Jin n'a presque jamais connu ses parents, morts dans un accident de voiture quand elle n'était encore qu'une enfant. Elle a été élevée par ses grands-parents paternels. Ils étaient plutôt strictes et acariâtres, bien loin de l'image des papys et des mamies gâteaux. Mais vu leur milieu, cela semble cohérent. Quel milieu ? Et bien malgré leurs âgés avancés, ils tiennent une entreprise de pompes funèbres. Ce qui explique un peu, rien qu'un peu, l'absence de joie et de bonne humeur au sein de la famille. Ils sont montrés sous un mauvais jour, mais...
Il faut les comprendre, ils ont du eux-même rendre hommage aux cadavres de leur fils et à leur belle-fille. Cela marque un être, de savoir que sa progéniture est parti avant soi. De pouvoir se rendre compte de ses propres yeux que sa progéniture et l'amour de celle-ci ont souffert avant de succomber. De maudire l'expérience qui a été accumulé avec le temps. De devoir ravaler ses larmes et son chagrin et faire correctement son travail pour ne pas déshonorer leurs corps. Les grands-parents ont été fortement affecté par cette perte. Cette immense perte.
C'est dans ce climat morne et remplit d'amertume qu'à pratiquement vécu Jin. Cette perte a eu de grosses répercutions sur son devenir. Elle aurait du vivre une enfance normale, paisible du moins, qu'on lui laisse le temps de grandir. La petite a grandi dans un environnement strict, comme prise dans un moule. Un moule à l'apparence de son père. Oui, les grands-parents cherchaient à revoir leur fils à travers leur petite fille. Elle n'avait pas le droit d'être elle, elle devait être son père. Timide, docile et surtout : apparence de garçon manqué.
Jin a vécu une enfance comme si elle était un garçon, avec peu de place pour être réellement elle et cela se voit encore malgré tout dans son style vestimentaire. Mais en plus d'être enfermée dans l'image de son père, elle a été enfermée dans le monde morbide des pompes funèbres. Elle n'allait pas à l'école, ayant appris à lire, à écrire et à compter de part sa grand-mère. Donc quand elle ne suivait pas de cours particuliers, elle devait les aider. Vous vous imaginez ? Jin, vers les dix ans, travailler auprès de la mort ?
Enfin bon, elle ne s'est jamais plainte. Elle était contente de pouvoir aider ses grands-parents et surtout d'être auprès d'eux. Mais vous savez quoi ? C'est grâce à ce monde de mort et de tristesse que la petite a décidé de voir son avenir dans la justice. Elle devait avoir environs la quinzaine à ce moment-là. Avec une triste expérience du deuil, en tant que spectateur. Après tout la seule perte que Jin a eu, elle n'a jamais pu pleurer sur celle-ci. Un être connaissant le malheur d'autrui, mais pas le sien.
Jin avait vu une femme pleurer son mari, en se tenant le ventre et demandant 'pourquoi ?' comme un mantra au ciel pour sa cruauté. La cruauté de la laisser veuve et surtout enceinte, donc une mère seule. Elle a vu deux adolescents anéantis par la perte du troisième membres de leur trio, ils disaient à quels points ils avaient une impression de vide après cela. Elle en avait vu des tas et des tas de cas similaires. Famille, amour, amitié, tout cela brisé par la mort. Toujours aussi tragique, toujours aussi déchirant, toujours aussi injuste. Oui, ce monde est injuste.
Et elle comptait bien le rendre juste. Elle a fait part de son projet pour entrer dans la gendarmerie assez tardivement à ses grands-parents. Surtout qu'elle savait que ce ne serait pas aussi simple pour elle d'y entrer, n'ayant même pas été une seule fois scolarisée. Jin a attendu jusqu'à sa majorité avant de leur dire ses ambitions. Qui ont évidemment été violemment refusées par les plus âgés. Après tout, son père, leur fils, était un pacifiste pur. Bien loin de l'image d'un gendarme. La demoiselle les a quitté avec ses quelques paroles :
▬ Je vous remercie d'avoir pris soin de moi durant tout ce temps, mais... Je ne peux pas vivre dans ses traces indéfiniment. Jin n'a jamais eu de nouvelles d'eux depuis. Parfois, elle se demande comment ils vont. Elle souhaiterait leur rendre visite, mais... Elle craint leur réaction. Surtout que son complexe d'infériorité est puissant auprès d'eux, après tout, c'est de par leur éducation bien trop dure et stricte pour un enfant qu'elle s'est considérée comme un sous-humain. Heureusement, son complexe n'est pas aussi grave dans la vie courante. Enfin bon, qu'a donc fait Jin après avoir quitté le 'nid familiale' ? Elle a demandé refuge à un des clients qu'ils avaient eu.
