- Hey Greyhound !

Mais quel imbécile. Elle continua son chemin sans se retourner, déambulant dans les rues de Pirate’s Bay. Les planches craquaient sous ses pieds et ceux de la foule qui se massait au bord des quais. Peu de personnes associaient son visage à son nom et peu de personnes étaient suffisamment stupides pour le gueuler en public. Celui-là faisait partie du nombre de gens qui se classaient derrière les goélands dans son échelle de respect. L’individu en soi était un connard, un connard profondément fier. Et encore plus fier de savoir qui elle était. Du moins qui était le Greyhound parce qu’il ne connaissait pas davantage son prénom. Narthan sautillait de toit en toit malgré les commentaires outrés des vendeurs de poissons. Anyway, ces parevois auraient oublié au matin. C’était étrange comment elle communiquait avec son Persona. Ce n’était pas réellement des images ni des mots, plutôt des sentiments, des émotions et des certitudes. Par exemple en ce moment elle avait la certitude que l’idiot en question continuait de la suivre et que Narthan avait une belle envie de lui planter ses serres dans les yeux. Elle le calma mentalement, ce type n’était peut-être pas une lumière, mais il était l’un de ses chasseurs. Un excellent chasseur. Un excellent chasseur qui avait réussi à la reconnaitre à cause de sa vue de faucon pèlerin.

Elle bifurqua dans une petite allée où le bois gonflé par l’humidité semblait vouloir moisir. Tout en continuant de marché jusqu’à être en dessous de ce qui devait être l’une des nombreuses tavernes de Pirate’s Bay, elle tira un foulard de sa manche et voilà son visage, prenant bien soin de dissimuler ses cheveux blancs. À marée haute, cet espace était clairement inaccessible. À marée basse il permettait à de petites chaloupes de s’accrocher afin de se transporter plus rapidement dans la ville. Quelques minutes plus tard, le con de première débarqua, tout souriant. Narthan derrière lui.  

- Je ne sais pas quelle partie du mot discrétion tu n’as pas saisie, Flatte-feuille.

À l’image que Tolkien et Donjons&Dragons avait bien voulu leur donner le type face à elle possédait un True Self d’elfe. Ces bestioles là sont gentilles d’habitude, elles font de la botanique, chante avec les oiseaux et accessoirement botte les fesses de quelques orcs, mais se sont que très rarement des kidnappeurs qui revendent leur proie à des esclavagistes. Et pourtant, avec les aptitudes qu’ils ont…

- Tu donnes trop d’importance à tes manigances Greyhound.
- Et toi tu as besoin d’un acheteur, je crois, si je me retrouve en prison tu vas ramener tes trouvailles à qui exactement ? Tu penses pouvoir les vendre toi-même ? Tout le monde connait ta gueule d’aristocrate trop souriant.

S’il avait physiquement beaucoup de choses d’apparentes à Legolas, il était toutefois loin d’être débrouillard. Il exécutait les ordres et respectait un ordre précis et logique de choses à faire. Les trucs compliqués c’était loin d’être pour lui. Entre autres choses parce qu’il prenait tout à la légère.

- Tu dois bien avoir des compétiteurs quelque part Grey…
- Des compétiteurs qui voudront t’acheter ta marchandise alors que t’aurais déjà bousillé la couverture de l’un d’entre eux?

Il boudait. Comme un enfant. Seigneur si ce n’était pas de la marchandise qu’il lui rapporterait Narthan aurait le feu vert pour lui retirer ce qui lui servait de cervelle qu’il aille s’en magasiner une autre.

- Tu cesses d’utiliser mon nom en public, et tu me rapportes trois nouvelles trouvailles d’ici la fin de la semaine et on oublie ça. Mais recommence et tu seras soit de la marchandise, soit le déjeuner de Narthan. Et je ne sais toujours pas si je te laisserai choisir.

Il hocha la tête. Elle intima l’ordre à Narthan de le geler, juste quelque second, tout ce qu’il lui fallait pour qu’elle disparaisse sans qu’il ne sache où.


