, une mère décédée à l'entrée de l'adolescence et un père tellement absent que je n'étais même pas sûr de savoir s'il pouvait me reconnaître. Un masque de réalité sur des désirs d'excitation qui s'envolent avec le quotidien d'une routine nauséabonde. Qu'avais-je fais pour sentir cet atroce vide en moi ? Incapable d'équilibrer mon existence entre cette conscience moralisatrice, ces limites obligatoires pour tous, comme si on était conditionné à suivre la marche funeste de la vie et cette passion folle de vouloir embraser le monde, laisser le chaos s'installer pour simplement vivre et oublier tout le reste. Sans cesse trimballer entre les deux, une douleur lancinante dans le creux du cœur et une tête bien pensive sur des philosophies d'existences qui n'ont réellement aucune réponse à offrir.
La voiture s'arrête enfin, et je m'extirpe de mes songes avec ce visage abattu. Bien conscient de ma bêtise, je surjoue cette comédie dramatique, affichant l'illusion du regret. Ce n'était pas la première fois qu'on me poussait dans le commissariat, déjà fiché comme jeune délinquant pour vol, violence et autres conneries qu'on incombe à une jeunesse en manque de moyen d'expression. Je rejetais toujours la faute sur la réalité, sur ce monde oppressant qui ne m'avait rien offert d'autre qu'une tristesse lassante et quelques blessures inguérissables. Le policier me trimballait et je pouvais sentir le poids de la déception sur les regards de tous ces hommes de lois. Étaient-ils fiers de faire régner la justice ? Ou alors cachaient-ils leurs rires ? Tu parles d'une justice, je n'étais pas aveugle, pas bête même plutôt l'inverse, je voyais bien que le monde ne tournait pas rond. Qui ne s'en rendait pas compte ? Corruption, explosion de la débauche, les gens cherchaient tous à s'évader de cette réalité, personne ne voulait y vivre. Ils cherchaient tous à fuir, à s'échapper de leurs routines éreintantes car ils savaient bien que ça n'était pas ça, le bonheur. Malgré tout, ils se laissaient faire, la marche continuait, aucune révolte, aucune passion, que des regards tristes pleins de souffrances muettes. On me fait asseoir à ce bureau que je connais bien et je regarde le vieil inspecteur qui soupire d'avance.
« Monsieur Scapin, je commence à être fatigué de vous voir à mon bureau. »
Je détourne le regard tandis que le policier détache les menottes autour de mes poignets. Je frotte légèrement ma peau, me redressant et plongeant mes yeux vers l'homme aux cheveux grisonnants.
« C'est quoi cette fois ? Tu t'es battu ? Tu as volé ? Laisse moi deviner, c'est pas de ta faute, tu es innocent, c'est ça ? »
Comme une rengaine, comme une pièce de théâtre qu'on jouerait encore et encore, il faisait les questions et les réponses et je restais silencieux. N'affichant aucune autre expression que ce vide éternel, comme si j'étais extérieur à tout ça, quittant mon corps et regardant de haut cette vie lassante qui ne semblait jamais vouloir trembler un peu. Écorché, je regardais mes mains, ressentant aussi les quelques douleurs dans les bras et sur ma joue. Je laisse mon regard voguer sur moi, n'affrontant jamais celui de l'inspecteur, non, ça le mettrait en rogne et dans ma situation, il fallait faire profil bas. Après tout, il était tout aussi impuissant que son système.
« Tu sais, elle ne reviendra pas même si tu fous ta vie en l'air. »
Je mordille ma lèvre inférieur sur ces mots. Je n'étais pas triste, je retenais simplement ma colère. Ces adultes, ils pensaient tout savoir. Ils étaient si sûrs d'avoir la connaissance suprême, tellement arrogant quand ils se plaçaient comme des dictateurs de la bonne parole, imposant leurs visions sur celle des autres. Ils étaient tellement égoïstes et si égocentriques qu'ils n'arrivaient même pas à voir que le monde tournait sans eux. Je fermais un instant les yeux, laissant une larme monter. Je relevais la tête, et j'abattais les cartes habituelles.
« Elle me manque vous savez. »
La comédie reprenait, à nouveau, le spectacle du jeune gamin capable du pire comme du mieux. Je me sentais puissant dans ces instants-là, comme Icare avant qu'il ne s'approche trop près de l'astre diurne. Capable de jouer l'émotion, de me faufiler par mes propres moyens même si je savais que l'influence du mon père m'empêcherait d'avoir quoique ce soit. Surtout pour quelque chose d'aussi idiot qu'une bagarre ou qu'un petit vol que je pouvais largement payer. Il soupirait tandis que le policier le prévenait qu'il avait mit au courant mon paternel.