Cette personne était au courante des ambitions de Jin, ayant souvent rendue visite à la demoiselle en plus de la tombe de son proche défunt. Elles sont devenues plutôt proche, considérant Jin comme sa fille ou sa petite sœur. Mais qui est donc cette personne, vous demandez-vous ? Et bien c'est la veuve enceinte, qui avec le temps s'est remariée et a donné naissance à un adorable garçon. Ils étaient heureux et tous connaissaient Jin, donc tout allait pour le mieux. Mais Jin n'est pas restée longtemps, ne voulant pas trop profiter de leur gentillesse et bonté.
Surtout qu'elle se surprenait à les envier, elle qui n'a presque jamais connu une telle chaleur au sein d'une famille. Mais cela a duré environ 1 an, avant qu'elle s'en aille. Le temps qu'elle puisse prouver que ses cours particuliers étaient l'équivalant d'une scolarité normale, puis intégrer un concours d'admission. Cela a déjà pris un long moment, mais il a ensuite fallu attendre les résultats du concours, dont elle a réussi à passer, ainsi que trouver un petit studio pour un peu plus d'indépendance et surtout pour les laisser 'en famille'.
La jeune femme est donc devenue une gendarme, certes, encore à ses débuts, mais une gendarme quand même. C'était plutôt rude au commencement, mais elle s'y faisait. Surtout que son coéquipier savait très bien la guider quand cela n'allait pas. Adonis, son coéquipier était un ancien de déjà deux ans dans le service, il était souriant, chaleureux, très ouvert aux questions et à l'enseignement. Un peu l'imagine du gentil justicier, mais dans les normes de la réalité. Ils ont déjà fais plusieurs missions ensemble. Jin lui faisait entièrement confiance et il en faisait de même.
Quelle erreur.
One more step would it make me free ?
Une énième mission. Où Jin se devait de protéger les otages d'un homme armé, alors que son partenaire devait lui mettre hors d'état de nuire, mais le stresse a pris le dessus sur la demoiselle et à entraîné la confusion auprès de son coéquipier. Résultat des courses, le preneur d'otage a été abattu ; deux otages tués par des balles perdues et plusieurs blessés par la cohue provoquée par la mort du malfaiteur, surtout que ce dernier n'avait pas été des plus tendres envers eux avec l'arrivée des forces ; mais le pire du pire c'est...
I could fall into the darkness
L'état de son partenaire. Qui s'est retrouvé avec une blessure profonde aux niveaux d'une de ses jambes et surtout... surtout... Son œil gauche n'est plus. Comment ont-ils fait pour en arriver là ? Comment a-t-elle pu à ce point succomber au stress ? Après qu'Adonis et d'autres victimes soient amenés au urgence. Jin sent déjà les regards sur elle. Les reproches. Les accusations. C'est le début de la longue décente au enfer pour la demoiselle. Qui, à ce moment-même, est déjà bien écrasée par sa faiblesse et à sa propre culpabilité.
Realize that I’m just so afraid
La gendarme cauchemarde de cet événement chaque nuit durant. Elle se prend sans rien dire les remarques, les moqueries et les reproches de tous. Qui ça tous ? De sa brigade, des familles des victimes et surtout de la famille de son coéquipier. Qui étrangement est le seul à ne rien lui reprocher. Oui, il était vraiment un être trop gentil, un être qui, du point de vue de Jin, est trop bien pour elle, qu'elle ne mérite pas d'être sa partenaire. Petit à petit, le complexe d'infériorité de la demoiselle s'intensifie, au point de la dévorer.