De retour à son repère, elle remarqua que quelqu’un l’avait contacté via le Darknet. C’est ainsi que procédait la majorité de ces clients et de ses chasseurs. Elle mettait en ligne les détails des esclaves qu’elle possédait et lorsqu’un intéressé se manifestait elle établissait deux rendez-vous. Le premier pour s’assurer que le client était véritablement un client, le second pour la signature des papiers et l’échange entre le paiement et le produit. Pour ses chasseurs cela se faisait plus rapidement, ils contactaient des esclavagistes, parfois seulement elle, leur indiquait un point de rendez-vous et c’était à elle de s’y rendre si elle voulait leur marchandise. Mais cette fois-ci ce n’était ni un client, ni un vendeur, mais probablement ce qui ressemblait le plus à un investisseur.




La Pieuvre ivre était un commerce parrevois tellement perdu dans les méandres de Pirate’s Bay que la majorité de ses occupants étaient des parrevois qui n’avait pas réussi à retrouver leur chemin, trop saoul. D’où le nom, la pieuvre vous serrent dans ses tentacules d’ivresse. Il faut être sobre pour en ressortir. Et surtout, c’était l’établissement qui faisait la pire tarte aux anguilles des deux mondes confondus. Alors pour sur si quelqu’un en commandait, Tristalle saurait qu’il s’agirait de son interlocuteur. Elle entra avant même le crépuscule, s’assola au bar en délogea négligemment un occupant assoupi – elle n’aurait su dire s’il s’agissait d’un parevois ou d’un humain et à dire vrai elle s’en fichait. Il ne restait plus qu’à attendre.

Akando était quelqu'un d'ambitieux. Quelqu'un qui voulait devenir influent. Et l'influence commence parfois de manière plus modeste. Il avait déjà établi une certaine notoriété au sein du crime organisé comme quelqu'un d'indépendant mais efficace, pour les besognes informatiques à grande échelle. Mais à Noerphilie, c'était une autre histoire : il fallait qu'il gagne un tout nouveau statut. Il pouvait accéder à bien plus de puissance, mais pour ça, il fallait qu'il redouble de prudence et qu'il tempère sa nature dangereuse et meurtrière, comme il le faisait si bien à Iteku. Mais dans ce monde où une glande à venin polluait son cerveau lors d'une utilisation trop intensive, c'était un effort de volonté beaucoup plus complexe à faire que dans le monde "réel".

Alors il avait visé à recruter son premier lieutenant, ou plutôt sa première lieutenante : Greyhound, une revendeuse d'esclaves qui opérait à Pirate's Bay. Cependant, il avait bien étudié sa manière de procéder et son marché : elle était, selon lui, beaucoup trop élancée et impétueuse. En revanche, son commerce marchait bien, et sa détermination en était la clé. Ils pouvaient tous deux bénéficier à un partenariat : lui, en étendant son influence et sa couverture du crime organisé de Noerphilie, et elle, la protection et une méthodologie bien plus profitable et sûre que celle qu'elle avait déjà mise en place.

Un message sur le Darknet, c'est tout ce qu'il avait envoyé pour qu'ils se rencontrent. Simple, court, concis et surtout, impératif : si elle ne venait pas, c'était à sa perte, mais elle avait tout à gagner.


De toute façon, la tarte aux anguilles de la Pieuvre Ivre était la pire des deux mondes réunis. Infecte, immonde et cuisinée avec les pieds, on aurait dit que chaque bouchée était une torture gustative, au point que l'arrière-goût infectieux de son propre poison lui semblait être du gratin dauphinois en comparaison. Ainsi, il serait absolument sûr de son identité, aucun doute possible et permis. En temps normal, il l'aurait traqué, suivi et aurait tout apprit d'elle avant de l'aborder, mais cette fois, c'était une question de confiance. S'il se lançait dans un partenariat, il devait faire preuve de confiance pour recevoir en retour celle de ses partenaires.

