C’était une matinée de printemps, et Hazel courait dans les rues. Pour aller en cours ? Rêvez pas trop… Les cours, c’est très bien quand on n’a rien d’autre à faire… Nan, là elle était occupée  à courir après un chat. Il était sept heure trente et l’idée d’arriver à l’heure en cours ne tarderait pas à être compromise. C’est à ce moment qu’apparu sur un grand écran (elle se trouvait au bon endroit au bon moment on va dire) une dame qui fit tout un speech sur une truc qu’elle appelait Noerphilie. Ca parlait de rêves, ça parlait d’aventures… bref, tout ce qu’elle aimait. Inutile de vous dire que la tentation fut grande.
Echapper à l’ennui hein ? L’ennui, elle connaissait. Le monde, le vrai, il n’est jamais aussi bien que dans les histoires. Sa vie était à l’image même de ce monde tout lisse, ou jamais rien ne venait changer le quotidien.

Née à Londres un 21 Mars, Hazel Blair Deakin était issue d’un homme d’affaire et d’une femme d’affaire (ils aimaient la diversité dans la famille). Ses parents étaient souvent au boulot, bien plus que tous les parents. Il faut dire que pour ramener un gros salaire à la maison, il fallait pas chômer. Mais ne croyez pas que la petite  a vécu ses premières années seule et malheureuse. Les nourrices & cie étaient là pour elle, et ses parents aussi, dès qu’ils le pouvaient. Quand elle eu trois ans, ils déménagèrent au pays du soleil levant. Pour le boulot bien sûr. Hazel suivit, toute contente de découvrir une nouvelle vie. Et voilà comment elle arriva à Iteku. La petite apprit rapidement à parler le japonais, elle avait plutôt intérêt si elle voulait trouver des amis, et tout se passait pour le mieux. C’était déjà une tornade, Hazel. Malgré son jeune âge, les nourrices repartaient souvent extenuées le soir, en se maudissant d’être tombées sur une gamine pareille.
C’est à cette époque qu’arriva Chelsea, la petite sœur. Hazel était ravie. Déjà parce que sa mère, en congé, restait tout le temps à la maison, mais aussi parce qu’elle adorait les poupées. Et on lui avait dit, la petite fille qui arriverait serait une véritable poupée.
Arriva alors la deuxième gamine, et l’ainée déchanta très vite. Elle était insupportable Chelsea. Plus encore que tous les autres bébés. Personne n’aurait pu imaginer à quel point un truc tout mou de 49 centimètres pouvait hurler aussi fort. Et elle n’arrêtait jamais, c’était à devenir dingue, ça hurlait tout le temps, le jour comme la nuit. Les quelques heures de répit survenaient au beau milieu de la journée, quand le nourrisson daignait enfin se laisser aller au sommeil. L’adorable image que se faisait Haz’ de sa petite sœur partit rapidement en fumée.
En plus, elle n’était même pas joueuse. Marionnettes, sauter sur le lit, superhéro, faire le zouave sur la table en attendant de se faire crier dessus par la mère, rien ne lui convenait. Elle était pas drôle Chelsea. On aurait dit une petite vieille qui passait son temps à ronchonner, mais avec des larmes. Mais, à l’image de ses parents, l’ainée ne perdit pas le sourire. Elle comprit bien, de toute manière, qu’il était hors de question de rendre le bébé à la maternité, alors elle se contentait de faire avec.

Les jours passèrent, la cadette grandit, et devint encore pire. On aurait été en droit d’espérer un peu de calme avec le temps, mais en fait non. Chelsea était aussi pleurnicharde qu’Hazel était optimiste. Pour un oui, pour un non, pour un peut-être, elle geignait tout le temps.

Et c’est ainsi que le temps passa. Hazel grandit, sa cadette aussi sans jamais perdre son mauvais caractère. De toute manière, Hazel avait vite compris que ça n’allait pas être facile tous les jours avec la petite sœur. Qu’importait, elle, elle vivait sa vie pleine d’aventure. La demoiselle s’était plutôt bien intégrée, depuis les onze ans qu’elle était là. Elle avait des amis, aussi dingues qu’elle tant qu’à faire, et partait faire les 400 coups avec eux. Niveau résultat, c’était pas encore ça. On espérait en faire quelque chose, de cette petite, mais celle-ci ne se contentait que de la moyenne. Il y avait tellement mieux à faire que rester assis sur une chaise à apprendre des trucs pas intéressant disait-elle…

Alors, malgré ses espiègleries et les 400 coups qu’elle partait faire régulièrement, elle s’ennuyait. La Noerphilie… Impulsive comme elle était, il lui fallut à peine dix secondes pour se décider! C’était quoi le geste pour s’y rendre déjà ? La main dans un écran? C’est parti!
C’est ainsi que la gamine se retrouva dans ce qui semblait être.. Un univers parallèle, comme l’avait dit la dame de tout à l’heure. En tout cas, ça promettait de grandes aventures!