« C’est un garçon, Madame ! Félicitation ! » La jeune infirmière tendit l’enfant vers les bras de la mère alitée et épuisée après l’accouchement qui réduisit ses forces au plus bas. Un sourire bienveillant se dessina sur le visage du couple. La mère du nouveau né le regarda avec un amour si fort, d’un regard si tendre qu’une bulle semblait se dessiner dans cette scène méritant un tableau. Le père de l’enfant se pencha vers le visage fermé du petit. L’homme, d’une carrure imposante et Yakuza, était radieux et s’adressa à son enfant de sa voix roque :

« Tu t’appelleras Vincente. Vincente Ancona. Second fils d’une grande famille. Tu seras le bouclier de la famille et protecteur de ton grand frère. Tu le seconderas et fera la fierté de la famille. ». L’enfant s’agita légèrement avant d’ouvrir légèrement ses paupières pendant un instant. Seul le destin pourrait dire le pourquoi du comment mais la première image du monde que vit le nouveau né était son frère entrant dans la pièce et regardant son petit frère. Son premier regard sera celui qui, plus tard, deviendra l’homme qui deviendra son ami, rival mais aussi modèle même s’il ne l’avouera jamais. Cette famille italienne, mafieuse de surcroit, s’est installée au Japon pour étendre une entreprise familiale.

Le jeune Vincente grandit dans la grande maison familiale dans la ville d’Iteku. L’éducation était rude par le paternel qui voulait faire des deux frères des guerriers des temps modernes. Des hommes assez forts physiquement pour faire palier tout homme s’en prenant à la famille par la force des poings. Mais aussi qu’ils aient une force psychologique, un enseignement pour forger des stratèges économiques, marketing et qu’ils puissent tenir tête aux plus grands politiciens. Vincente adorait jouer le plus clair de son temps avec son frère, le suivant comme son ombre. Fier de voir ce que pouvait faire son ainé, il voulait en faire autant en passant de la motricité de la petite enfance, aux capacités linguistiques. Son enfance était heureuse et bienveillante afin de pouvoir s’épanouir dans les meilleures conditions auprès de sa famille mais aussi des hommes de main qui prirent soin des enfants. D’ailleurs, l’un d’entre eux devint l’un des plus grands protecteur du second maitre de la future génération et l’appelle ainsi. « Second », c’est le terme qui a influencé le quotidien de notre protagoniste qui déprimait lentement sous le fait qu’il était constamment comparé à son aîné. Dans l’enfance, l’innocence pardonnait les erreurs des adultes se baignait dans l’erreur du comparatif. Mais lentement, tel un poison dévorant son esprit, Vincente commençait à se sentir isolé dans l’ombre de son frère. Lui qui prenait plaisir à s’y glisser dans sa jeunesse, en espérant que cela le propulse vers la lumière des yeux de ses parents, surtout de son père. Mais rien…

De bonnes notes ? « A ton âge, Morgan avait une bulletin meilleur. »
Une bagarre provoquée par Vincente ? « Pourquoi tu ne fais pas les choses comme Morgan ? Un Yakuza doit vivre avec des valeurs »

Blablabla ! Tout tourne autour de Morgan ! Il n’y en a que pour lui et le méchant Vincente doit seulement se récupérer les morceaux. La seule personne qui était au-dessus de cette considération, celle qui passait son temps avec l’enfant : Alessia. Sa seule réelle amie qui le comprenne, celle qui possède le même passé, le même style de famille que le jeune homme. Tous les deux partagèrent beaucoup de temps et de jeux. C’est peut-être depuis ce jour que Vincente commença à créer une attache particulière avec son amie. Sa meilleure amie et confidente. Bien qu’il soit parfois jaloux de devoir la partager avec son grand frère…De peur qu’il lui prenne aussi comme le reste des bonnes choses.
A douze ans, Vincente fut déscolarisé d’écoles dites « normales » avec le même programme que tout le monde pour passer à des cours à domicile pour une éducation plus rude. Les professeurs s’enchainaient dans la chambre au fil de la journée, de chaque journée pour remplir la tête du jeune adolescent en connaissances théoriques. Puis des entraînements physiques pour parfaire le corps. Ses seules fréquentations furent finalement les hommes de main ainsi que sa famille. Une famille agrandit par la présence d’une petite sœur. Une sœur que les deux frères affectionnent particulièrement et qui sert à calmer les tensions des deux adolescents insupportables.