Il était assit à une table, sa cape rouge et son masque se démarquant un peu, et il n'avait pas prit la peine de transformer sa queue de Naga en jambes, cette dernière ne dépassant toutefois pas de ses vêtements, cachant sa nature réelle. Pour autant, il partait toujours armé, son Kriegsmesser sanglé contre son armure. On est jamais trop prudent, après tout, non ?

Et enfin, quelqu'un commanda une tarte aux anguilles. Greyhound, c'était donc elle ? Visiblement, oui. Une jeune femme qui cachait visiblement bien son jeu... Alors il marcha (ou plutôt glissa) jusqu'au comptoir, s'asseyant à côté d'elle comme si de rien n'était sur un tabouret, sans la regarder, annonçant simplement de sa voix naturellement sombre


Son ton impliquait clairement son implication dans cette suggestion. Il n'y avait absolument, à moins d'être un ahuri total, impossible d'avoir un doute quand à son identité en tant que mystérieux envoyeur de ce message...

Elle passa commande, et un individu encapé qui était entré après elle remarqua bientôt sa demande anormale. Et qui pourtant ravissait le chef de l'établissement. Elle prenait ses airs de jeune fille faible et influençable. En même temps elle l'avait été un peu en acceptant si rapidement l'invitation de cet anonyme. Mais en même temps, personne qui trempe dans l'eau claire ne va demander de la tarte à l'anguille à la Pieuvre ivre. Sérieusement. Elle aurait refusé un cupcake chez ''La petite Sucrène'' en plein jour, certes, mais c'était alors une autre histoire...

Tout cela pour dire que de sa drôle de démarche l'anonyme se dirigea vers la seule cliente qui avait commandé l'atrocité du bar et s'installa à côté, sans échanger un seul regard.

C'est alors qu'il se mit à critiquer de sa voix grave le choix culinaire de l'intéressé. Subtile, mais de toute façon qui de ses ivrognes en aurait eu quelque chose à faire? Narthan la questionna mentalement, son Persona attendait sur le toit. Il était trop facile à identifier, elle ne le présentait jamais aux premières rencontres. Elle lui fit savoir qu'il était arrivé.

- Ce n'est pas tant une question de saison, cette chose est horrible à longueur d'année. Il se trouve simplement que je trouve de quoi disposer des choses horribles.

Elle prit une gorgée de... était-ce de la bière? Du genre coupé à l'eau salée? Elle se souvenait vaguement que le tavernier lui avait demandé si elle voulait boire quelque chose et d'avoir hoché la tête, mais quelle bête pouvait donc avoir uriné ce truc aussi étrange ? Elle exagéra sa grimace, comme le ferait une enfant qui goute pour la première fois au café en pensant qu'il s'agirait de chocolat chaud.

Non, mais sérieusement ils étaient à Pirate's Bay ! Pourquoi n'était-ce pas du Rhum ? Du Kraken par exemple, ça aurait été concept.

- Mais il s'agit bien d'une suggestion, du genre il faut y gouter pour y croire.

Elle prit une seconde gorgée, elle se demanda ensuite pourquoi. Mais déjà elle grimaçait moins. Elle observa du coin de l'oeil son interlocuteur, il lui semblait qu'il portait un masque. C'était étonnamment courant dans le métier de se cacher... Elle ne voulait pas juger son interlocuteur immédiatement, c'est toujours trompeur les premières impressions...

Visiblement, elle faisait durer ce petit jeu d'anonymat. Personne ne les écoutait, le serveur au comptoir était parti servir d'autres clients et papoter un peu, ils étaient seuls. Il pouvait alors réellement parler affaires, maintenant. Il avait beau être quelqu'un d'étrangement variables dans son comportement, lorsqu'il laissait aller sa nature profonde, il était étonnamment sombre et vicieux. Au point d'être confortable à l'idée d'inclure l'esclavage comme une branche viable à ses activités criminelles... Certes, il aurait quelques restrictions éthiques - surtout avec les enfants, qu'il cherchait à protéger au delà des autres - mais cela restait de l'esclavagisme. Considérer la vie d'un autre comme une propriété... Mais pour son influence, tout était bon à prendre, même ce qui avait une moralité aussi douteuse.

