Maria est née en Europe, d'un père aisée, héritier d'une corporation fructueuse étrangère – japonaise. Elle a eu une enfance facile. Le genre d'enfance sur lequel vous n'avez pas le droit de médire ; l'argent, la nourriture, l'éducation, la culture : tout était présent. L'affection aussi, sûrement. Autant qu'ailleurs, du moins.
Elle suivit des études, en finances, en économie, en droit. Un parcours complet, où elle avait sa place. Où elle excellait, comme elle le devait. Un jour, elle entrera dans l'entreprise familiale. Non, elle ne la reprendra pas : c'est une femme. Elle ne pourrait pas avoir de vie de famille sinon, vous comprenez. Ou de crédibilité, dit-on à mots couverts. Mais elle ne sera pas à plaindre. Soyons honnête : elle n'est déjà pas.

Un jour, elle partit. Hébergée par une tante, elle rejoint l'archipel nippon, terres de ses ancêtres – de la moitié, plutôt. Libérée, à peine, du poids parental. Délivrée, pas du tout, de celui de la société. Là encore, elle fit au mieux, au possible. Elle avait les compétences pour percer dans son milieu. Elle décrocha un travail : celui d'aider un pair à réussir, l'assister. Être dans l'ombre et obéir, à une personne qu'elle pouvait remplacer. Et elle y arriva.

Jusqu'à ce message parasite, qui couvrit l'agenda qu'elle mettait à jour. Un spam publicitaire ? Admettons. Impossible de le passer ; blabla, nouveau monde. Sans doute un jeu. Télévisé, téléréalité, vidéo. Peu importe.
Elle pressa son écran, pour passer le spot. C'est son doigt, qui passa. Dans l'écran.

De l'autre côté, il y avait cette femme. Non, cette emblême, à la robe de papier, à l'encre ruisselant. Qui lui renvoya un sourire de poupée. Qui lui fit voler un message, manuscrit.

« En ce jour, et pour tous ceux à venir, je déclare saisir les pouvoirs qui me reviennent. »

Lu-t-elle. Déclara-t-elle.
Signa-t-elle.

Oui, ce jour sera le premier de son règne. Sur sa vie.