Puis vint le drame, le déménagement d’Alessia. Elle quittait le Japon pour retourner en Italie avec sa famille. Vincente n’est jamais allé rendre visite à la famille pour le dernier jour du départ. Il resta enfermé dans sa chambre en se cachant sous sa couette. Il ne pleura pas, aucune larme ne sortit de la douleur que le cœur engendrait après une telle annonce. L’ambiance festive de la maison, le plaisir de partager son quotidien avec un enfant de son âge…Même ce petit quelque chose que son frère n’avait pas que pour lui…Même cet élément là, cette amie précieuse, Vincente en était arraché par le destin. Aucune preuve n’existait mais beaucoup pensent que c’est à partir de ce jour que le regard de l’enfant laissa place à celui d’un jeune mafieux. Il se mit encore plus dans la peau d’un successeur et s’entraina durement pour se faire valoir. Art martiaux, escrime, comptabilité, management…Le jeune mafieux était assidu, charismatique mais aussi très sombre.

A quinze ans, l’enfant passait au stade de l’adulte. Vincente était considéré comme un homme, tout comme son frère quelques années avant. Un Phénix fut tatoué sur le bras gauche du jeune homme remontant sur la poitrine. Une fierté mais aussi le signe de sa renaissance en tant qu’homme. Vincente avait fait ce choix pour tourner le dos à son enfance et ne dépendre que de lui désormais. Enfin, c’est ce qu’il souhaite représenter dans son tatouage. Dans les faits, l’indépendance est encore loin et sa maturité aussi. Comme tous les groupes mafieux et particulièrement en Italie, le christianisme prend une grande place dans les mœurs. Lors du baptême en tant que nouveau mafieux, une goutte de sang doit être versée sur un portrait de Jesus. Vincente a plusieurs fois vu un prêtre venir à la maison pour entendre les confessions d’un homme aux mains sales…Et le laver de ses pêchés. Giovanni Ancona a plusieurs fois expliquer à ses enfants que l’on peut mentir à qui que ce soit mais pas à celui d’en haut. Qu’il fallait le respecter. Vincente n’est pas un athée mais il avait du mal à croire qu’un être puisse surveiller autant de personnes à la fois. Il se sentait seul maitre de ses actes et des conséquences. Nul besoin de s’en remettre à un autre. Vincente ne connaissait pas l’opinion de son frère sur la question mais en même temps…Quel intérêt ? Cela n’empêcha pas le jeune homme d’accepter d’accomplir certaines tâches pour apprendre le métier. Salissant ses mains de façon occasionnelle. Vincente se souviendra toujours de son premier meurtre en regardant sa victime dans les yeux le suppliant de ne pas le tuer au nom du fait qu’il avait une famille. Les prières d’un traitre de la famille qu’il fallait éliminer pour qu’il ne divulgue pas trop d’informations aux familles rivales. Pour son premier meurtre, Vincente s’était servi d’une arme à feu. Meurtres, tortures, des plannings que notre protagoniste s’était accomodé et se surprenait à y prendre plaisir en présence de ses hommes de main. Le mafieux se sentait fier d’inspirer la crainte et de la répandre. La fierté de pouvoir accomplir des actes au nom de sa famille, mais surtout de son père dans l’espoir d’avoir un regard fier et valorisant. Chose pas facile à avoir, ou alors très peu exprimé. Mais contrairement à Morgan qui était plus détaché dans cette recherche, Vincente gardait espoir que Giovanni lui tape l’épaule en lui disant « Je suis fier de toi ».

Les années passèrent, l’ambiance familiale changeait plus ou moins. Les deux frères avaient encore beaucoup de mal à se rabibocher. Mais c’était plus vivable depuis que Morgan a prit son propre appartement en quittant le foyer familial. Vincente se complaisait dans son boulot de Yakuza lorsqu’il n’était pas avec ses professeurs à domicile pour continuer ses études. Il étudiait rudement en demandant des professeurs particuliers dans le droit, le management et aussi dans le Go. (Pour ce dernier, c’est plus par hobby de ce jeu. Il affirme lui-même être friand de jeux de stratégie).