Alors il tourna un peu sa tête vers elle, se redressant, sa voix toujours aussi obscure et peu aguicheuse, mais ferme et sérieuse


En guise de petite garantie qu'il était tout sauf un plaisantin, il avait apporté ce qui semblait être une clé USB. Il la sortit de sa poche et la déposa sur la table, la glissant dans sa direction


C'était la seule zone d'ombre qu'il voulait impérativement décrypter. Les enfants, avec lui, ce n'était pas une question à prendre à la légère. C'était en quelques sortes sa seule restriction morale... Son enfance ruinée était peut-être un facteur potentiel dans cette aversion profonde pour le fait de s'en prendre directement à des gamins. Mais d'un autre côté, sa cruauté pouvait faire preuve d'un manque inquiétant de limites, ce qui était aussi un facteur important. Il devenait très changeant, presque lunatique, tiraillé entre sa conscience et ses instincts de prédateur meurtrier.

- Il est inutile que je te donne mon nom, tu en sais suffisamment. Il était passé du vouvoiment ou tutoiment assez rapidement, Tristalle n'allait pas en faire de cas. Pas à la Pieuvre Ivre. Elle se saisit de la clé USB.

- Je conviens que ma méthode à des lacunes, ce qu'il me faudrait c'est surtout un domaine isolé, Pirate's Bay est un point stratégique pour la récolte et la vente de marchandise, mais c'est l'entreposage qui pose problème si je veux agrandir mon commerce.

Elle fit tourné la clé entre ses doigt, dévisagea cette fois son interlocuteur, ses traits était totalement caché par son masque et le reste de son corps par un cape. Néanmoins il ne l'effrayait pas. Il ne faisait rien pour non plus cela dit. Tout ce qu'elle avait sur lui c'était une voix grave, suave, presque hypnotique, une paire de yeux rouge et un masque blanc ornées de fine dorures.

- Ta proposition me convient, elle fronça les sourcils, Toutefois ne t'attends pas de moi que je cire tes souliers. J'ai mon commerce, après c'est moi qui décide des autres trucs dans lesquels je décide de m'impliquer.

Un cuistôt des plus... fringuants... vint déposer avec fierté une tarte à l'anguille devant elle. Juste l'odeur avait de quoi faire vomir. Il repartit en fredonnant, son immense ventre se dandinant de haut en bas allant avec sa démarche trop joviale.

- Pour ce qui est des enfants. Je demande personnellement à mes chasseurs de ne pas les prendre, les parents je m'en fiche. Il m'est arrivé d'en voir une chez un vendeur et un compétiteur que je n'aime pas particulièrement avait l'oeil dessus. J'ai pris la gamine, c'est la seule que j'aille sous mon aile pour le moment, je l'éduque quand elle sera en âge elle vaudras un bon prix, surtout avec les formations qu'elle aura. Les gamins c'est un investissement à long terme qui rapporte mais ça demande beaucoup de temps, et j'ai pas les ressources pour me permettre une garderie.

Étrangement on pouvait être aussi immoral qu'on le souhaitait dans le vie, le monde des enfants demeurait autre chose. L'intouchable. Ce n'était pas la vraie vie, autant les laissé dans leur illusion encore un peu. Et puis, la chasse au mômes n'a aucun mérite...

Elle admettait ses lacunes, un premier bon point. Elle était déterminée et solide, un deuxième très bon point. Mais surtout, sa politique concernant le traitement des enfants était des plus corrects. Cette fois, il n'avait plus aucune restriction quand à sa motivation à l'engager. Elle serait un précieux atout dans sa quête de puissance, et il ne négligeait absolument pas ses capacités et ses ressources. Alors il lui offrit un hochement de tête approbatif, un air visiblement satisfait impossible à discerner derrière son masque


Bien sûr, il parlait d'éventualités, mais on sentait à son ton qu'il savait très précisément de quoi il parlait. Le crime organisé était un domaine dans lequel il avait longtemps baigné et dans lequel il trempait même encore occasionnellement, lorsqu'il ne travaillait pas en indépendant. Mais cette fois, il visait plus haut : être son propre employeur, créer son propre côté obscur de la justice. Ses propres règles. Son propre microcosme... Et pour cela, il avait besoin d'alliés. Des alliés comme Greyhound, une esclavagiste talentueuse qui n'hésitait pas à mêler ses motivations personnelles au travail.