La dévorer de l'intérieur. Elle se rend compte à quel point elle est pitoyable, qu'elle est faible, qu'elle... Qu'elle n'est qu'une moins que rien, une tâche sur le beau vitrail de la société. Elle aurait pu tomber en dépression, si elle ne l'avait pas à ses côtés. Qui est-ce donc ? C'est Atsuhiko. Un adorable être canin que Jin a recueilli il y a déjà un long moment. Il était la preuve qu'elle pouvait encore un peu servir dans ce monde, qu'elle pouvait au moins être utile à un être.
I don’t want to destroy life...
Remember...
Cela a été une énième longue et éprouvant journée pour Jin. Toujours le même air irrespirable, invivable qu'elle devait supporter, jours après jours. Le pire était la remarque qui a été mise dans le panier aujourd'hui : C'est à cause d'elle qu'Adonis ne peut plus pratiquer. Oui, ses blessures sont trop importantes pour qu'il puisse suivre la cadence, c'est horrible... La culpabilité devient toujours de plus en plus pesantes sur ses épaules. Et si... si c'était réellement de sa faute ? Oui, c'est sûrement ça. C'est ce qu'elle s'est dit.
I’m not gonna make it
Une annonce. Un autre monde. Un monde dans lequel on peut avoir un pouvoir. Jin réfléchissant longuement à l'idée. Quand elle avait vu l'annonce à son travail, elle avait vu un espoir renaître en elle. En cet instant, elle est chez elle. Câlinant la boule de poil qu'est Atsuhiko, laissant couler les larmes qu'elle a retenu durant la journée. C'est toujours comme ça maintenant. Une fois le pas de la porte du studio passé, ses joues deviennent vite humide par les larmes. Elle observait sa télévision longuement, pose Atsuo parterre, s'y avance lentement et...
▬ Je reviens vite... D'accord ..? Elle offre un pauvre sourire au seul être percevant son malheur, avant d'essuyer ses larmes d'un bref geste de la main et de la poser sur l'écran de télévision. Noerphilie, pitié, soit réel. C'est ce qu'elle s'était dit, comme une prière mentale. Et c'est le cas, c'est une réalité. Ce n'est plus une demoiselle aux yeux bouffis, mais un jeune homme immaculé. Ce n'est plus Jin en ce moment, c'est... Nécromancien. Il regarde à gauche, à droite, puis droit devant lui. Pour l'instant, tout n'est que paix.
Is it almost over now ?
Mais ce n'est que de courte durée. La curiosité est là, le désire de connaître son pouvoir. Nécromancien observe ses mains, d'abord les paumes, puis le dos. Que pouvait-il bien faire comme pouvoir ? Il balance légèrement ses mains de bas en haut, pour voir une réaction possible. Puis tout commence. Il voit ses deux Radius sortir, s'échapper de ses muscles, de sa peau, ils sont à vif. Ils prennent de suite une forme, similaire à des lames. Nécromancien aurait pu s'émerveiller à ça. S'il n'était pas replié sur lui-même, mortifié de douleur.
Can’t see the way to go
I feel so alone
D'où ? D'où venait cette souffrance ? Se demandait-il entre deux souffles. Il tente d'inspirer un grand coup, mais au moment d'expirer, une nouvelle douleur surgit. Il a l'impression qu'on lui plante mille épées dans le dos, le transperçant de part-en-part. Alors que ce ne sont que ces deux omoplates qui ont décidés de se montrer, et de faire office de carapace. Toutefois similaire à un insecte, telle une coccinelle. Il a mal, si mal. Que cela cesse, que cela cesse- ! Douleur. Souffrance. Ça fait mal. Agonie. Folie. Ça fait mal. Si mal.
Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal.
Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal.
Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal.
Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal. Ça fait mal.
Ça fait si mal...
Est-ce qu'il y a quelqu'un ..?
Grand-père, Grand-mère, j'ai été un gentil garçon... Pas vrai ..?
Pas vrai ..!?
...
My blood is on the ground
I can’t forgive this anymore