Tu traverses l'écran avant de te poser délicatement sur le verre qui te sert de sol. Le vent souffle sur tes cheveux de feu aux reflets bleutés par la lumière sous tes pieds et tu dévoiles ton naturel sourire à la ville.

« Comme je l'aime... » Dis-tu doucement et à voix basse, tandis que tu la contemplais.

Parrev, une ville pleine de surprises et qui ne dort jamais. Parrev, qui pour satisfaire les désirs de chacun devient change-forme. Parrev, un endroit où il fait bon vivre, de jour, comme nuit. Parrev, ta ville, ta vie...

Ce soir elle était sublime, encore plus que les autres fois, car elle venait de se revêtir de ta forme. Elle venait de revêtir ce qui ressemblait à ton être, ce qui s'apparentait à ton être. Elle brillait de mille feux, de ces projecteurs quasi-hollywoodiens, de ces lumières multicolores et de ses gratte-ciels à la fois gracieux et futuristes. Elle était en parfaite osmose avec toi, Rouge. Elle venait d'incarner ton essence. Et cette soirée-là, était la tienne.

« Tu es sublime comme toujours. » Dit une voix grave derrière toi.

« Tu me le dis tous les soirs, Igor. » Réponds-tu en riant légèrement tout en te retournant vers ton garde du corps.

Igor, un homme d'apparence dure et peu accueillante, mais avec un cœur aussi grand que sa carrure. Une montagne de muscles, des cheveux attachés en catogan, le tout avec une belle moustache et un smoking flambant neuf.

« C'est vrai, et je continuerais tous les soirs. » Rétorque-t-il en te souriant chaleureusement avant de t'offrir son bras.

Ton sourire se fait plus large et tu t'avances vers lui tout en replaçant une mèche de cheveux derrière ton oreille avant de lui prendre le bras. Vous commencez alors à marcher à travers la ville.

« Elle s'est déguisée en toi la ville ce soir. »

« Je sais. » Dis-tu en lâchant un rire délicat et familier.

« Elle est tout simplement magnifique ce soir. »

« Je te pensais plus humble que ça, ma chère Rouge Velours. »

« Idiot. » Tu affiches un large sourire et tu contemples au loin les magnifiques bâtiments tandis que vous continuez votre traversée. Les édifices défilent lentement, les voitures vont et viennent et les gens semblent heureux et amoureux.

« Ce soir c'est la St-Valentin, as-tu un rendez-vous avec quelqu'un ? » Te demandes Igor avec un sourire de grand-père.

« Oh *tu baisses les yeux tout en souriant* , pas vraiment. Pas du tout en fait. Et je me sens pas d'humeur à ça, *tu remontes le regard* la ville est tellement belle ce soir... »

« Même pas avec un de tes fans hmmm? » Insiste-t-il pour te taquiner.

« Nooon, d'ailleurs j'espère ne recevoir aucune carte ce soir. » Dis-tu en rigolant doucement.

« Mon petit doigt me dit que ce sera difficile. » Ajoute-t-il en riant à son tour tandis que tu lèves les yeux au ciel tout en gardant ton sourire.

« Je n'ai pas envie de briser des cœurs, Igor, surtout pas le soir de la St-Valentin. » 

« Hmm? Tu n'auras qu'à décliner poliment comme tu l'as toujours fait » Il te regarde un moment en souriant puis regarde devant lui à nouveau.

« Je compte le faire, ne t'inquiète pas. » Finis-tu avec un large sourire.


Rouge Velours, une des femmes les plus convoitées de Parrev, et peut-être même de toute la Noerphilie. Tout le monde ici la connaît, tout le monde ici l'aime. Il serait rare qu'elle ne reçoive pas d'invitations de tout genre, surtout ce soir. Mais tu n'es pas d'humeur à « valenter » ce soir, la ville est si belle... et tu as tellement envie d'aller la visiter après ta soirée au Golden Cat.

Vous vous approchez du Golden Cat, l'immense enseigne en forme de chat et de couleur or, illumine la rue. Des tons différents la colorent, de l'orange, du rouge, du bleu plus ou moins sombre, du rose et du violet. Et ce bon vent est toujours présent.

Quand soudain des cris retentissent, des gens commencent à courir et à vous bousculer, Igor te protège et tu vois des formes ailées sauter partout. Des flèches volent, rêves-tu, où des cupidons vous attaquent ?! Et sans crier gare, une se longe sur ta poitrine, t’arrachant un cri de peur malgré l'absence de douleur avant de disparaître sous la forme de paillettes.

« Rouge ! » Igor te rattrape avant que tu ne tombes au sol. « Tu vas bien !? »

« O-oui, j'ai... rien... Mais qu'est-ce que *tu commences à te lever, la main sur ton visage et les yeux fermés* c'est ce cirqu-...



Tu rouvres les yeux sur la rue d'en face et ton cœur s'arrête.

Tout ralenti, tout s'arrête. Tu te figes, et tes yeux sont grands ouverts, tandis que ton cœur recommence à battre de plus en plus fort et de plus en plus vite. Tu restes subjuguée par ce que tu vois, tout ce qui t'entoure disparaît ou renforce cette somptueuse et irréelle vision. Ces cheveux d'un blond solaire, ce teint d'un blanc immaculé, ces noisettes luxuriantes. Était-ce réel ce que tu voyais là ? Voyais-tu vraiment la femme la plus sublime qu'il ne t'ai jamais été donné de voir ? Tout continuait de rouler au ralenti. Igor t’emmenait à l'intérieur pour te mettre à l’abri, et toi, tu restais encore captivée par ce que tu voyais. Tes yeux ne lâchèrent, pas même une seule de ces interminables secondes, ce visage qui brillait au fil des phares des voitures qui passaient et des lumières des boutiques qui la baignaient. Tu ne pouvais plus t'en détacher. Toutes ces couleurs qui s'ajoutaient autour d'elle, c'était...

Magnifique...

Pouvait-elle te voir ? Pouvait-elle voir avec qu'elle force, elle avait prisé ton regard ; avec quel magnétisme, elle avait capturé tes yeux d'un bleu incandescent? Pouvait-elle voir la femme que tu étais, et voir dans ton allée précipitée vers le Golden Cat, le rouge flamboyant de tes boucles se balançant dans tous les sens et ton regard l'admirant ? T'avait-elle seulement remarqué, toi qui étais trop subjuguée pour y penser ?

Les portes se referment derrière toi.

« Piouf, c'était du n'importe quoi dehors. Rouge ? Tu es sûr que ça va ? »

Te voilà bouche bée, les yeux dans le vide, sous le regard d'Igor et des personnes intriguées. Tu respires profondément et tu relèves le regard « Je... Je vais bien... » avant de t'enfoncer dans les coulisses pour atteindre tes loges.

Tu refermes la porte derrière toi, et tu te regardes dans le miroir.

Tu supposes que c'est ça, 

Le coup de foudre.