Sa réponse à sa dernière question serait la clé de leur partenariat. Si elle acceptait de rester indépendante mais loyale, ça serait une collaboration idéale pour lui. Si elle souhaitait uniquement prendre les bénéfices et refuser toute écoute, il n'y aurait pas d'entente et ça serait beaucoup plus dur de créer une entente fructueuse avec elle. Et ça, c'était un mauvais cas de figure. Mais au moins, il avait un bon feeling quand à leur association.

Il approuvait. Ce n'était pas étonnant, lui et Tristalle avaient rapidement vu les intérêts à travailler ensemble. Après le reste, ce n'était que des formalités. Importantes certes, mais des formalités. Ce qui était tout de même trop adorable c'est qu'il lui demandait si cela la gênait. Et le prix numéro un pour la compréhension, dans la catégorie Super-Vilain, NAAAAAGAAAAAAAA!!!!!!


- Si mes affaires viennent à embrouiller tes affaires où l'inverse on verra en tant voulu. On en parleras. Mais jusqu'ici j'ai rendu mes esclaves dociles, ce ne devrait pas être un problèmes que les choses demeurent ainsi.

Elle fit tourner son doigt contre le verre qui contenait l'infecte boisson. Elle se questionna un instant sur la propreté du verre avant de reporter son attention sur son interlocuteur.

- Ce sera un plaisir de travaillé avec toi.

Elle lui tendit sa main, attendant qu'il la serre. Le marché serait conclu et elle pourrait aller ce débarrasser de cet horrible tarte en nourrissant ses esclaves. Les profits que ce partenariat lui apporterait lui permettrait certainement de s'offrir un domaine où elle aurait davantage d'espace pour elle et sa marchandise. Avec un peux de chance elle pourrait même s'offrir un architecte. Elle avait décidément très hâte de découvrir le contenu de cette clé USB...

Un partenariat fructueux était probablement né... Akando n'hésita plus une seule seconde avant de serrer sa main, concluant leur affaire. Elle était visiblement confiante en ses capacités, et c'était un très bon point. Maintenant, il devait lui annoncer la deuxième partie de ses ambitions... Celle qui justifiait son besoin financier. Il ne construisait pas seulement un petit gang de rue, il construisait un empire criminel. Une faction. Une alternative au système. Et ce rêve qu'il avait, c'était pratiquement sa seule motivation à avancer. Alors il inclina légèrement la tête, la dévisageant, avant de parler


Il venait de l'appeler "lieutenante"... C'était un signe très clair de son acceptation vis-à-vis d'elle. Visiblement, pour lui, l'affaire était déjà réglée : elle acceptait ses termes pour l'instant et il lui faisait relativement confiance. Il pouvait donc lui dévoiler la suite de ses projets. Après un hochement de tête, il lui tendit ce qui semblait être des plans, les faisant glisser sur la table


Son ambition semblait très forte... Et sa détermination aussi. Il n'était pas quelqu'un qui se laisse aisément faire, ni pour autant qui impose aux personnes qu'il juge égales un point de vue tyrannique. Il savait être compréhensif, mais pour d'autres, impératif et égoïste. Akando était à la fois tout et son contraire, ce qui pouvait être déroutant pour quelqu'un qui ne le connaissait pas bien... Comme elle, en fait.

Évidement, grandir impliquait des moyens financier et elle devrait y mettre sa part. Ce n'était pas un inconvénient, loin de là que ses services soient encadré de d'autres activités. Ils formeraient éventuellement une jolie petite famille de gens louches et se serrerait les coudes contre les gentils. Bref le crime organisé, une mafia Noerphilienne, une Team Rocket. Mais ce n'était pas son rêve, elle allait simplement être le parasite qui en profite, le parasite lieutenant. Ça sonnait bien, lieutenant.

