Journal intime, confession d'un jour, Le 19 avril 2015 :
Mina est au dessus de son lavabo, les yeux encore collés par la nuit qu'elle vient de passer. Sa colocataire est derrière, les yeux assez semblables à ceux de Mina.

- Bien dormi ?

La jeune femme, presque étonnée par cette question, les yeux grands ouverts et fixant le miroir qui se trouve en face d'elle et qui reflète l'image de sa colocataire.

- Non mais j'hallucine. Maintenant on en est rendus la ? Hier, on était quoi, le 18 avril c'est ça ? Ouais, si je me souviens bien ouais. Bah il aura suffit d'une annonce comme quoi un nouveau monde a enfin vu le jour, et quoi... deux heures à tout casser, pour que tout le monde essaie de quitter NOTRE joli monde. Résultat des courses, plus personne au bar, un chiffre d'affaire de merde, et un pourboire qui n'existe pas. Je sais pas si tu te rends compte de la soirée de merde que j'ai passé.

S'agaçant presque contre elle-même, la jeune femme se retourna vers la belle blonde qui lui faisait à manger presque à chaque fois que Mina rentre du travail. La radio derrière se déclenche et passe un de ces vieux morceaux qui vous donne envie d'aller vous recoucher. Mina s'approche doucement de sa colocataire, la plaquant presque contre le mur. Le dos de la belle blonde, qui au passage s'appelle Élisa, se cambre sur le porte-serviettes juste derrière elle.

- Enfin, ma journée pourrait me remonter le moral, surtout si tu la fais bien commencer...

Un sourire presque pervers, un sous-entendu presque dissimulé. Élisa refuse, la repousse des bras en lui expliquant une énième fois qu'elle n'est absolument pas attirée par les femmes.

Ces journées, commençant ainsi et terminant presque au travail, c'est le quotidien de Mina. Fille d'une avocate et d'un père qui travaille dans les finances. Niveau école, Mina est une plutôt bonne élève pour son âge, écoute attentivement et ne fait pas de bêtises. Elle fait ce que disent papa et maman, sans broncher. Elle ne pleure que lorsqu'elle n'a pas le droit d'avoir des bonbons au supermarché. Papa lui dit qu'elle finira dans une grande fac et qu'elle gagnera beaucoup d'argent.

Et puis quoi encore ? Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ?

Nous ne sommes pas dans un compte de fées. Parce que c'est papa qui gère l'argent, et surtout parce que c'est papa qui va être arrêté pour fraude fiscale s'il continue. Sauf que papa, il en veut toujours plus. Alors papa, il arrête pas. Jusqu'à ses dix ans, Mina, ignorante de tout ce joli petit bordel qui se tramait derrière, elle déménagea au moins cinq ou six fois. Puis Mina, naïve qu'elle est, elle pense que c'est parce que ses parents sont de grands voyageurs.

Mais réveilles-toi sale gosse stupide. Ton père est un lâche.

Maman elle, a fermé les yeux sur la situation depuis bien trop longtemps. Elle commence à péter les plombs, penses-tu. Devoir se cacher, pour fuir les conneries laissées derrière. C'est pas son genre, maman c'est une cool, elle ferait jamais ça. Et si. Parce qu'elle est complice chérie. Du coup, avant que Mina arrive sur ses 13 ans, son père et sa mère l'ont envoyée chez son oncle, au Japon. Puis ils sont partis, elle ne sait toujours pas où.

