Passons vite fait sur les histoires de familles: Papa Van der Elst eut une relation avec une demoiselle tout aussi Hollandaise que lui. De cette relation arriva Madsen un quatorze février. Papa Van der Elst, que l'on appellera maintenant Clemens, était très heureux d'avoir un fils. Leena était un peu moins emballée. Voilà une demoiselle qui aimait profiter de la vie, l'idée d'avoir un gamin dans les pattes ne l'enchantait pas vraiment. Si ça ne tenait qu'à elle, il n'aurait pas vu le jour. Mais Clemens avait de l'argent. Elle, un peu moins. Alors, comme c'était bien agréable de vivre dans le quasi-luxe, elle le garda. Pour ne pas perdre le mari. Bien sûr, ça ne dura pas. Elle ne supportait pas cette nouvelle vie, un jour, elle décida de tout arrêter, et en profita pour lui refiler le gamin. Le père obtint donc la garde du petit âgé d'un an. Il rencontra par la suite une autre dame, une japonaise, tomba amoureux et ne tarda pas à la suivre dans son pays, en emmenant son fils. Là-bas, ils firent des enfants, et Madsen devint bien vite grand frère.

Dans les grandes lignes, c'est ça. Le père obtint un visa, et la petite famille s'installa au japon. A deux ans, Madsen eut une petite sœur. A six, un petit frère. A dix, une autre sœur. La joie d'être grand frère me direz-vous. Mais lui, il avait un peu de mal, d'autant plus que Chiaki, la nouvelle maman, semblait plus attentionnée envers ses cadets. Elle ne semblait pas, elle l'était. Eux, c'était ses enfants, Madsen ne l'était qu'à moitié. Au début, le gamin se montra jaloux.
Et, las, il laissa tomber. C'était même mieux comme ça, on ne faisait pas trop attention à lui, il pouvait bien faire ce qu'il voulait. Et, comme l'éducation des enfants, c'était réservé aux femmes dixit Clemens, il ne voyait pas souvent son père.

Le temps passa ainsi. Un peu délaissé, Madsen apprit à se débrouiller seul, et à attirer l'attention sur lui. C'était celui qui faisait le clown, qui relevait  les pires paris à la récré, qui se ramassait les notes les plus mauvaises, bref, c'était une catastrophe. De temps à autre, il entendait un "ce que tu fais est mal" de la part de Chiaki, mais rien d'autre.

Des années passèrent et la famille s'agrandit encore, sous le regard dépité de l'aîné. De toute manière, l'aîné, on ne le voyait pas beaucoup. Maintenant âgé de dix-huit ans, il passait toute sa vie dehors. Ce qu'il y faisait ? Tout et n'importe quoi. Mais surtout n'importe quoi en fait. C'était à prévoir, il avait arrêté les études le plus tôt possible. Il avait réussi à se faire embaucher dans l'un des restos de la ville et y bossait comme commis.

Ne croyez pas qu'il s'était assagi avec le temps. Bien au contraire, il n'en faisait qu'à sa tête. Et il aimait bien entraîner ses cadets dans ses conneries. Il leur donnait un tas d'idées, qui paraissaient très drôles pour des gamins. En réalité, ça ne l'était pas, et on aurait pu penser qu'il agissait comme cela par vengeance, il avait longtemps été en froid avec ses frères et sœurs. Il n'en était rien, c'était juste que les enfants étaient beaucoup moins regardants sur la sécurité, et qu'ils étaient toujours partants pour de nouvelles aventures.
Une telle chose ne plaisait pas trop aux parents, on ne comptait plus le nombre de fois où des catastrophes faillirent avoir lieu. A croire qu'ils avaient la chance de leur côté.

Chance qui ne tarda pas à s'évaporer un après-midi. C'était l'été, il faisait chaud et les gamins jouaient sur le vieux terrain vague isolé. Madsen, qui ne bossait pas ce jour-là était avec eux, ce qui enchanta les plus jeunes. Tout se passa très vite, l'un voulu s'amuser avec le briquet du plus grand, il y avait des herbes hautes et sèches, et le feu prit très rapidement. Trois des gamins s'enfuirent rapidement, la plus jeune resta coincée par les flammes avec Madsen. Elle était paniquée, lui tout à fait calme. Fasciné, il regardait les flammes qui semblaient danser sur l'herbe sèche, malgré la grosse fumée noire qui piquait les yeux.

Les gamins, qui avaient plus de jugeote que leur grand frère partirent en trombe chercher de l'aide, les secours arrivèrent et les deux qui étaient restés coincés sur le terrain gagnèrent un séjour à l'hôpital.
Madsen apprit ainsi que rester dans la fumée suffocante jusqu'à l'inconscience n'était pas la meilleure des idées; sa petite sœur demeura en soin intensif. Et elle y resta longtemps. Si lui avait été sauvé de l’asphyxie de justesse, la plus jeune avait de graves brûlures. Trois mois après, elle revint à la maison. Maison que Madsen quitta deux mois après, quelques jours après sa majorité.
Pour lui, ça n'allait pas fort avec la famille. C'était peut-être dû au fait qu'il était complètement imperméable à la situation; l'état de sa sœur ne l’inquiétait à peine. Cela sans compter qu'il n'avait pas comprit la leçon, et continuait les conneries. On aurait fini par le mettre dehors, autant partir de soi-même.

Il changea de ville, se débrouilla pour trouver du boulot dans la nouvelle, qui avait pour nom Iteku, et continua sa vie.

Hm ? La noerphilie vous dites? Hé bien un beau jour, alors qu'il profitait de son quart d'heure de pause à l'entrée du restaurant, une dame fit son apparition sur son portable. Elle parlait d'un truc qu'elle appelait Noerphilie et qui consistait, grosso modo, à découvrir un nouveau monde.

Curieux par nature, il ne tarda pas à essayer, ce qui lui valu une rencontre avec un certain Misery qui, avant d'être un épouvantail, s'avéra être son persona.
Tiens c'était marrant, sa plus grande faiblesse était le feu. Peut-être pour lui rappeler une vieille histoire d'incendie me direz-vous.