- Oui c'est parfait, on pourrait aussi vendre du chocolat et des biscuits comme les boyscouts mais je doute que se soit aussi efficace que mon commerce.

Il sortir des plans de.... quelque part et les étendit sur le comptoir. Elle tassa sans regret la tarte à l'anguille qui refroidissait sous le regard désapprobateur du tavernier qui essuyait des verres. Elle jeta un regard attentif au plan et ses sourcils se froncèrent, lui donnant cet air qui la faisait ressembler à un enfant devant ses premières divisions. Elle observa le complexe. En effet ça promettait d'être gros.

- Une aile certes, ce qui serait vraiment utile serait des quartiers sous-terrains et au dessus un air d'entraînement. Je n'en ai pas encore la possibilité, mais j'aimerais éventuellement entraîner des combattants, faire revenir l'aire des gladiateurs. Un homme fort ça se vend bien. Un vainqueur ça sera totalement différent. Ça et un bureau, pour recevoir les clients. Rien de trop massif, juste assez pour... you know, Show-Off ?

Elle agitait ses doigts fins, au-dessus, démontrant l'espace qui serait requis. Sur l'aire totale c'était pratiquement infime, bon pas si infime mais disons, raisonnable!

- Sinon, tu as déjà une idée pour le lieu? C'est vaste la Noerphilie... J'imagine que tes clients comme les miens se font généralement assez discrets, être éloigné de notre clientèle ne serait pas forcément à notre avantage, mais être trop près non plus cela dit.

Il lui faisait vraisemblablement confiance pour lui dévoiler ses plans de cette manière, mais déjà depuis le début de leur discussion ils se parlaient comme des amis de longue dates. Tristalle avait rarement accordé son respect aussi rapidement mais ils avaient jouer carte sur table dès le début et cela avait grandement faciliter les choses.

Visiblement, son idée semblait la convaincre... Que leurs ambitions s'accordent, c'était une autre bonne nouvelle sur l'avenir de leur partenariat. Elle semblait délimiter un espace d'une certaine taille, mais ça restait plus que raisonnable dans les limites du bâtiment. Et puis, au vu de son commerce, il valait mieux ne pas être radin sur la place : il fallait après tout héberger les esclaves, recevoir les clients dans un endroit plutôt prestigieux, quelques salles annexes, des cellules pour les plus réticents et violents, des divisions spéciales... Il comprenait le besoin d'un certain espace, un hochement de tête semblant approuver sa délimitation


Ah, venait la question du lieu... Noerphilie était effectivement un endroit très, très vaste, et ce n'était pas la place et le danger qui manquaient. Deux facteurs très importants à prendre en compte pour l'installation future du complexe qui servirait de centre de leurs opérations. C'était un choix auquel il avait médité, mais il n'avait aucune réponse définitive


Visiblement, il avait déjà bien réfléchi, mais il n'était pas sûr de quelle solution adopter. Tous les endroits de Noerphilie avaient leurs parts d'avantages et d'inconvénients, et il n'y avait aucune solution universelle qui serait parfaite sur tous les points.

Tous des endroits qui crient la perdition à la perfection. En même temps, c'est un avantage et un inconvénient d'être introuvable, la question est donc alors d'être trouvable pour les bonnes personnes. Un système de balistes réussiraient facilement à régler ce genre de problème...

- Pour ce qui est du Golden Desert je ne crois pas que le sol soit si complexe, si on regarde sur terre plusieurs peuples ont réussis à y bâtir, pense seulement au pyramide. L'ennui c'est la changement en café à la nuit tombé. Bien que je sois pas contre de former quelqu'un à devenir notre barista personnelle, j'ignore ce qu'il adviendrait du sol en passant de sable à café.

Elle marqua une pause, considérant les avantages et les inconvénient de la plaine d'Hyrul mentalement.

