Un vent calme soufflait sur les plaines d'Huryl. La nuit était tombée depuis un moment. Le silence était coupé par les bruits de pas du jeune homme marchant dans l'herbe, son trident à la main. Son grand manteau de cuir noir cachait des chargeurs remplit de billes de métal qui s'entrechoquaient de temps en temps. L'odeur de l'herbe fraiche envahissait ses narines et la fraicheur de la nuit lui donnait presque sommeil. Cependant, il ne pouvait pas simplement aller faire une sieste. Non. Il avait une raison pour être en Noerphilie si tard. Cela faisait un long moment qu'il voulait faire ça. Cette nuit-là, n'allait pas être comme toutes les autres. Il avait décidé de se tester.
Il avait entendu tellement d'histoires sur les monstres peuplant ce monde. Il avait besoin de le voir de lui même. Depuis qu'il avait se pouvoir, il n'avait pu l'utiliser que pour des sottises, des choses inutiles. Maintenant, il allait pouvoir utiliser le maximum de ses capacités. Lucifer se craqua le cou en souriant. Son œil rouge brillait dans la nuit, tout autant que son œil bleu. Cela lui donnait un coté démoniaque. Il planta son trident dans le sol, il était temps d'enfiler ses gants de cuir, de resserrer ses rangers et ouvrir son manteau. Une fois tout ça fait, il reprit son trident et avança. La lumière de la lune reluisait sur son arme alors qu'il cherchait désespérément la raison de sa venue ici.
C'est alors qu'il se dit à lui-même : "Et si tout n'était que de simples histoires ? Des contes ? Non ! Ils existent et je vais les affronter !". Le jeune homme attacha ses longs cheveux noirs en une queue de cheval basse. Et après une grande inspiration il avança encore au milieu de la plaine. Quelques nuages cachaient les étoiles et certains commençaient à bloquer la lumière de la lune. Les ténèbres s'emparaient alors un peu plus des lieux. Cependant, il n'y avait pas les ténèbres que recherchait Lucifer.
Jusqu'au moment où il entendit un bruit. Pas une branche qui se brise, pas un enfant qui trébuche, pas des bruits de courses. Un bruit étrange et distordu. Un bruit glauque et effrayant. Le rythme cardiaque de Lucifer commençait à accélérer. Mais un sourire se dessinait sur son visage. L'homme savait à quoi s'attendre.

C'est alors qu'une silhouette obscure se mettait à sortir de l'ombre. Une silhouette d'un corps étrange, presque humain, semblable à un dessin raté, à un gribouillis humanoïde. Lucifer lança à la chose : "Enfin... je commençais à perdre espoir !". Il avança, son trident en main. La chose portait un masque. Comme dans les histoires qu'on lui avait raconté. Ni une, ni deux, Lucifer lui envoya son trident en pleine face avant de courir droit sur le monstre. Sur son chemin apparu une deuxième créature, une sorte de chien étrange et monstrueux avec aussi un masque. Lucifer le sauta et continua de courir. Une fois à un mètre de la chose, il sauta et s'appuya sur son trident pour l'enfoncer encore plus dans le monstre. Une fois que ses pieds touchèrent le sol, il retira son arme, fit un tour sur lui même pour prendre de l'élan. Puis, il trancha d'un coup latérale mais surtout final le premier monstre.
Cependant, en se retournant, il vit une dizaine de chiens ténébreux et de monstres humanoïdes, tous masqués. Il fit tournoyer son trident avec sa main droite avant de le taper au sol. Il se faisait encercler. Tout ceci s'annonçait moins facile que prévu. De sa main gauche il prit un chargeur de billes et en lança une partie en l'air. Il claqua des doigts pour que d'un coup, la multitude de billes fonce sur les monstres. Cela les firent reculer mais le jeune homme comprit qu'il fallait tous les achever avec son trident. Il fonça sur eux en criant : "BORDEL !!". Même lui commençait à douter de ses chances de survie