« Ce sera pas toujours si facile, tu sais ? Allez, dégage. »
Je me levais, gardant ma mine abaissée et je pouvais l'entendre siffler entre ses lèvres un « pauvre gosse ». Puisqu'ils avaient toujours voulu me donner leurs regards de pitié, m'offrant une compassion hypocrite, alors je jouerais le jeu. Un sourire s'affichait sur mon visage et je fuyais pour m'échapper dans l'obscurité de la nuit. Encore une victoire, et j'essuyais la larme qui trônait dans le coin de mon œil. Malgré tout, je retombais dans la réalité, celle où le jeu n'arrive plus à m'étourdir assez pour lester ma douleur constante. La nostalgie revient et le passé me rattrape pour me foutre une énième branlée. Ma joie de vivre me quitte et je pars m'isoler sur un toit dont j'ai l'habitude d'escalader. Les pieds balancés dans le vide, je m'allonge pour me perdre dans l'immense voie lactée. Une clope entre les doigts, observant cette fumée nocive danser autour de moi, perdu dans mes songes de tristesse, revenant à la mort de ma mère et à cette vie difficile qui s'en était suivit. Elle était partie bien trop vite, sa lucidité s'était perdue dans la maladie et du jour au lendemain, c'était terminé. Fatalement, comme si tous nos espoirs avaient été vain et d'un seul coup j'avais été comme frappé par cette immense vide. Emprisonné par la dure réalité, la fatalité de la mort, celle qui nous fait réfléchir sur nos lendemains. Je m'étais découvert cette passion hurlante, ce désir absolu d'exister et de ne pas mourir sans avoir accompli quoique ce soit qui puisse me rendre heureux. Que je crève tant pis, tant que ce soit le sourire aux lèvres, épuisé d'avoir couru après l'existence au lieu de l'avoir laissé glisser entre mes doigts. Je trouvais cette sensation étrangement agréable, ce besoin mystérieux d'exulter ma vie en contradiction avec cette absurde morale qu'on m'avait si bien inculqué. J'avais cet énorme appétit pour le monde, je voulais le voir évoluer et bouger avec, j'imaginais la destruction pour une sorte d'avenir meilleur, comme un idéal utopique qui aurait trop été bercé par le cynisme d'un quotidien douloureux. Mon téléphone vibrait et je décrochais avec nonchalance, gardant mon flegme froid sur le visage.
« Petit con. Tu as prévu de me faire honte combien de temps encore ? »
Mon père, ces mots doux, et cette voix à travers le combiné qui était devenu depuis le temps la seule chose que je connaissais de lui vraiment. Je soupirais doucement, incapable d'offrir une réponse, incapable de jouer la comédie avec lui, me sentant toujours comme un gamin sans défense quand il me parlait. Je n'arrivais pas à le confronter, éternellement sans défense face à lui. Peut-être était-ce à cause des images de lui pleurant, tombant à l'agonie quand elle est morte. Il s'était enfermé dans le travail, oubliant tout le reste, même son rôle de père. On ne parlait plus, on se disputait, il me faisait la morale et il nous arrivait de nous excuser dans nos aveux de sincérité.
« Il serait temps que tu grandisses, Orion. Qu'est-ce que tu dirais ta mère si elle te voyait ? Tu veux devenir un délinquant ? C'est ça que tu veux faire de ta vie ? Reprends-toi, ça ne peut pas continuer comme ça. »
« Oui, papa. Pardon. »
« C'est tout ce que tu as à dire pour ta défense ? Rien ne va plus et puisque tu persistes, je vais changer les choses. »
Je me redresse subitement comme si je venais d'apercevoir une lueur d'espoir. Il était étrangement calme, d'habitude je pouvais l'entendre crier, sentir sa colère monter dans ses mots. Mais là, il prenait son temps.