- Pour la plaine, certes niveau construction c'est génial. Toutefois on serait aisément repérable. Je ne crois pas que les Shadow soit le plus grand souci, c'est surtout qu'à vol d'oiseau on serait un proie des plus aisée. Cela dit, même chose pour le désert, mais si je ne me trompe il est plus vaste et nous avons les mirages et la température à notre avantage.

Narthan approuva mentalement, les échos de leur discussion lui parvenait par les pensées de Tristalle et le faible bruit qui passait au travers du toit. Il n'était pas tout à fait un oiseau mais tout de même.

- Le Fog est intéressant, le fait est qu'on risque autant de perdre les inopportuns que les clients. Je crains que ce ne soit pas tout le monde qui ait la détermination nécessaire pour se rendre jusque là...

Elle observa les options restantes, se repassant la Noerphilie en tête.

- Resterait l'Amazonia aussi, on profiterais du couvert des arbres et la forêt en soit est un labyrinthe, y'aurais aussi moyen de placer des balistes assez discrètes, contrairement à ce qu'on devrait faire dans le Fog. L'ennui encore une fois c'est les bestioles qui y vivent.

Un labyrinthe... Y'en avait-il un en Noerphilie ? Ce serait un emplacement de choix cela aussi...

Elle avait visiblement une bonne compréhension de la situation. Tous ces endroits étaient potentiellement intéressants, mais celui qui semblait comporter le moins de compromis négatifs et le plus de solutions potentielles aux problèmes restait le Fog. Une bonne cachette, de quoi régler leurs affaires dans un cadre plus privé. Effectivement, il faudrait juste trouver des solutions quand à l'accès au complexe. C'était à méditer, mais il y avait un très bon potentiel dans ce choix-là.


C'était un projet ambitieux, mais pas irréalisable. Et qui sait, il recruterait peut-être d'autres lieutenants sur le chemin, ce qui accélérerait son projet. Dans tous les cas, la suite s'annonçait prometteuse : il avait déjà une collaboratrice plus qu'intéressante, et des opportunités commerciales. À eux deux, déjà, ils avaient une base solide pour leur future organisation. Il ne lui restait plus qu'à trouver plus de personnel, plus de lieutenants, plus de moyens... Toujours plus. Et la fin justifiait toujours les moyens, surtout avec quelqu'un qui a déjà par le passé prouvé de nombreuses fois qu'il était capable de faire preuve de cruauté lorsque les circonstances s'y prêtent.

Il récupéra son plan histoire de le ranger dans une sacoche sous sa cape, quelques écailles brillant alors que le tissu se soulevait un bref instant. Bien sûr, il portait une armure, mais il y avait de l'espace pour laisser sortir quelques ailerons et autres parties corporelles spécifiques à sa morphologie très différente. Après tout, il n'était pas humain, mais humanoïde. Et si quelqu'un le voyait sans cette cape et ce masque, il comprendrait l'énorme différence entre les deux...

Elle hocha la tête, en accord avec les conclusions de Naga. Elle sentit Narthan protester, son Persona appréciait de sautiller de toit en toit ou d'arbre en arbre, ce qu'il adorait par-dessus tout c'était les montagnes. Mais bref, impossible de savoir ce que cachait le mystère du Fog. Tristalle esquissa un sourire alors qu'elle se moquait amicalement de l'attitude princière de son Persona.

Reportant son attention sur son interlocuteur, elle désigna la clé usb qu'elle avait enfouie dans l'une de ses poches.

- Si c'est tout pour l'instant je vais aller regarder le fruit de ce premier échange. Tu sais quoi faire pour me contacter.

Elle attrapa la tarte au anguilles. Elle trouverait bien quelqu'un qui mériterait d'avaler ça. Elle lui fit un signe de main discret avant de couvrir ses traits d'un foulard, se lever de son tabouret et se diriger vers la sortie. Son visage dissimuler affichait un sourire que seul Narthan sentit de par son lien mental. Lui aussi remua sur le toit, et se mit à suivre Tristalle alors qu'elle empruntait mille détour dans Pirate's Bay.