11 mai 2015, vingt-trois heures 12 du soir, rues d'Iteku. Sif contemplait un écran publicitaire, immobile sur le passage piéton malgré les passants qui la contournaient. Depuis qu'elle parlait avec d'autres personnes, surtout les clients de la boutique de Luadilvanis mais aussi quelques vendeurs ou quelques passants à Parrev, la Noerphilie revenait régulièrement dans les discussions. Peu de gens semblaient partager son avis selon lequel il s'agissait d'un endroit dangereux et sans grand intérêt à l'exception de Parrev. Beaucoup affirmaient que son expérience lors de son premier voyage n'était pas représentative, qu'eux appréciaient explorer et découvrir malgré les Shadows, le nom des créatures qui l'avaient attaquée. Une expérience unique était insuffisante pour tirer des conclusions satisfaisantes. Elle n'avait plus mis les pieds hors de Parrev depuis son premier voyage en Noerphilie, peut-être devait-elle refaire une expérience afin de se forger un avis plus juste. Elle y pensais depuis deux jours déjà, depuis qu'elle avait découvert Parrev. Ce soir-là, elle savait qu'Akando ne l'attendrait pas, elle n'avait rien de prévu. Elle pouvait consacrer toute la nuit jusqu'au lendemain matin à la découverte de la Noerphilie. Elle ne s'était pas préparée, majoritairement parce qu'aucun préparatif n'aurait été conservé pendant le voyage et donc n'aurait pu être utile. Elle tendit simplement la main vers l'écran.

Un tunnel strié de jaune et de noir, des images de publicités apparaissant comme des flashs, une sensation de chute, puis de nouveau un sol sous ses pieds. Les hauts immeubles avaient laissé la place à une plaine d'herbe rase, vide à l’exception d'un empilement d'écrans tournés dans diverses directions dont la forme évoquait un arbre mort. Comme les lacs, la plaine était calme. Personne aux alentours. Sif avait du mal à le croire. Ses interlocuteurs avaient affirmé à plusieurs occasions qu'il y avait toujours des gens, partout. Sauf la nuit. Mais elle ne pouvait pas aller en Noerphilie pendant la journée, elle était à la boutique. Après quelques instants, un bruit lointain vibra dans le silence. Si lointain que même elle ne pouvait avec certitude définir ce dont il s'agissait. Le but de sa visite étant de découvrir la Noerphilie, elle décida de chercher la source de bruit.

Elle marcha d'un pas rapide pendant de longues minutes. Plus elle s'en approchait, plus elle pouvait comprendre ce dont il s'agissait, et moins elle marchait vite. Des bruits de combat. Encore. Elle finit par s'immobiliser quand elle fut assez proche pour voir les silhouettes s'agiter, bondir, frapper, mourir. Ses jambes se figèrent, ses bras se serrèrent contre sa poitrine, tout son corps se mit à trembler. Un homme affrontait des Shadows, nombre de Shadows, de diverses formes. Il les frappait, les tailladait, les transperçait, les tuais, les massacrait… Elle était terrifiée. Elle ne pouvait plus penser, plus bouger. Même quand plusieurs Shadows se détournèrent de leur adversaire inconnu pour se tourner vers elle, elle ne put pas reculer. Elle ne put pas bouger. Quand l'une des ombres bondit elle poussa un hurlement et se recroquevilla. Le coup n'atteignit jamais sa cible, une lame colossale brandit par un guerrier en armure de deux mètres de haut déchiquetant le Shadow en plein air. A peine apparu, le Persona se mit-il à pourchasser les Shadow, attaquant en priorité ceux qui menaçaient Sif, les exécutant toujours sans émettre le moindre son. Elle de son côté s'était roulée en boule. Assise, dissimulée derrière ses genoux remontés sous son menton, elle assistait avec horreur au massacre.

Cette nuit était placée sous le signe du combat. Les cris de Lucifer résonnaient sur le champ de bataille. L'herbe, belle et fraiche, se déchirait et se retournait sous les pas du jeune homme aux cheveux noirs. La zone qui était verte et magnifique devenait brunâtre alors que Lucifer tournoyait et dansait avec les ténèbres. Les hurlements distordus des monstruosités ne le déstabilisait pas. Il gardait force et détermination. Cependant, il était à bout de stratégie et même ses chargeurs de billes commençaient à se vider. Lucifer était dans ses derniers retranchement. C'est alors qu'avec un coup bas, un des monstre fit s'envoler le trident du jeune homme. Lucifer se mit à sourire. Il fit un mouvement du doigt et le trident replongea droit sur le Shadow en le transpercement d'un coup avec une vitesse incroyable. Lucifer dit alors : "Ce n'est pas des saletés d'engeances de ténèbres qui m'auront.". Il reprit son trident et trancha un des chiens masqués qui tentait de lui sauter dessus.