Un jour, lorsque Morgan était à la maison familiale pour une visite de courtoisie. L’annonce d’un nouveau monde fut comme une tempête dans toutes les pensées. Mais notre protagoniste dormait encore pendant l’annonce d’une possibilité de vivre une autre vie dans un autre univers. Ce ne fut que lorsque Morgan passa au travers d’un écran que Vincente prit connaissance de ce phénomène. Qu’est ce que c’était que cette histoire ??? Comment ça les écrans pouvaient cacher autre chose ? Mais c’était quoi ce binz ? Curieux de connaitre l’autre côté, de savoir ce que faisait son cachotier de frère de l’autre côté du mur informatique…Quelle ne fut pas la surprise de vivre un drôle de transfert ! Son corps se transforma rapidement avec comme seule voix accompagnatrice : « Pour celui qui ne s’accepte pas, pourquoi pas te découvrir une~~sensibilité toute autre ? ». Son corps se transforma en une femme brune d’une beauté singulière, aucun élément pulpeux mais une belle femme. Sauf que ce n’était absolument pas dans le contrat. La panique s’installa dans la tête du jeune mafieux qui fit peur à bon nombre de personnes autour de lui, ne comprenant pas tellement pourquoi tant de hurlements. Trop de changements entre l’environnement tout nouveau, les habitants semblant faire des choses incroyables et sa nouvelle identité. Aucune trace de son frère ? Bon rentrons à la maison et ne revenons plus !

De retour chez lui, Vincente reçu deux informations d’un seul coup de son père en moins de 24h :

« Vincente, je compte sur ta participation pour me faire des compte rendu de Noerphilie, ce monde dont on ignore tout. Tu dois observer si nous pouvons étendre l’influence de la famille Ancona mais aussi si une famille de là-bas est susceptible de nous menacer ! ». Vincente serra les dents et les poings discrètement en regardant avec fureur son père. Encore une mission immense dont il n’aurait pas les honneurs. Surtout que ce sera surement une manière de valoriser Morgan, qu’il récupérera tous les honneurs et la gloire. Mais qu’est ce qu’il ne fallait pas faire pour avoir l’amour et la valorisation de son père ? De montrer sa réelle valeur aux yeux de tous en tant que vrai représentant de la famille ! L’homme à la tête de la famille continua son monologue (ou plutôt ses ordres) « La famille Kuchira, ou plutôt Calvacci a une fille que tu connais bien. Alessia va reprendre les affaires familiales dans quelques années et tu seras l’homme qui l’épousera. Ce n’est pas encore une annonce officielle mais quant elle sera faite, j’espère que cette union sera un nouveau pas pour les Ancona. ». Je pense qu’à ce moment là, Vincente venait de faire un coma psychologique sous l’effet des annonces. Alessia était de retour ? Mariage ? Quoi ? Et son avis ? Je peux faire une fugue ? Bref, que d’informations qui ne sont pas du tout digérées et ont fait l’effet d’une bombe dans la tête. En plus, il ne pouvait en parler avec personne…Son frère ? NON ! Sa mère ? Bah qu’est ce que ça changerait ? Sa sœur ? Elle trouverait quelques mots réconfortants ou stricts pour reprendre les choses en main…Sauf que…Ben l’idée d’une union avec Alessia, son amie d’enfance et son amour de jeunesse. C’était quand même charmant.

Pour loger dans l’autre monde lorsque le temps le lui permet, Vincente se devait de trouver un logement surtout lors de requêtes longues comme celles de son padre. Surtout qu’il ne savait pas du tout comment s’y prendre…En plus de devoir s’y faire avec son nouveau corps ! C’est en sauvant une journaliste d’une chute de briques que cette dernière exprima sa reconnaissance par un hébergement gratuit quand le souhait y était. Drôle de femme candide qui ne posa pas tellement de questions pour une journaliste. Pour ne pas éveiller plus de soupçons que ça, Vincente se contenta de donner quelques miettes d’infos mais sans plus. S’il s’est passé quelque chose entre eux ? Non, juste une relation maitre/esclave où Vincente abuse de l’hospitalité de cette femme journaliste…Bien qu’ayant une certaine sympathie pour elle. La seule femme qui envahissait son esprit perpétuellement, c’est Alessia ! Surtout depuis l’annonce de leurs fiançailles ! Il fallait avant tout qu’il la revoie !!!