Les heures de creux, c'est bien ce qu'il y a de plus avantageux à l'université. Tout particulièrement lorsqu'il s'avérait que les examens ne cessaient de s'enchaîner. Ils étaient importants pour la suite de ton cursus, et tu le sais bien. Néanmoins, si la violence n'était pas prohibée au sein de l'établissement, tu aurais déjà foutu une bonne gifle à bon nombre de tes professeurs depuis longtemps. Dorénavant, les études prenaient sur tout ton temps libre : impossible pour toi de sortir dehors le soir, ni de traîner en Noerphilie. D'ailleurs, cela faisait depuis bientôt une semaine que tu n'y es plus retourné. Et Dieu sait à quel point cela te faisait déprimer. Ce monde est vraiment démoralisant, pour sûr.

La sonnerie retentit, et tu fus le premier à sortir de la salle de classe. Chose étonnante venant de ta part, car tu as toujours été trop lent. Il faudrait quand même que tu tentes le café, un de ces jours. Cela serait bien pour te faire bouger un peu plus. Et je ne dis pas cela pour te vexer, au contraire. Mais bon, passons tous ces détails inutiles.

Après quelques bousculades et de nombreuses insultes ayant fusé dans les couloirs, tu es finalement arrivé à ta destination, totalement pas choisie au hasard : la bibliothèque. C'est bien le seul endroit où le calme régnait, et où tu pouvais étudier sans que l'on te dérange. Tu balança ton sac de cours sur l'une des tables au fond de la grande pièce, avant de te laisser lourdement tomber sur une chaise, en soupirant. Du travail, tu en avais en masse. Ce qui ne te plaisait pas du tout. Cependant, tu n'avais pas vraiment le choix, tu devais t'en occuper, faute de quoi ta scolarité en prendrait un coup. Et finir au chômage par la faute de diplômes manquants n'était pas réellement ton but dans la vie.

Tu t'emparas rapidement des livres et du cahier qui se trouvaient dans ton sac, presque en les jetant sur la surface en bois, avant d'ouvrir le livre de Sciences Économiques. La discipline que tu redoutais le plus. Excepté les calculs, tu ne comprenais pas grand-chose à cette matière. Tu étais plus doué dans les domaines de la science et des langues. Et puis, sérieusement, à quoi cela va te servir ? Lâchant un nouveau soupir, tu t'es mis à faire quelques exercices. Seulement, tu n'avais à peine commencé le second exercice que tu ne comprenais déjà plus rien. Ok, c'était quoi, cette question ? Tu avais beau lire et relire l'énoncé, mais rien à faire : tu n'y comprenais rien. Tu frappas ton poing sur la table, avant de grogner.

« Mais putain, c'est quoi ce bordel ? »

D'autres élèves te demandèrent, grossièrement, de te taire, ce que tu fis, soupirant une troisième fois. Tu te sépara ensuite de tes binocles, avant de commencer à mordiller l'une des branches de celles-ci. Tu ne faisais jamais cela auparavant, preuve que ton cerveau a grillé lorsque tu avais lu cette putain de question. Décidément, ce n'était pas gagné pour toi.

Remettant tes lunettes sur le bout de ton nez, faute de mauvaise vision, tu t'es demandé s'il ne serait pas préférable de demander de l'aide à quelqu'un. Tu observas aux alentours les potentiels élèves qui n'auraient pas fait attention au vacarme de tout à l'heure. En effet, la plupart d'entre eux te dévisageaient méchamment. Mais bon, tu étais si habitué à ce que l'on te regarde de cette manière que tu n'as pas rechigné à abandonner l'idée de demander de l'aide. Tant pis, tu devras faire sans.

Un ricanement résonna derrière toi. Néanmoins, tu n'as rien entendu, car trop occupé à essayer de comprendre ce foutu exercice. Sans succès. La prochaine fois, procure-toi plutôt un bouquin écrit en hiragana et non pas avec des kanjis qui ressemblent plus à du chinois qu'à autre chose. Parce que c'est bien beau de savoir parler et comprendre le japonais, mais savoir écrire et lire l'écriture la plus utilisée dans le pays, c'est encore mieux. Enfin, fait comme tu veux.

Tu étais sur le point de fermer tes livres et de déguerpir d'ici, quand tu te retrouvas soudainement par terre. Quelqu'un semblait t'avoir poussé de ta chaise au moment où tu faisais le moins attention. Celui ou celle qui a fait cela est vraiment fourbe. De plus, tu as perdu tes lunettes. Ah bah oui, du coup, tu n'arrives même pas à savoir si l'individu ayant prit ta place est une femme ou un homme. Peut-être que c'est une femme, au vu de sa longue chevelure rousse… Seulement, la voix de cette « femme » te confirma que c'était, en réalité, un homme. Et cela confirme aussi bien le fait que t'est carrément aveugle à ce point-là.

Tu cherchais donc tes binocles, tâtonnant autour de toi. Cela faisait un peu con, mais tu n'avais pas tellement le choix. Cependant, après cinq minutes d'intenses recherches, tu as tout de même réussi à les retrouver. Tu les nettoyas rapidement, avant de les reposer sur ton nez et finalement apercevoir celui qui n'a pas hésité à te foutre à terre – et accessoirement t'humilier, vu que certains se foutaient de ta gueule pendant que tu étais à la recherche de tes lunettes. Il s'avérait être un étudiant du même âge que toi, même si tu ne l'as jamais croisé auparavant. Néanmoins, ce n'est pas ça qui va t'empêcher de lui passer un savon.

« Hé ! Toi là ! »

C'est bien la première fois que tu étais autant en colère. D'habitude, tu ne faisais qu'ignorer ceux qui agissaient ainsi avec toi mais là, c'était la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Tu t'es avancé vers l'inconnu, avant de le saisir par le col. Tu n'as rien dit de plus, te contentant simplement de le scruter d'un regard menaçant, attendant de savoir ce qu'il allait dire, histoire de voir à qui tu avais réellement affaire.