Pendant ce temps la, la gosse, elle arrive dans un endroit qu'elle connait absolument pas. Entourée de gens qui ne parlent pas sa langue, qui n'ont fichtrement pas les mêmes coutumes ni les mêmes goûts en matière de nourriture grasse et débordante de friture et d'huile. Certes, sont oncle l'aide, lui apprend la langue, tout ça. Mais Mina, en attendant, elle rate le meilleur de sa vie : son insouciance. Alors elle s’endurcit comme elle peut, pour essayer de maintenir le peu de stabilité mentale qu'elle a. Elle n'y arrive pas. Regardez-la, maintenant, rendue dans une salle de bain ridicule, avec sa colocataire française qui a un accent français plus que ridicule, mais qui est incroyablement belle. Prenant de la drogue pour tenir le coup, parce que sa vie n'a pas évoluée. Elle aurait voulu faire de grandes choses, finalement, elle se torche le cul comme tout le monde pour essayer de garder le peu d'argent qu'elle gagne.

Mina sort de la pièce à reculons, tout en fixant sa blondie. Les deux index plantés vers elle, agitant ses bras dans tout les sens.

- Et si, toi et moi, on y allait.

Elisa, le cerveau toujours endormi, ne comprends pas.

- Quoi, tu veux qu'on aille faire les courses maintenant ?!

- Mais non, qu'on aille a la Noerphilie sombre conne !

Elisa lâcha le soupir le plus long de la planète avant de prononcer un non catégorique et ferme sur le fait d'aller la bas. Cependant, Mina, avait une curiosité si grosse qu'elle pouvait ressentir des picotements dans ses bras tellement le fait d'aller dans cet autre monde pouvait l'exciter.

- Tant pis, j'ai pas besoin de toi de toute façon. Par contre on a pas de télé... enfin aucun portail quoi... bon ! Je vais chez le voisin, ciao.

Tournant les talons tel un colonel qui vient de prendre sa retraite, Mina s'habilla, se coiffa, se brossa les dents une nouvelle fois car elle a oublier qu'elle l'a déjà fait, et avance enfin vers la porte de sortie.

Troisième voisin et toujours personne n'a de télé. Le quatrième en revanche est le bon, mais n'est pas d'accord pour laisser la jeune fille faire ça et revenir à n'importe qu'elle heure. Tant pis, le cinquième fera sûrement l'affaire. Et c'est le cas.

Mina entre, fixe la télé des yeux. Elle s'en approche. Tend son bras, fait traverser un doigt, puis toute la main, le bras et *vlomp*...

Elle est à la Noerphilie. Elle ne sait pas où, dans la Noerphilie, mais elle y est. Ayant entendu qu'elle pouvait avoir des pouvoirs, elle avança un peu, tête baissée, marmonnant des formules magiques. Puis elle ferma les yeux, percuta le derrière d'un des petits monstres du coin. Suite à ça, étonnée d'avoir vu ce type de créature, elle se mit à courir partout.

- OH QUE QUELQU'UN M'AIDE C'EST PLUS POSSIBLE AAAAAAAHHHHHW.

L'opéra était de retour, son Persona lui, venait d'apparaître derrière elle.

- Gwaaaaaazzzzz.

Mina s'arrêta de courir et se retourna brusquement.

- Mais putain t'es qui toi ?!!!

- Gwaaaaaazzzzz.

Alors que le monstre n'avait pas bougé, Mina commença à réfléchir aux possibilités du monde dans lequel elle était entrée, se remémorant tous les pouvoirs possibles de celui-ci. Puis, éclair, elle pensa alors aux "grandes incantations". C'était donc ça, ce casque en combinaison de Kill Bill noir.

- Tiens, une nana plutôt sexy. Faudrait que je vois ta tête un jour.

- Gwaaaazzzz.

- Ouais bon ok, tu t'appelles Gwazz, ça j'ai compris. Enlèves ton casque pour voir.

Gwazz enleva alors son casque, présentant un trou d'où des ombres noires se dégageaient.

- Ah merde, t'as pas de tête. Bon, en soit, c'est pas trop grave.

Mina continua donc son chemin, en compagnie de Gwazz. Puis, n'oubliant tout de même pas les horaires de son voisin, elle rentra, se souvenant bien heureusement du chemin qu'elle avait emprunter. Gwazz disparue d'elle-même, bénéficiant au passage d'un petit bisou sur le casque de la part de Mina.