Un jour avec Kyogi Amaranth :



Samedi, 10h42 : Je suis réveillé depuis déjà un bon moment et j’en ai profité pour prendre un bon petit déjeuner. Une grande tasse de café avec un demi-sucre, un verre de jus d’orange et un assortiment de petites viennoiseries livrées directement chez moi tous les samedis matins. Un petit plaisir personnel.
Le livreur montait tout en haut d’une grande tour pour atteindre mon vaste appartement. Quelque chose comme 150m² en plein cœur d’Iteku ; je l’avais acheté il y a quelques années grâce à l’argent de mes contrats et aujourd’hui, maintenant que le monde se précipitait ici pour entrer en Noerphilie, il devait valoir son pesant d’or. Je ne comptais pas m’en débarrasser pour autant, c’était mon petit chez moi.

J’étais en train de tailler un de mes petits bonzaïs lorsque mon téléphone sonna. Oui j’ai des bonzaïs, ces petits arbustes aident à canaliser l’énergie et m’occupent les mains tout en détendant l’esprit. Vous devriez essayer je vous jure ! Enfin soit, je décrochais donc et entendis à surprise et joie la voix de ma dulcinée :

« -Allô mon Kyogi chéri ? Comment vas-tu ?
-Bien et toi ? Ca me fait plaisir que tu m’appelles de si bonne heure mais ça ne te ressemble pas !
-Dis le si je t’embête, répondit-elle d’un air taquin.
-Mais non bien sur tu ne m’embêtes jamais.
-Je préfère ça ! Sinon c’était pour te dire que tu me manquais, déjà. Et puis surtout que ma famille vient d’arriver de leur région natale pour me rendre visite. Je ne serais pas là cette après-midi. Je sais qu’on n’avait rien prévu de particulier mais je te préviens que tu ne me prépares pas de surprise.
-Très bien, je m’occuperai tout seul alors, dis-je ne prenant une voix triste.
-Allez arrête de faire ton râleur ! Bisou je t’aime j’y vais !
-Bisou Yuki. »

Je l’avais rencontré trois mois plus tôt et tout se passait pour le mieux avec elle. Japonaise pure souche elle venait d’une petite ville de province et était montée à Iteku quelques années plus tôt pour trouver du travail dans la ville.
Trêve de parler d’amour ! En plus j’avais fini de m’occuper de mes plantes pour la journée, je me dirigeais donc vers un petit établi que j’avais installé dans un coin de mon appartement. Une sorte d’atelier où je m’amusais à démonter et remonter des choses. Actuellement je travaillais sur une horloge et je prenais mon temps pour la décortiquer avec soin et ainsi bien comprendre comment fonctionnaient tous les rouages à l’intérieur. J’avais à peine eu le temps de retoucher à mon œuvre que le téléphone sonna à nouveau :

« -Oui allo ?
-M. Weapon ? C’est pour un contrat. »

15h22 : « Piou », « Piou », « Piou » faisaient les ballent qui sortaient du canon silencieux de mon pistolet

« KY.... » était le son qui s’étranglait au bout des lèvres de Yuki alors que les projectiles lui traversaient la peau.

Elle voulait dire « Kyogi » sûrement, elle m’avait donc reconnu malgré mon chapeau et mes lunettes de soleil. Je pris ça comme un échec personnel, je n’avais pas été assez discret. J’avançais tout de même jusqu’au lit et constatais que le type avec qui elle couchait été bien mort aussi. Pas de doute il correspondait tout à fait à la photo que l’on m’avait fait parvenir ; je retournais sur mes pas et alors que je m’apprêtais à sortir je ne pus m’empêcher de lancer un dernier regard en arrière.

La scène était assez grotesque. Yuki était morte sur l’homme alors que les deux étaient en plein coït. Quand la police retrouvera ça, ils vont bien se marrer avec les deux corps nus enlacés et criblés par les mêmes projectiles.

Quand mon commanditaire m’avait appelé, il m’avait dit d’assassiner l’homme sur le lit. C’était un homme d’affaire véreux qui trempait souvent dans de affaires de racket et de rachat de petits commerces de proximités. On m’avait prévenu qu’il se rendrait cette après midi dans cet hôtel pour coucher avec une fille qu’il avait payé. Je n’avais eu aucune difficulté à me rendre à l’hôtel ni à éliminer discrètement les deux gardes du corps en faction devant sa chambre.

A l’origine je ne comptais pas tuer la fille vu qu’elle n’avait rien à voir là dedans mais le hasard des choses a fait que mon doigt a appuyé tout seul sur la détente en reconnaissant celle avec qui j’étais sensé sortir.

En y regardant de plus près elle avait un gros cul quand même, et elle n’était pas si jolie que ça. Et puis de toutes façons j’avais bien pris garde de ne pas beaucoup me dévoiler à elle. Si la police voulait interroger l’ex copain de la victime, il ne le trouverait jamais. Aucun de ses proches ne connait ma véritable adresse. Il fallait juste que je me débarrasse de ce téléphone, encore une fois…

19h30 : L’heure de mon petit rituel a sonné. Je venais de manger un bon plats de spaghettis dans un restaurant italien reconnu aussi bien pour sa qualité que pour être une couverture pour la mafia du coin. Je fonçais ensuite vers un petit magasin de téléviseur que je connaissais bien. J’entrais et me dirigeais vers un écran en particulier pour y plonger sans hésitation le bras.

L’instant d’après je me retrouvais en Noerphilie, le soleil était presque couché. Ahhh ! La nuit… mon moment préféré. Alors que tous les autres rentrent chez eux, moi je débarque et j’ai le monde pour moi seul. Pas que j’y fasse grand-chose, au contraire, je profite essentiellement des paysages et me détends dans cet univers bien moins urbain que le notre. Souvent la ville m’étouffe, j’ai besoin de m’évader, de ne voir personne, et ce monde est parfait pour cela. Quand j’ai vu l’annonce du Mayonaka channel pour la première fois, j’ai pensé tout de suite que c’était des foutaises.

Je m’en souviens très bien, j’étais allongé sur le toit d’un restaurant, un fusil de sniper entre les mains et je tenais en joue un échange de drogue dans une ruelle. Un des gangs m’avait demandé de leur servir de renfort. Quand tous les écrans ont affichés la diffusion, les types d’en face étaient tellement confus que mon commanditaire à ouvert le feu. Ils étaient tous morts très rapidement et j’ai empoché un petit paquet d’argent.

Je suis resté convaincu que c’était faux pendant un jour ou deux, mais comme tout le monde semblaient réussir à y aller j’ai fini par essayer aussi. Ce fut pour moi comme un exutoire, j’allais là bas pour me détendre et échapper à la violence.

Malheureusement, il n’avait pas fallu beaucoup de temps pour que des contrats me demandent expressément de tuer en Noerphilie…