On ne choisi pas sa famille comme on dit. Ah vous savez, on dirait de moi que j'ai de la chance d'être dans une famille friquée ! Mais quel fric ? C'est juste de l'argent sale, et moi je suis obligé de souiller mes mains avec en commettant des actes dégueulasses. C'est ça la vie de yakuza. Non plus précisément, la vie du fils d'un chef de famille, dont le destin est de succéder à son père un jour. Mais je ne veux pas de cette vie, pourtant je suis obligé de suivre les règles à la lettre si je ne veux pas me faire descendre. Aah si vous saviez...

Mon père, Giovanni Ancona est originaire de Naple à la base. Il ne touchait pas au milieu mafieux au début, certains de ses amis non plus d'ailleurs mais malheureusement, la corruption est tellement importante là-bas qu'ils ont été entraîné là dedans. Puis après avoir installé leurs territoires, ils se sont dit "tiens, et si on se développait au Japon ?". Voilà comment j'ai fini par naître là-bas, avec la nationalité japonaise hein ? Evidemment, mon cher papa a eu la bonne idée de ne pas tomber amoureux d'une japonaise comme le paternel de mon amie d'enfance Alessia mais de l'une de ses amies, du coup...Baah je suis un italien pur et dur quoi. Enfin ma famille a tellement d'influence qu'ils ont pu tout de même s'imposer comme des yakuzas, car pour eux, n'étant plus en Italie, ils se sont adaptés au pays et ont même changés le nom, se faisant appeler la famille " Chikara". Bien sûr nos patronymes n'ont pas changés pour autant, la preuve avec moi. Pourquoi ? Tout simplement pour servir de couverture si jamais on les accuse d'être du gang Chikara.

Et mon enfance ? J'ai reçu une éducation stricte. Autant dire que j'en ai eu des roustes pour des broutilles, on m'apprenait à dire certaines choses et à ne pas en dire d'autres...Bref à part ça j'étais gâté jusqu'au cou, je pouvais aller à l'école normalement, fréquenter qui je veux...Jusqu'à l'âge de 12 ans. C'était trop beau sinon, un fils de yakuza qui peut aller étudier hein ! ...Ok non. On m'a bien filé des professeurs particuliers, mais le reste de mon temps libre, c'était pour me former aux larcins, à manier des armes avec mes aînés qui me nommaient par le suffixe "- sama" pour la plupart.

Puis à partir de l'âge de 15 ans, alors que j'étais en plein dans l'adolescence, on a commencé à me tatouer un peu par un peu, ce qui signifiait que mon père avait décidé de passer à la vitesse supérieure avec moi. Ma mère bien entendu ne disait jamais rien, je ne sais pas si elle avait peur ou s'en fichait tout simplement. Même lorsqu'on m'a envoyé avec un collègue pour abattre un mec qui nous aurait trahi, j'avais l'arme dans la main prêt à tirer mais...Je ne pouvais pas. Ma main tremblait et pour ne pas que je sois couvert de honte, mon partenaire l'a fait à ma place. Cette scène, je m'en souviendrais encore toute ma vie. Je n'avais jamais vu autant de sang et j'étais tellement tétanisé par ce que je venais de voir que je n'arrivais plus à bouger. Heureusement on m'a tiré de là et on a pu s'enfuir sans être vu. Et par je ne sais quel miracle, papa a su que je n'avais pas fait ce qu'il avait demandé et m'a humilié. Dès cet instant, j'ai tellement eu les jetons que je me suis forcé à faire tout ce qu'il demandait, à être ce qu'il voulait : un type autoritaire, limite froid et qui mène d'une main de fer avec mon entourage familial. D'ailleurs à force, j'ai fini par moi-même goûter à certain vices avant l'âge, et quand je parle de vices, je veux dire l'alcool et tout ce qui va avec. En gros fatalement, je devenais pourri jusqu'à la moelle.

Heureusement encore, j'ai réussi à avoir une vie sociale en dehors de ça à la condition de cacher avec des bandages ces tatouages de malheur qui me rappellent que je ne suis pas comme les autres. Si on devait engager un acteur pour jouer le rôle de la momie dans un film, je pense que je serais le parfait acteur tiens ! 

Sans vous mentir, je pensais que les jours allaient tous se ressembler, en nourrissant toujours l'envie qu'on me FICHE la paix, que je puisse me lâcher bon sang !! Franchement, je mourrais d'envie d'hurler dans la gueule de certaines personnes, et quand je dis certaines, je parle bien sûr de mon père, que j'en ai rien à faire de leurs magouilles ! Il était bien "normal" avant de basculer dans tout ça non ? Alors pourquoi il ne me comprend pas ce que j'endure hein ?!
...
Et puis là, une lueur d'espoir est tombée du ciel. Ou pour être plus exacte, est apparue sur l'écran de ma télé. J'étais à moitié réveillé dans mon lit, lorsque je l'ai vu. Elle. Miss Harmonie. Une charmante demoiselle qui disait des trucs tout aussi envoûtants. Un nouveau monde, où je pourrais changer d'identité. Un nouveau monde où je pourrais être moi-même. Autant dire que quand j'ai entendu ça, j'avais les yeux qui brillaient comme un gosse qui venait de recevoir ses cadeaux à Noel ! Le truc, c'est que je n'ai pas pu aller vérifier par moi-même à quoi ressemblait cette utopie parce que je n'avais pas le temps mais j'avais la certitude que ce monde existait, car curieux comme je suis j'ai fourré ma main dans l'écran.

C'était bien réel.

Le soir même, je me suis jeté à l'eau.
Et j'ai pu goûter ce qu'était la vraie liberté.