"Hé Alice ! Dépêche toi !

- Mais tu cours trop vite Lacie !"

Les deux jumelles courraient, ou du moins, elles essayaient. Ce jour-là, il était sept heures 51, les cours commençaient à huit heures et elles s'étaient réveillées 5 minutes avant de partir. Elles courraient pour atteindre le pont où se trouvaient le tramway pour allez dans leur nouveau lycée. Elles avaient déménagés un mois plus tôt et pourtant, elles ne s'étaient toujours pas habituées au fuseau horaire. Leur mère voulait qu'elles aient des études dignes de ce nom pour qu'elles puissent faire ce qu'elle veulent en étant adulte. Leur année de première allait débuter sans elles si elles ne se dépêchaient pas. Lacie courraient plus vite que sa sœur, la distance entre elles étant de cinq bons mètres. Lacie venait de passer un passage piéton et, tandis qu'Alice en faisait de même, un camion ne put s'arrêter. Ce jour-là, le premier jour de leur entrer en 2eme année de lycée, Lacie et Alice ne se rendirent pas à l'établissement. En ce premier jour de septembre, Lacie apprit que sa sœur ne pourrait jamais de venir adulte, ne pourrait jamais avoir son diplôme, ne pourrait jamais devenir adulte.

Quelques mois plus tard, lorsque sa dépression n'eut plus été perceptible, elle se teignit les cheveux en violet, de la même couleur que ses yeux. Elle recouvrit sa personnalité d'un masque souriant et y mit un cadenas mental. Elle devint populaire dans sa classe, ayant la réputation d'être très sociable et beaucoup mignonne pour faire son âge.

Puis vint avril. Ce matin du mardi 18, elle allait avoir un contrôle, elle allait discuter avec ses amis. Ce jour-là, sa musique s'arrêta tout d'un coup, laissant place à une voix énergique. Elle releva la tête vers les écrans sur les immeubles autour d'elle tout en retirant ses écouteurs. Elle écouta attentivement la blonde qui parlait de ce monde différent, "parfait". Elle l'écoutait déblatérer toutes ses théories sur la nouvelle vie qui s'offrait aux itékiens. Lorsque tout revint, elle regarda l'écran de son téléphone un instant, abasourdie par cette annonce de grand ampleur.

"Une nouvelle vie..." songea-t-elle dans un murmure.

Elle secoua légèrement sa tête, elle verrait ça en rentrant du lycée le soir même. Alors, quand elle rentra dans son petit appartement, elle demanda à sa mère, rien que pour voir, si elle pouvait y aller. Ce jour-là, elle découvrit un monde d'une beauté époustouflante. Elle découvrit ses pouvoir d'invocation et, même si ce n'était qu'une seule personne, elle découvrit quelqu'un enfin digne de confiance à qui, à chaque fois qu'elle allait en Noerphilie, racontait sa journée et ses mésaventures. Même si cette personne n'était autre qu'elle-même, elle avait l'impression d'avoir enfin comblé un vide.

Elle avait l'impression d'avoir retrouvé sa sœur.