« Helloooo everyone ! »

Aiden lève les yeux vers cette voix bien trop aiguë. Tout les écrans des tours de la ville affichait une tête blonde masquée, qui parlait bien trop fort et bien trop vite. Comment pouvait-on être aussi énervant dés le matin ? Elle n'était pas d'humeur, et surtout pas pour entendre l'un de ces spots publicitaires stupides. Elle glisse les mains dans les poches de son gilet, et s'apprête à reprendre son bout de chemin, quand la suite du discours la fait s'arrêter. Quotidien barbant ? Routine monotone ? Elle grimace, se pince les lèvres. Oui, et alors, qu'est-ce que ça pouvait lui faire, à cette greluche ? Les miracles, ça n'existe pas. Les génies qui exaucent les vœux non plus. Et puis la petite voix insupportable fait fondre un mot sur ses lèvres, qui semble apparaître comme une délibération, à l'entendre dire.
La Noerphilie.
Tss.
Ces spots télévisés, décidément, ne manque pas d'idées pour raconter n'importe quoi. Cependant, Aiden continue d'écouter ce qu'elle a à dire. Et se surprend à être attiré par ce qu'elle décrit. Un autre monde. Une nouvelle chance. Une nouvelle identité. Elle relève complètement la tête, et contemple la foule obnubilée qui l'entoure. Personne ne faisait exception ; ils buvaient tous les paroles de la jeune femme. Mais allaient-ils y croire ? Ça semblait tellement irréaliste. La magie n'existe pas. Pour qui se prenait-elle, à en parler de façon aussi légère ? C'était une plaisanterie, c'était sûr. Et puis cette histoire de plonger la main dans un écran pour s'y rendre. Ça n'avait aucun sens ! C'était ridicule ! Pourquoi alors Aiden restait-elle là, à absorber tout ce tissu de mensonges ? Elle commence à trembler, plaque ses mains sur ses oreilles, et s'accroupit par terre.

- Assez, assez, assez...

Personne ne lui accorde la moindre attention, et heureusement.

- Il y a trop de bruit, trop de gens, trop de mensonges. Stop stop stop...

Une main finit par se pauser sur son épaule. Une ambulance s'était garée non loin, ayant constaté qu'une mouvement de foule s'était crée, ils préféraient jouer la carte de la sécurité. Eux au moins, avaient réussis à s'extirper du récit fabuleux. Elle observe le médecin de ses yeux bleus, les pupilles rétractées de peur. Elle finit par dégager son emprise d'un geste vif, se lève et se met à courir. Il crie derrière elle, lui demande si tout va bien. Mais elle n'entend plus rien, elle court, elle court jusqu'à en perdre haleine. Où vas-t-elle ? Elle ne peut pas aller travailler, pas maintenant. Il faut qu'elle rentre. Oui. Maintenant. Sans plus tarder.
Elle finit par arriver chez elle, et se laisse glisser contre la porte. C'était moins une. Elle a bien cru qu'elle allait finir par manquer d'oxygène en pleine foule. Et qu'elle n'aurait pas parvenu à s'échapper de toute cette masse humaine. Mais enfin, que lui as-t-elle prit de réagir comme ça ? Le médecin a raison, elle est vraiment instable mentalement. Est-elle folle ? Vas-elle finir sa vie enfermée entre quatre murs ? Non. Non elle ne peut pas.
Pas maintenant, pas pour l'instant.
Elle se traîne jusqu'au salon, et s'installe nez à nez devant sa télévision. Une lueur de défi dans le regard. Et si sa main ne fait que se heurter à l'écran ? Elle passerait pour une idiote. Tout le monde finirait par savoir qu'elle n'est qu'une imbécile parmi les fous. Elle tend une main tremblante, et se ravise, comme si elle s'était prit une décharge. Qu'est-ce qu'elle allait trouver de l'autre côté ? On aurait dit Alice qui s'apprêtait à traverser le miroir. Était-ce vraiment tel que l'avait décrit la femme masquée ? Une idylle, un nouveau départ, une nouvelle chance ? C'était peut être l'occasion de changer enfin les choses. De troubler son destin qui l'avait malmené durant des années. Elle jette un coup d’œil derrière son épaule.
Et puis après tout, pourquoi pas ? Qu'est-ce qu'il l'en empêchait ? Il semblait qu'il était possible de revenir à tout moment. Alors elle ne risquait rien. N'est-ce pas ? Elle se mordait la lèvre inférieure tellement fort que le goût du sang sur la langue finit par la tirer de sa réflexion.  Elle pouvait essayer. Une fois. Juste pour voir.
Rien qu'une seule fois.
Elle prend une grande respiration, ferme les yeux et tend sa petite main pâle vers l'écran.
Et Aiden disparaît du salon familiale.    

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Les paupières de la jeune femme s'ouvrent doucement, ses pupilles se font instantanément inonder par la lumière ambiante. Elle grimace et mets quelques secondes à s'habituer à l'environnement. Mais où est-elle ? De grands arbres, une végétation ardente, des bruits d'animaux, le vent qui taquine les feuilles. Elle touche son corps pour voir si elle va bien et retient un cri. Elle avait changée. Ce n'était plus elle. Grande, mince. Des formes diablement parfaites. De grand yeux roses, cerclés d'un trait noir qui glisse jusqu'en haut de ses fossettes. Des lèvres pulpeuses, une chevelure blanche comme la neige, qui tombe jusqu'aux épaules. Elle était habillée d'une étrange tenue, qui semblait rappeler celle d'un corbeau. Elle se précipita vers en étang pour s'en servir comme miroir. Elle halucinait, ce n'était tout simplement pas possible. Comment ? Comment pouvait-elle être complètement différente ? Les paroles de l'imbécile masquée lui reviennent en mémoire.
Un nouveau départ, une nouvelle identité.
C'était de ça dont elle parlait ?
Mais ce n'était pas du tout ce qu'Aiden avait en tête. Elle s'imaginait simplement être différente. Peut être jouer un autre rôle, mais de là à ne plus être reconaissable, c'était totalement impensable. Tout son corps tremblait, et elle ne parvenait pas à se calmer. En jetant un coup d'oeil un peu partout, elle remarqua qu'un bâton gisait à l'endroit où elle était arrivée. Un long sceptre avec un corbeau au bout. Un pouvoir ?
Peut être.
Elle le saisit d'une main, et l'agite doucement, comme si elle savait déjà comment faire, que tout était ancré en elle. Puis soudain, une pluie de boule lumineuses s'écrasent au sol, faisant éclater des morceaux de terre, d'arbres. Sous ses pieds, de la lumière jaillissait de part et d'autres, et même elle, brillait. Elle se déplaçait plus vite, était plus agile. On aurait dit que l'atmosphère était remplit d'étoiles, et qu'une pluie de météorites s'était abbatue dans la forêt.
L'espace...
C'était donc ça son pouvoir. Une sorte de magie Céleste. C'était beau, c'était nouveau, c'était excitant. De le peur, elle était passée à l'assurance. Au désir de rester ici et d'en apprendre un peu plus.

Aiden avait enfin trouvé sa place.