Je suis née au Japon une vingtaine d’années plus tôt. Oui, ça semble vraiment logique puisque j’ai fêté mes vingt ans cette année. Mes parents voulaient un second enfant car mon frère ne leur a pas donné assez de travail. Pourtant, vu son caractère affolant et bordélique, ils auraient dû s’arrêter là. Mais ils semblaient aimer les challenges, c’est ainsi qu’ils donnèrent naissance à ma personne : Shura Amano. Ma vie ne ressemble à… Ah ben si, à toute les autres. J’ai grandi dans une ville nommée Tokyo. Je suis certaine que vous la connaissez puisque c’est l’une des plus grandes de l’archipel Nippon. Mon père travaillait – et travaille toujours – en tant que technicien dans une grande firme japonaise tandis que ma mère restait à la maison pour s’occuper de nous et tout le reste. Autant vous dire que le visage paternel était peu présent dans ma vie. Mon frère – Jin – a quatre ans de plus que moi et pourtant, ça ne nous a pas empêchés d’être assez proches. Jusqu’au jour où il est parti dans pour ses études. Je devais encore terminer le lycée pour pouvoir le rattraper, mais ce fût compliqué. Travailleuse et acharnée, je n’avais pas réellement de difficulté à l’école. Que ce soit depuis le départ jusqu’au lycée, rien ne m’avait retenu. L’intelligence était un de mes points fort… Alors forcément, quand on sait se servir de l’outil le plus précieux au monde, rien ne vous arrête. Mais depuis qu’il était parti, je ressentais comme un vide à l’intérieur. J’étais moins… apte à me contrôle. Le self-control avait disparu et mes émotions prenaient souvent le dessus. Le départ de mon frère avait déclenché une sorte de rage invisible à l’intérieur, et je paraissais plus… lunatique ? Non. Nerveuse.

C’est exactement ce qui m’a posé problème pour continuer, mais lorsque j’avais franchi les étapes, j’arrivais enfin à ce que je voulais le plus : rejoindre Jin. Il m’avait envoyé son adresse et j’avais décidé de le suivre jusqu’à Iteku pour suivre mes études. L’art. Devenir mangaka était non seulement l’un de mes plus grands rêves mais en plus, cela me permettait de déchaîner la rage intérieure sur le papier. Une fois arrivée à Iteku, je m’installais avec mon frère mais il n’était pas souvent présent. Ses études de droit lui prenaient beaucoup de temps, et il adorait se déplacer. Jusqu’au jour où il m’annonça qu’il allait se prendre un appartement à l’autre bout de la ville en me cédant celui-ci… Après tout pourquoi pas. J’avais bien besoin d’un endroit où vivre et aller le voir me demanderait moins d’effort depuis ici. Une vie banale donc… Jusqu’à ce jour…

’Mais qu’est ce que ?’

C’est exactement la réaction que j’eus lorsque mon écran se brouilla et céda sa place à une femme mystérieuse et masquée. Mon programme favori se faisait remplacé par cette Miss Harmonie. Bien, écoutons ce qu’elle a à nous dire. La vie semblait s’arrêter instantanément lorsque la femme prit place dans chaque écran de la ville. Actuellement, j’étais dans la rue, entrain de marcher… Le nez sur mon téléphone portable. Pourtant, chacun et chacune arrêta toute action pour se fixer sur cette femme étrange. Ils furent tous absorbés par ses paroles, y compris moi-même. Je n’étais pas surhumaine alors ce qu’elle racontait m’intriguait. Une nouvelle vie ? Mais de quoi parlait-elle ? Son discours était aussi attirant que ceux des politiciens. Tout était ficelé de manière à attirer notre attention, quoiqu’il arrive. ‘Nos rêves les plus fous ?’, telles étaient ses paroles. Un espace blanc se changea devant les yeux ébahis de centaines de personnes. Les miens s’écarquillaient et des frissons parcourus mon corps. Je me sentais toute… bizarre. Des spéculations, des ahurissements… C’est ce que j’entendais autour de moi. Une fillette semblait émerveillée devant ce qui apparaissait sur le grand écran de l’immeuble d’en face. Je continuais d’écouter ce qu’elle avait à nous dire. Ce nouveau monde semblait réellement intriguant et j’avais une certaine curiosité qui s’éveillait en moi. Elle continuait son discours et je continuais effectivement à l’écouter. Je ne sais pas combien de temps elle a prit à nous expliquer ce qu’était la Noerphilie mais il semblait s’être arrêté.

Une fois son discours terminé, tout reprit son cours. Mon téléphone retournait sur le programme que je regardais en allant en cours et la vie se remit en marche. Tout au long du chemin, je n’arrêtais pas de penser à ce flot de parole. Pourquoi n’essayerai-je pas ? Après tout, qu’avais-je à y perdre ? Cependant, je n’avais pas le temps pour ça aujourd’hui. Une fois en cours, je ne pouvais cesser de penser à ce matin. Mais qui le pouvait ? En regardant autour de moi, les discussions ne portaient que sur ça. Certains n’y faisaient pas attention, d’autres étaient vraiment portés sur ce nouveau monde. Et mon esprit semblait d’accord avec eux. Il fallait que j’essaye cette méthode. Il suffisait de toucher un écran, hm ? Je prétextais une envie pressante pour aller me camoufler dans les toilettes féminines avant de regarder l’écran de mon téléphone. Mes doigts tremblotaient, j’étais hésitante et puis finalement l’envie avait pris le dessus. Je touchais l’écran et je me sentais transportée ailleurs. C’était une sensation fortement agréable, cependant lors de mon arrivée, la vision fût toute autre. Un grand être ne possédant qu’une aile trônait à côté de moi et me dévisageait de ses yeux sombres et imbibés de sang. Je ne bougeais pas, il continuait de me fixer sans sourciller. Je respirais profondément avant de lui ouvrir ma bouche.

‘Qui es-tu ?’

Une voix sombre me répondit seulement par un nom : Magnus. Il ne semblait pas vouloir en dire plus sur lui. Je regardais autour de moi et plusieurs personnes me regardaient avant de m’accueillir. Je semblais légèrement perdue mais je me sentais bien. Je pense que je vais passer un peu de temps ici avant de retourner à la réalité…