« J'y pense depuis un moment. Avec mon travail, tu es tout seul à Tokyo, c'est pas l'idéal pour toi. »
« Tu reviens à la maison ? »
« Non, tu sais bien que je ne peux pas. Ne rejette pas tes conneries sur moi. Je t'ai pris une petite chambre à Iteku, après les vacances d'été, tu emménages là-bas. Un nouveau lycée, un nouveau départ. Allez, je dois y aller. Réfléchis à tout ça, grandis et sois sage, veux-tu ? »
« Hm... »
« Je sais que c'est pas facile pour toi, sois fort. »
La gorgé nouée, les larmes s'écoulant sur mes joues, je retenais un sanglot. Je ne voulais pas partir de la grande ville mais ça n'était pas ce qui me rendait triste. Son ton de voix m'avait troublé, je me sentais presque mal de le détester autant. Coupable de lui en vouloir même si j'avais mes raisons. À chaque fois que j'avais l'impression d'abandonner tout espoir, il trouvait les mots pour remettre tout en question. Il raccrochait et je laissais un cri hurler à la nuit comme pour expier cette tristesse pesante. Je me sentais si seul, tellement blessé par le monde que je me retrouvais immobile, tétanisé par ces moments d'émotions qui assassinaient mes pensées. Comme un lavage de cerveau, tout recommençait, absorbé et engloutit par la réalité des choses. Puis je riais, me moquant de moi-même et surtout de ce monde qui tombait si juste parfois. Et ce malgré sa déroute perpétuelle. Comment pouvait-il me rattraper si vite alors que je pensais avoir tant d'avance ?
L'été était passé bien vite. Le temps de dire au revoir à mes amis, d'emballer mes affaires dans tous ces cartons et de me préparer à affronter cette nouvelle existence. Les mots de mon père résonnaient dans mon esprit, je me sentais capable de faire un effort même si je pouvais sentir en moi cette passion en ébullition. Je gardais mes désirs en moi, cet éternel jeu entre l'onirisme et la réalité qui ne cessera jamais. Encore une fois des résolutions plein la tête en gardant bien à l'esprit que ça ne durera pas bien longtemps. À nouveau tout seul, laissé à l'abandon de l'autonomie dans une ville inconnue. À moi de faire en sorte que ma vie s'arrange, tiraillé entre l'obligation de suivre la marche, oubliant alors mes rêves enfantins et mes envies brûlantes d'excitation qui finiront un jour par me ronger de l'intérieur. L'ennui avait finit par me rattraper, envoûtant mon quotidien du nouveau arrivant. La rentrée était passée et quelques jours s'étaient écoulés dans le vide lassant de ma routine du bon petit soldat qui obéit. Et, d'un coup, l'opportunité d'une vie. Devant le téléviseur de ma chambre, Miss Harmonie et la découverte d'un nouveau monde. Je crois bien avoir senti le temps s'arrêter, mon cœur loupant quelques battements et déjà mes lèvres s'étendant dans un sourire incontrôlé. Enfin, une raison de vivre, une possibilité de vivre sans choisir entre cette dualité en moi du rêve et de la réalité. Enfin, un monde où l'expression de mes désirs les plus fous peuvent s'exprimer. Il n'y a pas d'hésitation dans le fond de mon âme, non, il n'y a que l'excitation qui m'attire indéniablement vers l'écran. Les mots résonnent et mon bras se tend presque naturellement vers le téléviseur. Ma main ne tremble pas, je ne ressens aucune peur, aucune crainte, j'ai plutôt l'impression de vivre ma destinée, d'exister pour l'instant présent. Suivant le précepte du carpe diem, je plonge dans ce monde.
Et c'est comme oublier une micro-seconde de respirer dans le néant de l'espace-temps. Soudainement on ouvre les yeux entre un clignement, et un nouveau monde s'offre à nous. Tout est différent, tout est inconnu, et tout semble possible. Le large sourire malsain sur mon visage, c'est comme retrouver mes vieilles habitudes exultantes ma jeunesse par l'intrépide désir d'avaler le monde. Je finis par courir, par découvrir tous ces changements, mon masque, mon manteau, mes armes et surtout, Arsène. Ce personnage lié à mon âme, à ma dualité enfin exprimée. Quelques pas et déjà je me sens vivre sans avoir à forcer un sourire, à jouer une quelconque comédie. Deux mondes, deux réalités, deux personnalités.
Vous Nom/Surnom : Odium. Âge : 24 ans. Sexe : ♂ Un ptit mot ? mot Comment avez-vous connu le forum ? Par un partenaire il me semble. Je le zieutais depuis un moment cela dit. Code du règlement : Validé par un Robinet sauvage /o\ Des suggestions, des compliments ? Le forum est extraordinaire, je le trouve vraiment beau et ludique. Puis l'univers de Persona est juste génial. Je suis un peu moins fan des CB comme ça, j'aime bien voir directement qui est dessus, idem pour les réponses rapides, c'est ma préférence en tant que partisan du moindre effort ahah ! Avez-vous penser à signer le règlement ? Lu, approuvé et signé. Et le bottin des avatars ? C'est fait !
Dernière édition par S. Orion Shujinkō le Lun 25 Avr - 19:43, édité 13 fois |
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