Un voile de marbre blanc avait recouvert les trottoirs d'Iteku. La crasse et le passage des piétons avaient malheureusement enlevés à cette neige cette sorte de pureté intouchable, la transformant en une boue insalubre qui s'accumulait contre les murs de béton. La ville avait alors des allures presque macabres. On y marchait sans plaisir, sans sourire. On accélérait le pas, tout pour ne plus voir cette chose dégoûtante au bord du trottoir, qui avait jadis été si belle. Charles, lui, ne faisait pas cela. Il prenait plaisir à déambuler dans ces rues souillées. Il savait qu'on pouvait toujours y trouver quelque chose d'intéressant. Il savait qu'en grattant un peu derrière cette saleté il y avait de la lumière, de la véritable pureté.

Dans son long manteau sombre, la tête baissé, Charles avait l'air encore plus lugubre que ces rues qu'il traversait alors sans hésitation. Par une journée pareille, les malfrats eux-mêmes se terraient bien cachés, comme des rats. C'était l'hiver pour tout le monde. Heureusement pour Charles, il connaissait mieux le Général Hiver que les japonais. Il savait s'en prémunir, s'en protéger, pour mieux l'apprécier. Le polonais se promenait donc en sifflotant, profitant du calme qui avait pris la place de la foule. A force de déambulations hasardeuses, il arriva sur une petite place pavée, entourée de boutiques et de cafés. Malgré le froid, toutes avaient leurs portes ouvertes (enfin façon de parler) et accueillaient les promeneurs les plus tenaces qui avaient affrontés vents et verglas pour savourer leur petit thé en terrasse. Charles n'avait pas envie de thé, il n'aimait pas cette boisson, la trouvant trop amer.

Son regard, fatigué d'une nuit blanche sur internet, balaya l'endroit pour tracer la suite de sa balade sans but. On était dimanche aujourd'hui, Charles ne travaillait pas. Il aurait pu aller en Noerphilie, mais il était ramolli. Assez lentement, ses yeux bleus dérivèrent vers l'entrée d'une boutique de jeux-vidéos. Ce n'était pas l'immense pancarte « Star-Wars : Battlefront » qui avait attiré son attention, mais l'homme assis au sol, près de la porte du magasin. Charles l'avait reconnu sans peine : La peau pâle, presque autant que ses cheveux, un visage qui avait subi plus d'une bataille et un œil qui les avait depuis longtemps abandonné. C'était un clochard que le polonais croisait de plus en plus souvent. Plus d'une fois, il avait essayé d'établir un contact avec lui, mais il n'arrachait rien de sa bouche, juste le silence. « Bof, autant réessayé. » Le libraire s'approcha alors de l'homme nonchalamment, les mains dans les poches, et s'assit à côté de lui comme si c'était naturel. Aucune réaction. C'était un bon début. Regardant dans le vide, Charles fini par essayer d'ouvrir la conversation.

- Tu aimes la neige ? Tu as des cheveux de neige, voilà pourquoi je me pose la question. Le froid n'a pas l'air de te déranger, ça nous fait un point commun.

Un semi-sourire apparut sur le visage de Charles. Il ne regardait toujours pas le mendiant. Non pas que son visage le dégoûtait, il avait tout simplement envie de regarder la neige. Et puis sûrement qu'être fixé mettrait l'homme mal-à-l'aise. Après un instant, il continua son monologue.

- Ce que j'aime avec la neige, c'est que peu en importe la couleur, il suffit d'enlever ce qui est sale pour qu'elle retrouve sa blancheur originelle. C'est un modèle de détermination. Beaucoup n'essayeraient même pas d'enlever la crasse, se contentant d'abandonner et de se dire « Oh, je vivrai bien avec ! ». La vérité c'est que l'on peut survivre sans problème, mais la vie ce n'est pas se priver.

Un autre silence. Cette fois, Charles s'était lassé de la neige. En parler suffisait à le satisfaire de sa contemplation et il détourna le regard sur les rares passants. Tous avaient froid, alors qu'aucun n'était seul. Quel paradoxe amusant. S'appuyant contre le sol pour s'affaler encore plus, Charles sortit de sa poche un paquet de cigarettes et un briquet. Quelques étincelles suffirent à l'allumer, malgré l'atmosphère glacée. Tout en soufflant la fumée, il regarda le ciel bleu.

- Seul le ciel reste à jamais immaculé. Les nuages, au final, ne sont qu'un écran pour interdire aux hommes de trop contempler la beauté de ce qui se cache derrière. Mais le ciel reste pur, lui...

Une autre bouffée. Un autre filet de fumée qui s'élevait vers le ciel.

- … Pourtant je n'ai pas envie d'y aller tout de suite ! Haha !

Tout en disant cela, il avait finalement posé son regard sur l'homme toujours assit à côté de lui... Son rire mourut, ne laissant qu'un sourire énigmatique.

Je crains de devoir l'abandonner, malheureusement, Geoffrey ne donne plus signe de vie depuis que je l'ai commencé. :/ Si jamais il passe par là, sache qu'on pourra toujours en faire un, mais cette fois assure-toi de pouvoir répondre. ^^

Je déplace donc le sujet. N'hésite pas à me mp s'il revient ^^