Cette situation lui rappelait certaines choses qui le mettait fou de rage. Et dans cette rage, Lucifer continuait de s'acharner sur les Shadows sans aucune pitié. De toute façon, ils n'en méritaient pas. Et est-ce qu'ils étaient vraiment sans émotions ? Et ce qu'un Shadow pouvait ressentir quoi que ce soit ? Voilà des questions qu'il ne fallait pas poser car Lucifer, étrange spécimen qu'il est, tentait alors d'y répondre en se battant. Or, découvrir une potentielle source de sentiments chez quelqu'un en lui plantant une arme blanche dans le crane était rarement productif. C'est la raison pour laquelle, Lucifer ne trouvât pas de réponses.
Alors qu'il combattait sous la lueur de la lune, Lucifer sentit une présence. Comment l'avait-il sentit ? Tout simplement car les Shadows n'attaquaient pas que lui. Il vit un détachement de monstres foncer dans la direction opposé. Lucifer, héros dans l’âme, se mit à sauter sur un des Shadows pour se propulser avant de courir vers les fuyard. C'est alors qu'il vit une des bêtes plonger sur une jeune fille. La demoiselle se mit à hurler et Lucifer était trop loin. Lucifer lança : "NON !" et allait lancer son trident sur le monstre avant que d'un coup, il soit remplacer par un énorme chevalier qui venait visiblement de découper la saleté. Pas un bruit, pas une voix. Juste le bruit d'un monstre venant de se faire déchirer. Lucifer en déduit très rapidement que c'était un Persona. Il se gratta le crane en voyant le chevalier de métal trancher tout les Shadows à sa porté avec une facilité déconcertante. Lucifer haussa les épaules et continua le massacre des ombres. Grâce au Persona de la jeune fille, le travail fut largement plus simple.

Au bout d'une dizaine de minutes, le dernier des Shadows avait été vaincu. Cependant, Lucifer avait été touché, il saignait. Un des Shadows l'avait mordu à l'épaule gauche et un autre à la jambe droite. Lucifer, utilisant son trident pour tenir debout voyait la demoiselle, encore recroquevillée à seulement quelques mètres de lui. Et entre les deux, l'imposant chevalier. Lucifer, blessé et un peu impressionné par le Persona, ne pouvait pas trop avancer pour aller voir la demoiselle et n'avait pas envie d'activer son garde du corps. Il cria tout simplement : "Heeey~ ! My lady ! J'aurais bien aimé venir te relever et te lâcher une punchline plutôt romantique, mais je me vide de mon sang ! Je sais que c'est chaud, mais tu voudrais pas venir ? Genre, faire le premier pas ! T'inquiète je mords pas ! Et puis, même si je mordais, je suis pas trop en position pour...". Après ça, il se mit à rire avant de gémir de douleur en disant : "Aie ! Je crois que ça picote quand je rigole."

Le massacre sembla durer une éternité. Les Shadows apparaissaient, toujours plus nombreux, toujours plus agressifs, et tous venaient mourir sous les coups de Vidar. Pas un seul ne parvint à blesser Sif ni même à approcher son Persona, toujours fauchés par la lame immense qui fendait les airs sans jamais s’arrêter, sans jamais se fatiguer, sans jamais manquer sa cible et sans faire le moindre bruit. Face à des adversaires aussi idiots, le Persona semblait presque invincible, un dieu du carnage à la hauteur de son nom. Sif, elle, était toujours immobile, figée, tétanisée, incapable de faire quoi que ce soit sinon supplier cette part d’elle dont elle ne voulait pas de s’arrêter, se souciant peu de ce qui risquait d’arriver si l’idée lui venait de l’écouter. Il n’en fit de toute façon rien, tranchant sans relâche pour se protéger et protéger l’androïde dont il était issu. Le combat ne prit fin pour lui qu’avec la disparition des derniers Shadows. Ramenant son arme sur son épaule, prêt à charger toute menace qui se présenterait, Vidar inspecta la plaine. Seul restait désormais l’autre combattant. Un humain. Multiples blessures de faible gravité. Aucun signe d’hostilité. Menace faible. Agression inutile. Situation sûre. Dans un silence absolu, le Persona disparut.

