Voilà déjà plusieurs heures que cette nouvelle provenant du Japon avait rejoint Londres. Je pouvais sentir une certaine fébrilité au cœur du laboratoire de biologie cellulaire pour lequel je travaillais. Des chuchotements durant les quarts de travail troublaient les tâches qui étaient assignées à chacun d’entre nous. L’utilisation de portables se faisait également plus fréquente qu’à l’habitude. Et c’est non sans omettre de parler des heures de pause, sur lesquelles on n’entendait plus que cette histoire mystérieuse évoquant la possibilité d’un monde parallèle au nôtre. Jamais je n’avais été témoin d’un tel évènement. Plus les heures passaient, plus les gens quittaient l’Angleterre en direction d’Iteku. Certains quittaient même avant la fin de leur quart.

Qu’allais-je faire ? D’un point de vue professionnel, il fallait absolument que je m’y rende. L’étude de la biologie cellulaire des individus qui faisaient le voyage entre les deux s’avérait être quelque chose de primordial. La Noerphilie, ainsi l’appellent-ils, changeait elle le code génétique et cellulaire des personnes s’y rendant ? Avait-elle une influence particulière sur certains aspects du corps humain et, si c’était le cas, que sont-ils ? Nous ne connaissons absolument rien à propos de cet univers fantastique, excepté le fait que l’on voyage au travers des écrans spécifiques. Était-il possible que ceux-ci soient désactivés et empêchent les gens de revenir ? Se renseigner sur des cas réels, faire une étude, est nécessaire. Risquons-nous nos vies à vouloir obtenir davantage de connaissances sur ce monde ? D’un autre côté, si je quitte l’Angleterre, je perds tout ce que je possède.

Le niveau de danger et la situation en général aurait dû me convaincre de rester bien sagement à Londres. Continuer un train de vivre normal quoi. Seulement… Je quittai mon lieu de travail, attrapant mon casque ainsi que mon blouson brun. J’enfourchai ma motocyclette, me dirigeant vers mon appartement au cœur du centre-ville. Sur mon portable, les appels manqués s’accumulaient, provenant tous du laboratoire de biologie. Je n’emportais avec moi que quelques trucs qui me semblaient utiles, comme mon cahier de note, du fric et des fringues de rechange. Je détachai la clé de l’appartement de mon trousseau avant de partir, la laissant sur la table avec une note pour le propriétaire. Je ne reviendrais pas, ma décision était prise.