Tout a commencé il y a seize ans, dans un hôpital de la ville d'Iteku. Stücks n'était pas encore né, mais bientôt.
Quelques minutes plus tard, le bébé hurlait, mais l'humeur autour de lui et des infirmières était morose. Oh, il était en bonne santé. En très bonne même, et il promettait d'être un garçon solide. En revanche, sa mère, elle, n'était plus de ce monde...





Un commissaire et son lieutenant, dans une salle d'attente à la maternité. 23 novembre 1999 à 9h02
« Et son père ?
- Personne ne sait qui il est.
- D'accord. Alors c'est un orphelin dans ce cas. Attendez tout de même de voir si son père viendra le chercher.
- On arrête les recherches, chef ?
- Nan, mais elles seront probablement inutiles. »





Quelques mois plus tard, Keiko et Ayato Maeda avaient décidé d'adopter un bébé. Ils n'arrivaient pas à en avoir un, et lorsqu'ils ont failli, Keiko avait fait une mauvaise couche. Il tombèrent rapidement sous le charme de Stücks, qui n'avait plus personne, sa mère étant morte à la naissance, et son père étant un parfait inconnu pour tout le monde.
Et, de nouveau quelques mois plus tard, une fois tout réglé, Keiko et Ayato avaient enfin un bébé.





Keiko, Ayato et Stücks Maeda, dans leur chambre. 30 août 2000 à 17h38
« C'est fantastique Ayato ! On a enfin un petit bout à dorloter.
- Oui, c'est fabuleux. Et son nom ?
- Stücks, on va l'appeler Stücks. Enfin, si tu es d'accord.
- Alors va pour Stücks ! »





En effet, les infirmières avaient raison. Stücks promettait d'être solide, et l'était.
C'était un petit garçon sage et attentif, complètement le contraire de ce qu'il est devenu. Il était excellent à l'école et apprit très vite à lire et à écrire. Les maîtres et les maîtresses qu'il avait eu étaient ravis de lui, et selon eux, il finirait par avoir un très bon travail, plus tard.
Sinon, il était un garçon normal, qui pleurait, piquait des crises et jouait.
À la maison, Stücks ne perdait jamais rien, et sa chambre était parfaitement rangée. Et pourtant, ses parents ne l'y forçaient pas et n'y allaient que très rarement.
Keiko avant tout parce que, pour elle, c'était sa pièce à lui, son cocon, ou tout ce qu'on voulait, et ensuite parce qu'elle savait qu'il y faisait attention, comme pour tous ses jouets.
Son père adoptif, quant à lui, n'était que très rarement là. Il était un homme d'affaire qui passait beaucoup de temps à l'étranger, et qui n'était pas très souvent chez lui.
Il ramenait tout l'argent de la famille, Keiko étant femme au foyer. Il avait un salaire assez élevé, et ils vivaient très bien.





Keiko et Stücks Maeda, sur le balcon de l'appartement. 26 janvier 2005 à 18h41
« Qu'est-ce qu'il y a mon ange ?
- Papa n'est jamais là...
- Et c'est pour ça que tu restes sur le balcon ? Tu boude ?
- Oui.
- Mais mon cœur, tu sais, si papa n'est pas là, c'est parce qu'il travaille. Il revient dans dix jours, dès qu'il a fini ses affaires en Chine. Et tu sais quoi ?
- Non, quoi ?
- Ces yeux de merlan frit, je les connais bien. Ne rêve pas trop, il ne va pas arrêter son travail. Mais pour les vacances, ton père a prit des congés, et devine où on va ?
- Où ça ? Dis-moi maman ! S'il te plaît ?...
- À Hawaï ! Direction les plages de sable fin et soleil à volonté !
- Youpi !
- Tu vois, le soleil réchauffe tout. Même les coins d'ombre les plus cachés... »





Lorsque le garçon entra au collège, son appréciation ne changea pas d'un poil. Ses notes étaient toujours excellentes, et il écoutait parfaitement.
Si bien que ses parents adoptifs voulurent l'envoyer dans un collège qui offrait de bien meilleurs résultat. Mais Stücks refusa clairement. Il avait des amis ici, et il ne voulait pas se retrouver tout seul.
En revanche, lorsqu'il termina son année de quatrième et que les enseignants lui conseillèrent fortement de sauter une classe, ses parents insistèrent davantage.
Ils voulaient lui donner plus de chances, et un lycée renommé était le mieux. Cette foi-ci, Stücks céda. De toute façon, deux de ses amis déménageaient, et les trois autres leur restait une année au collège.
C'est comme ça que Stücks entra dans la cour des grands, comme on dit.