Derrière son protecteur, Sif avait à peine remarqué l’autre combattant qui lui parlait, la peur continuant de parasiter ses pensées. Même partie, la silhouette en armure la hantait. Le gémissement de douleur de l’inconnu la ramena à la réalité d’un coup. Il avait mal. Il avait besoin d’aide. Il avait dit quelque chose. Repassant rapidement ses souvenirs des secondes précédentes, elle se concentra cette fois sur ses paroles. - je me vide de mon sang - -  tu voudrais pas venir - - je suis pas trop en position pour - Il confirmait avoir besoin de son aide. Pas encore pleinement rassurée, surtout par la possibilité que d’autres Shadows arrivent, elle se redressa lentement et s’approcha timidement de l’inconnu. Il saignait. Du sang. Comme… Non. Beaucoup moins. Lui vivait. Il n’était que blessé. Elle avait cependant des difficultés à évaluer l’étendue exacte de ses blessures, tant à cause de la distance que de la faible luminosité. Alors qu’elle marchait toujours, elle lui répondit d’une voix peu assurée.

"Je ne peux pas voir tes blessures d’ici. Dis-moi ce que tu as si tu veux de l’aide. Je vais essayer de te soigner si je peux."

Elle n’était pas certaine d’en être capable. Elle ne savait pas quel genre de blessures pouvait subir un être humain, et – écorchure. Ecchymose. Lacération. Plaie ouverte. Brûlure. Déboîtement. Fracture. Commotion. Hémorragie interne. Décollement de la rét– Elle savait comment les blesser, mais peut-être pas comment les soigner – Hémorragie externe : appliquer un garrot pour limiter le saignement si celui-ci menace la survie, désinfecter avec un produit antiseptique (exemple : alcool), recoudre si du matériel approprié est disponible, bander la plaie pour– Elle devrait pouvoir l’aider. Si ses blessures n’étaient pas trop graves et qu’elle trouvait le matériel nécessaire. Alors qu’elle découvrait encore ses connaissances étonnamment étendues sur le sujet, elle s’immobilisa. Avant de s’adresser à quelqu’un pour la première fois, il faut le saluer. Elle avait oublié. Peut-être que si elle le faisait maintenant il ne s’en formaliserait pas. Elle s’inclina alors, encore à plusieurs mètres de l’inconnu.

"Bonjour !"

Lucifer n'avait pas souvenirs d'être autant blessé. En fait, il n'avait pas vraiment beaucoup de souvenirs de la Noerphilie. Cela faisait quelques semaines seulement, ses souvenirs ici ont débutés avec le trident qu'il avait à la main. Il se souvient s'être demander pourquoi il avait une arme. Il se souvient s'être assis pour uriner avant de se rendre compte de son changement de sexe. Il se souvient s'être toucher le visage devant le miroir pendant des heures. Il se souvient avoir adoré ses cheveux. Il se souvient de ses crises de nerfs en publique, de ses chants, ses cris, ses escapades sans hontes ni complexes.
Lucifer n'était qu'un "jeu", du moins, c'est ce qu'il se disait parfois. Mais en tout cas, ni ici, ni à Iteku il n'avait été blessé comme ça. Et pourtant, il ne paniquait pas. Peut-être parce qu'il pensait qu'une fois retourné à Iteku, tout s'arrangerait. Que de toute façon ce corps n'était pas vraiment le sien. C'était un peu stupide, mais sans ça, il tremblerait sûrement de peur.

La demoiselle en face lui dit alors qu'elle ne pouvait pas voir ses blessures de là où elle était, qu'il n'avait qu'à lui dire ce qu'il avait pour qu'elle sache si elle pouvait le soigner. Lucifer fronça les sourcils et se dit : "What ? Elle est sérieusement sérieuse ? Elle peut pas s'approcher ? Non seulement je suis blessé, mais en plus elle a son Mégazord Power Rangers avec isolement sonore sous le capot. C'est pas comme si je risquais de lui planter mon trident qui me sert de canne.". Le jeune homme n'avait pas encore répondu que la demoiselle reprit en le saluant, tout simplement. Lucifer pensait vraiment que la jeune fille n'avait pas l'habitude d'être avec des gens. Et Lucifer se redressa avec difficulté pour mieux voir la demoiselle. Et c'est ainsi qu'il vit qu'elle n'était pas humaine. Ce n'était pas compliqué de le voir. Dans son corps il n'y avait ni chaire ni sang. Lucifer sourit avant d'avancer, utilisant son trident comme aide. Il dit alors : "J'ai juste besoin de bandages et d'alcool." avant de tomber par terre. Il n'était pas si blessé que ça, mais il avait du mal à tenir sur ses jambes. Après tout, c'était son premier combat et il n'était pas des plus simples. Lucifer se mit à rire avant de reprendre : "Et surtout, j'ai besoin d'un peu de temps pour me remettre de tout ça. Donc en attendant, moi c'est Lucifer, comme l'ange déchu, comme le porteur de lumière avant sa descente en enfer. Et toi, tu es ?". Il se demandait vraiment qui était cette demoiselle, et il se demandait ce qu'ils allaient faire. Il fallait retourner dans un endroit plus sur. Après tout, la lueur de la lune, si haute dans le ciel, annonçait les ténèbres. Car la nuit n'était pas finie, et les ombres ne s'étaient pas rendormies.

Lucifer était au sol et regardait le ciel. Il n'était même pas beau à voir avec tout ces nuages. Les étoiles tentaient en vain de les traverser, de briller malgré eux. La lune aussi, était parfois obligée d'attendre qu'ils passent pour illuminer de nouveau le visage pale du jeune homme.
La demoiselle s'approcha de lui et accéléra lorsqu'il tomba. Elle avait vraiment l'air étrange et Lucifer avait du mal à la décrire de lui-même comme il le fait avec les autres personnes.
Il faut dire que c'était la première fois qu'il était en face d'une androïde et aussi la première fois qu'il était dans cet état. Il gardait quand même le regard fixé sur la demoiselle qui était devant lui à présent, à genoux. Le garçon pouvait mieux l'observer ainsi. L'androïde lui répondit enfin, elle s'appelait Sif. Lucifer se remit à rire.

Sif tourna la tête vers lui et lui expliqua son diagnostique. Lucifer hocha la tête. Il était toujours pour le fait d'éviter de rester au cas où des ombres reviendraient. Cependant, il se dit de faire confiance au chevalier servant de Sif. "Sif", ça faisait encore sourire Lucifer. Il ne s’inquiétait même pas pour ses blessure. Du moins avant de ressentir une douleur au ventre. Il lança : "Ah, ne t'inquiète pas, ça fait mal que quand je rigole... ahahah !" avant de relâcher un gémissement de douleur. Il prit un temps pour respirer et dire : "Sif, la mère du dieu de l'hiver et de la chasse. La femme du dieu de la force et de la foudre. Ah, le second représenterait bien ton chevalier servant ! On est donc tout les deux des personnages mythiques. C'est drôle ! Et voilà comment la Déesse Sif, apparu sur le champs de bataille, accompagnée de son guerrier pour porter secours à Lucifer, l'ange déchu!"
Lucifer se remit à rire de plus belle avant d'avoir encore mal. Cette façon de faire, d'être, elle était stupide. Mais Lucifer se trouvait drôle, vraiment drôle, donc ça , ne le dérangeait pas vraiment.
Il claqua de doigts et son trident partit en l'air, il claqua de nouveaux des doigts et son trident vint tomber dans sa main droite. Il regarda de nouveau Sif et dit : "Mon pouvoir, c'est de faire bouger les choses, et de choisir à quelle vitesse elle le font. Et toi, c'est quoi la particularité de ton persona ?"

Lucifer avait retenu deux choses. La première étant que l'androïde avait un quelconque attachement avec les mangas. C'était positif, Lucifer savait dessiner, et en plus, tout ce qui s'approchait de l'art, il l'aimait. Il pourrait donc sans problème se rapprocher de Sif en passant par là. La deuxième, elle n'avait pas l'air d'aimer son Persona. C'était problèmatique. Cependant, elle n'avait pas besoin d'en parler pour qu'il comprenne, ou du moins, devine son Persona. Un grand chevalier robotique, qui tranche et tue sans bruit. Cependant, il ne tua pas Lucifer, qui ne representait aucune hostilité. Lucifer en déduisait, connaissant un peu la philosophie de ce monde, que ce Megazord représentait Sif. Un zombie, mais pas dans le sens "normal" du terme. Il represente la robotisation. La technologie telle que l'on l'imaginait il y a quelques années. Des machines froides et qui ne discutent pas les ordres. Elles font ce qu'elles doivent faire, rien de plus, rien de moins. C'était sûrement ça.