Ayato et Stücks Maeda, dans la chambre de Stücks. 14 février 2013 à 10h00
« Tu sais Stücks, la vie n'est pas toujours comme on veut. Il y a parfois des hauts, et des bas.
- Mais papa...
- Non, écoute-moi. Est-ce que tu sais ce que veut dire Stücks en allemand ? Eh bien, ça signifie pièces. Et ici, tu n'es qu'une pièce du grand puzzle de la vie... Tout le monde en est une. Il faut juste trouver sa place, comme dans un puzzle. Tu sais très bien que tu pourrais aller très haut, si tu le voulais. Alors, donnes-toi les chances de le faire, d'accord mon garçon ?
- Oui papa. Je t'aime.
- Moi aussi mon cœur. Il faut aller de l'avant, et pas de retour sur le passé. »





Ce n'est qu'un jour comme les autres que tout changea. C'était les vacances, quelques mois après la conversation d'au dessus. Un mars où les Maeda rentraient des vacances qu'ils avaient passé aux États-Unis. Ils étaient sur le chemin du retour, et prenaient le bus.
Ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'était le fait qu'une grand-mère avait décidé de mourir ce jour, bien qu'inconsciemment. Le bus roulait, et la grand-mère était sur le trottoir. Le chauffeur était en retard, et il pensait que la mamie n'allait pas traverser, alors il a continué. Mais la grand-mère, elle, avait sûrement dans l'idée qu'il la laisserait passer, ou du moins, elle traversa. Le chauffeur, après avoir comprit ce qu'il se passait tourna à fond à droite, et le bus chuta sur le côté, continua quelques mètres, avant de s'arrêter devant la mamie, stupéfaite.
Stücks avait pris l'habitude de s'attacher dans le bus, contrairement à d'autres personnes qui s'envolèrent, ou plutôt tombèrent, suite à la gravité. Des cris résonnaient partout dans le bus. Ceux qui s'étaient fait mal en tombant, où ceux qui s'étaient attachés et qui n'aimaient pas avoir la tête en bas.





Le commissaire et son lieutenant, dans le bureau du chef. 1er août 2013 à 15h42
« Il y a eu combien de morts et de blessés ?
- Six morts, dont le conducteur, chef. Et sept blessés.
- Ah. Et ceux qui n'ont rien ?
- Ils sont cinq. Un gamin et trois adultes qui étaient ensemble. Le deuxième gamin était avec ses parents qui n'étaient pas attachés.
- Et ils sont... ?
- Morts, chef. Les deux. D'ailleurs, il dit s’appeler Stücks Maeda... On a dû retrouver son père en 99, chef, vous vous rappelez ?
- Oui... Pauvre garçon... »





La mort n'est pas une épreuve facile. Et elle est encore pire lorsqu'il s'agit de la famille. Stücks en a fait l'épreuve. Comme l'a dit le lieutenant, il s'en est sorti, mais pas ses parents.
Pendant le reste des vacances, il est resté quasiment toujours seul, quittant l'orphelinat où il avait été placé pour s'échapper dans des coins isolés. La tristesse l'avait emporté déjà si loin qu'il se laissa entraîner dans la mélancolie.
Ce n'est qu'à la rentrée, où il est allé dans le lycée où il avait été inscrit, qu'il finit par comprendre son erreur. Tous ces jeunes qui braillaient, qui riaient et retrouvaient leurs amis, tous étaient heureux, et il se sentait comme un renard au milieu d'une meute de loups. Contrairement à sa métaphore, il ne voyait pas de danger, mais il était seul.
C'est en les observant davantage qu'il décida qu'il deviendrait loup. Certes sa famille n'était plus, mais ils ne voudraient pas le voir dépérir.
« Il faut aller de l'avant, et pas de retour sur le passé. » C'était les mots de son père, et il venait de comprendre leur sens.
C'est ainsi qu'il décida de prendre la vie du bon côté, et de cesser de pleurer. Il allait rire plutôt que se lamenter.