Et alors que la lune disparaissait de cadavre dans les nuages. Il sentait les masques sortir de terre. Il sentait les ombres se former autour de lui. Il se mit à rire. Les ténèbres arrivent et il ne peut s'enfuir. Vu comment Sif avait l'air d’apprécier son Persona, elle ne risquait pas d'y faire appel. Cependant, la demoiselle avait l'air trop gentille, il avait peur qu'elle ne veuille pas le laisser pour sauver sa peau. Lucifer allait lui dire de fuir avant de se faire soulever et transporter.
Sif lança à Lucifer qu'il ne devait pas bouger pour que ses blessures guérissent. Les yeux vairons de Lucifer regardaient les ombres qui naissaient de partout. C'était impossible de la laisser courir comme ça sans rien faire. Sans gêner l'androïde, Lucifer sortit un chargeur de bille, en lançait une. Et en un claquement de doigt, elle finit droit dans la tête d'un Shadow. Il comprit qu'il allait les ralentir comme ça. Envoyant des billes de métal sur tout les Shadows s'approchant trop de sa transporteuse. D'ailleurs, la situation le fit rire: "AHAH ! Allez, Sif ! On pourrait presque en faire un tableau !". Il se mit à faire le mort, les bras ballants et le regard vide. Comme sur les tableaux où l'on voit un ange dans dans les bras d'une femme. Puis, il se reprit et relança des billes grâce à la force des vecteurs. Tout ceci, il le trouvait drôlement amusant.

Après un long moment, ils étaient loin des monstres. Lucifer se sortit des bras de la demoiselle pour rouler sur le sol. Il prit encore son trident comme une canne et avança jusqu'à un arbre contre lequel il s'asseyît.  Il regarda Sif et dit : "Tu as bien trop forcée. Tu n'aurais pas dû. Cependant, tu m'as sauvé la vie ! Et ça, c'est beau !" avant de se remettre à rire. D'ailleurs, rire ne lui faisait plus vraiment mal, tant mieux, c'est ce qu'il faisait de mieux. Il laissa son trident tomber au sol et dit : "La nuit arrivera à sa fin d'ici peu de temps. Sif, et si tu racontais au Diable que tu viens de sauver, ton histoire ?"

Lucifer n'aimait pas les gens peu bavards. Ce genre de personnes l'incitaient à parler. C'était pas drôle de ne faire que de parler, et puis ça lui abimait la voix à force. Mais il allait évidemment pardonner à Sif, elle lui a sauvé la vie. Mais ce n'est pas pour ça qu'il allait arrêter d'essayer de la faire parler. Il écoutât attentivement ce qu'elle disait. Pour une androïde elle était très... humaine. Très timide, aussi. Mais surtout, on aurait dit que quelque chose la rongeait. On aurait pu dire qu'elle cachait quelque chose de lourd à porter. C'est surtout ça qui dérangeait Lucifer. Il n'était pas du genre à laisser les choses comme elles sont. Il est paranoïaque, comme sa version féminine itekienne. Il ne peut absolument pas se dire qu'une personne n'a aucun problème, il ne peut pas se dire qu'une personne n'a pas besoin de son aide. Tout le monde a besoin d'aide. Comme lui, comme elle. Il ne savait pas comment ça se passait chez les êtres robotiques, c'est pour ça qu'il comptait faire comme si elle était tout simplement humaine. Si ça se trouve, elle peut supprimer les problèmes comme des données. Ce ne serait vraiment pas drôle, ça.

Lucifer faisait tourner une bille au dessus de sa main droite. Si il n'était pas concentré sur ce que disait Sif, il aurait très bien pu se mettre à réfléchir sur son pouvoir. Comment il peut si facilement changer les vecteurs, sans faire de calculs, juste par la force de son esprit. Mais il ne pensait pas à ça. Il pensait surtout : "Sif, tu n'es pas ordinaire. Tu es une androïde, tu possède un Persona, déjà de base ça te différencie de pas mal de gens. Tu m'as sauvé la vie sans hésiter, tu es timide, tu restes ici, alors qu'il y a un danger constant. Beaucoup de gens auraient fuit. Et puis tu caches quelque chose au fond de toi. C'est obligé.". Mais ces mots ne sortirent pas de sa tête. Ses lèvres restèrent fermées.
C'est alors que Sif retournât la question au jeune homme. Une histoire à raconter ? Évidemment, il en a plein des histoires ! Il a même que ça. Il aurait pu lui raconter comment il est arriver en Noerphilie, les problèmes avec sa famille à Iteku, ses problèmes avec les gens... il aurait pu raconter pleins de choses. Mais là sur le coup, il n'avait rien.
Il ne pouvait pas juste lui dire que lui non plus il n'avait rien à raconter, donc il dit : "Oh ! Une histoire, n'est-ce pas ? Moi je ne suis pas quelqu'un d'ordinaire. Toi non plus, d'ailleurs, mais toi c'est une autre histoire. Nous l'aborderons surement une autre fois, si par chance, tu viendras de nouveau me sauver, ahahah ! Enfin revenons-en à moi."
Lucifer marqua un temps d'arrêt, il prit une légère inspiration et détacha ses cheveux avant de laisser sa tête se poser sur le tronc. Il se mit à sourire : "Je suis Lucifer, l'ange déchu. C'est stupide dit comme ça, mais je tiens vraiment à me donner ce titre, à ce que toute la Noerphilie me connaisse. Que toute la Noerphilie me voit comme un être puissant et respecté. J'en suis encore loin, mais je fais de mon mieux pour y arriver. Donc en fait, je n'ai pas encore d'histoire. Je suis juste en chemin pour m'en créer une."

Il ne regardait plus Sif. Il fermait juste les yeux. Son visage pâle profitait du vent alors qu'il se remit à rire : "Sif, je me posais une question : Est-ce que l'on peut discuter avec son Persona ? Je sais que tu n'as pas du tout envie d'en parler, que la nuit se terminera bientôt, que tu pourrais très bien me laisser car tu en as marre. Mais j'ai vraiment besoin que tu me parles de lui."

Elle sourit en entendant Lucifer rire. Non pas qu’elle trouve sa remarque drôle, tout le contraire en fait. Sauver quelqu’un signifiait qu’il était en danger ou mal en point, et l’un comme l’autre étaient une mauvaise chose. Il était cependant possible que Lucifer rie pour exprimer son soulagement, mais elle ne pouvait en être certaine car jusque-là, elle ne comprenait pas sa façon de penser. Non, elle souriait uniquement pour l’imiter, pour aller dans son sens et le mettre à l’aise. Parce que c’était la chose à faire, même si elle n’était pas certaine de savoir précisément pourquoi. Un sourire qui ne voulait rien dire car elle s’efforçait toujours de ne pas penser à ce qu’elle aurait voulu oublier, comme en témoignaient ses poings encore serrés et agités de tremblements réguliers.

Elle écouta attentivement ce que disait Lucifer, espérant que cela lui permettrait de ne plus penser à autre chose. Un temps, cela fonctionna. Une fois de plus elle ne comprenait pas comment pensait Lucifer. Elle comprenait ce qu’il disait, ce qu’il voulait dire ; elle comprenait son ambition, même si elle ne la partageait pas ; en revanche, elle ne comprenait pas ce qui pouvait le motiver. Pourquoi vouloir devenir célèbre ? Pourquoi plaisanter alors qu’il était blessé ou alors qu’il était en danger ? L’hypothèse la plus proche de ce qu’elle avait pu observer était qu’il ne prenait rien au sérieux, du moins rien de ce à quoi elle l’avait vu être confronté. Être célèbre, porter un titre, se créer une histoire, chercher le danger et en rire. Maintenant qu’elle y pensait de cette façon, ces différents aspects de la personnalité de Lucifer étaient cohérents, comme s’il était normal de les partager. Elle fouilla sa mémoire pour trouver pourquoi, et sursauta quand elle finit par trouver. Un jeu vidéo. Lucifer partageait exactement les mêmes motivations qu’un individu standard jouant à un jeu de type RPG. La gloire, l’accomplissement, l’adrénaline et la victoire. Pensait-il que la Noerphilie était un jeu, que se battre était un jeu, les armes des jouets et les Shadows des cibles d’entrainement ? Ils n’en étaient pas ! Elle ouvrit la bouche et se pencha légèrement en avant, comme si elle allait crier quelque chose, mais déjà Lucifer reprenait. Il revenait encore à Vidar. Elle referma la bouche et se redressa, croisant les bras contre la poitrine et détournant le regard. Pourquoi insistait-il ? Elle ne voulait pas y penser. Elle ne voulait pas en parler. Elle voulait juste oublier, ne plus jamais avoir à faire à lui, ne plus être ce qu’il lui interdisait de nier.