La prof de Français et Stücks, dans une salle de cours. 03 août 2013 à 14h07
« Maeda, vous êtes un excellent élève au niveau des notes. Mais en classe, vous n'êtes qu'un fauteur de troubles ! À cause de vous, vos voisins n'écoutent pas, et leur moyenne va baisser. Si vous n'arrêtez pas, je vais devoir vous séparer. Ce n'est pas parce que vous avez beaucoup de facilité en français que vous pouvez vous permettre de ne pas m'écouter. Vous allez vous calmer. Est-ce bien clair ?
- Oui Madame. »





Stücks écouta sa professeure. Il parla beaucoup moins à ses voisins et se mit à dessiner. Ses notes à lui prirent encore quelques points, puisque sa mémoire était moins perturbée par ses camarades, et la leur grimpèrent, comme l'avait dit la prof de français. Elle ne les sépara donc pas.
La promesse qu'il s'était faite, elle aussi il réussit à la tenir. Au bout de quelques mois, il avait cessé de se lamenter et n'avait pas versé une seule larme, en n'importe quelle occasion, puisqu'il préférait en rire. C'est ainsi qu'il est devenu celui qu'il est maintenant.
Cependant, au début du mois de novembre, une rencontre changea sa vie. Elle s’appelait Noémie Dumoulin et elle était nouvelle. Française, ses parents et elle venaient d'arriver, et visiblement, elle semblait différente des autres filles.
Ses habits étaient simples et visiblement, la mode ne l'avaient pas atteinte. De plus, elle portait une aura qui inspirait tout de suite la confiance, qui charmait, et qui imposait le respect. Pourtant, elle ne parlait jamais et restait dans son coin, que ce soit en classe, où elle s'asseyait seule, ou à la récréation. Des files avaient bien tenté de voir qui elle était, mais visiblement, elle était assez timide et les filles finirent par l'ignorer. Elle était mignonne, et pourtant, son aura faisait que les garçons imitèrent les filles.





Noémie Dumoulin et Stücks Maeda dans la cour. 02 novembre 2013 à 9h57
Stücks est assis sur un banc, les jambes repliées contre lui, les bras les entourant et la tête posée sur ses genoux. Il baigne dans le soleil et a les yeux fermés. Noémie arrive par la droite, s'arrête devant le banc et l'observe.
« Bonjour !
- B'jour... (Quasiment inaudible.)
- Je peux m'asseoir ?
- M'oui... (Plus audible. Il ouvre les yeux et la regarde.)
- Cool ! (Elle s’assit et regarde devant elle.)
- Il fait bon au soleil, pas vrai ?
(Stücks lève la tête et la tourne vers elle. Puis il la repose sur ses genoux et répond assez fort : )
- Oui, le soleil réchauffe tout. Même les coins d'ombre les plus cachés... »





Noémie et Stücks devinrent très vite amis. Ils se considéraient mutuellement comme frère et sœur, même s'ils savaient que ce n'était pas le cas.
L'année suivante, ils découvrirent, ravis, qu'ils se trouvaient dans la même classe.
Mais un jour, toute la ville devint noire, et les deux adolescents, qui marchaient dans la rue pour aller au lycée virent l'annonce télévisée de la Mayonaka channel. Aussitôt, Stûcks fut abasourdi devant une telle annonce. La curiosité est un vilain défaut, dit-on, mais il voulait savoir à quoi ressemblait ce pays, derrière l'image onirique que Miss Harmonie leur laissait apercevoir. Il demanda aussitôt à Noémie de l'accompagner. Avec un grand sourire, elle accepta, et ils passèrent l'écran le plus proche.





Stücks Maeda et Noémie Dumoulin à Parrev.  18 avril 2015 à 7h45
« Waaa ! Regarde ça Noémie ! Elle ne nous a pas menti !
- C'est génial !
- Et surtout, ça nous fait rater les cours ! Hop, deux heures ennuyantes avec la prof de Physique sautées !
- Stücks...
- Héhé, allez viens, on va voir ce qui nous attend ! Hé, regarde tes cheveux ! Ha, ha, ha, ha !
- Te moque pas de moi, je te signale que les tiens sont verts !
- Quoi ?!
- Ha, ha, ha, ha, ha ! »





Mais, malgré la beauté de la Noerphilie, le changement extraordinaire de Noémie, et tous les habitants qui étaient vraiment sympathique, la jeune fille ne voulu pas rester.
Elle ne voulait pas quitter sa famille, ni mettre de côté tout ce qu'elle avait déjà eu à Iteku et en France, et préféra retourner là-bas. En revanche, Stücks voulait à tout prix rester.
Mais il ne voulait pas laisser Noémie toute seule, alors ils finirent par rentrer.
Si Noémie ne remit plus jamais les pieds à Parrev, Stücks y allait dès qu'il avait du temps libre.