"Je ne sais pas. Certaines personnes m’ont dit qu’elles pouvaient tenir une conversation avec leur Persona, et rien n’indique qu’elles aient menti. Mais je ne peux pas. Vidar… il ne parle pas – sa voix se fit plus mécanique, plus neutre, les intonations disparaissant lentement pour ne plus laisser qu’un tremblement rauque agitant son ton monocorde – il ne me répond pas, il n’écoute pas. Il ne fait rien. Il n’existe que pour…"

Elle s’arrêta, incapable d’aller plus loin. Elle ne pouvait pas le dire. L’admettre à voix haute, devant quelqu’un. - le meilleur assassin de l'histoire - Elle ne voulait pas qu’on la voie comme ça. Que qui que ce soit sache ce qu’elle était. Ses circuits surchauffaient sous l’afflux de souvenirs, de pensées, de craintes, de peur. Elle ne pouvait plus réfléchir logiquement, juste rester figer et serrer ses bras de toutes ses forces. Il lui fallut plusieurs secondes pour retrouver un calme relatif, tout juste suffisant pour continuer à parler.

"Pourquoi demandes-tu ça ? Pourquoi mon Persona t’intéresse-t-il autant ? Je t’ai dit que je ne voulais pas en parler."

Lucifer écoutait attentivement la réponse quelque peu dramatique de Sif. Son Persona ne parlait pas, ne donnait aucun signe. Il ne faisait que trancher, apparemment. Il s'y attendait en même temps. Mais tout ceci restait dommage, il aurait vraiment aimé en savoir plus sur ce Vidar. Mais il allait devoir faire avec. Maintenant, c'était de nouveau Sif qui posait les questions. D'ailleurs, elle voulait connaître les raisons de celles du jeune homme. Lucifer n'allait pas lui dire que tout simplement il aime s’immiscer dans la vie des gens, qu'il est totalement curieux au point que ça en devient flippant. Il n'allait pas lui dire qu'il ne supporterait pas qu'elle n'ai aucun problème qu'il puisse régler. C'est pour cela qu'il se racla la gorge et dit : "Si je suis encore en vie, si je n'ai pas toujours pas peur de mourir... c'est pas parce que j'ai quelque chose à cacher, un pouvoir, un secret, ou autre. Juste que pour moi, faut voir la Noerphilie comme un monde où on peut faire bouger les choses. Dans la vraie vie, y à quoi ? Cinq pourcent de la population mondiale qui provoque du changement ? Alors qu'ici, on peut tous laisser notre marque. C'est pourquoi, en Noerphilie, le mieux c'est d'en connaître un maximum, et de ne pas se soucier de ce que l'on fait, car c'est un monde qui nous apprend à contrôler, pas un monde qui nous contrôle."
Après ça il regarda Sif dans les yeux. Il réfléchit pendant quelques secondes avant d'exploser de rire. Il se mit une petite tape sur le crane et dit : "En bref, si un jour ton Persona venait à te poser problème, j'aurais aimé savoir quoi faire !" avant de se remettre à rire.

Lucifer tentât de se lever en s'appuyant sur son trident. Il comprenait que la façon de pensée de Sif restait très logique et mathématique. C'était assez gênant. Il savait pertinemment qu'elle ne pourrait jamais le comprendre. Qu'elle ne pourrait jamais rentrer dans son univers. Car en rejoignant Lucifer, on oublie souvent la logique, même les instincts primaires du jeune homme deviennent incompréhensibles. Cependant, il aimait bien ce coté de l’androïde. Il aimait bien Sif. Mais il savait qu'il allait continuer de l'embêter jusqu'à ce qu'elle en ai totalement marre de lui.

Ne t'inquiètes pas, tu n'auras qu'à me prévenir pour que je rouvre ton rp.