Ma mère étant française et mon père japonais, je suis ce qu’on appelle un métis au Japon. Je suis né à Yokohama, dans la région de Kanto au Japon.
        Peu de temps après ma naissance, ma famille et moi avons déménagés en France où j’aurai vécu pendant 12 ans. Passant via les différentes régions de ce pays à cause du métier de ma mère, Coralie, qui était commerciale pour une grande entreprise possédant le même métissage que le mien. Mon père, Kiichi, quand à lui pouvait travailler partout, ce n’était donc pas un problème pour lui de devoir déménager souvent. A cause de ce mode de vie, je n’ai jamais réellement créé d’attachement envers des camarades de classe.

         A treize ans, ma mère, mon père et moi retournions au Japon, définitivement cette fois-ci, en tout cas pour ma part.
Au tout début, bien que parlant le japonais couramment, j’étais toujours mis à l’écart des autres élèves, mais n’ayant jamais créé d’attaches auparavant, je continuai ma vie comme si de rien n’était puis j’ai commencé à me faire des amis rapidement, je devins une source de curiosité pour les autres élèves.
J’étais un jeune garçon qui plaisait aux filles sans même m’en rendre compte et au début j’acceptai de sortir avec elles pour être gentil. Mais après avoir compris le vrai sens du mot « aimer », j’eus mes véritables premiers amours, mes premiers chagrins de cœurs, enfin vous voyez le topo, une vie d’adolescent normal en soi.
Je n’étais pas et je n’ai d’ailleurs jamais été un élève extrêmement brillant, j’étais dans la moyenne, même si je brillais largement dans toute activité physique. Durant toute ma scolarité et encore aujourd’hui, j’ai toujours pratiqué le sport : foot, basket, course, karaté, judo et natation, étaient mes principales activités sportives. Et oui ce corps ne s’est pas musclé tout seul.

Les années passèrent, les classes s’enchainèrent, les conquêtes aussi bien féminines que masculines également et je parvins à sortir du lycée. Ne sachant pas vraiment quoi faire, je fis deux années de droit dans une faculté avant de choisir de m’orienter vers une carrière militaire, ne me demandez pas pourquoi je ne saurai vous dire la raison exacte.
En cinq ans, j’ai appris de nombreuses choses sur la survie mais surtout sur mes capacités mentales et physiques, je connaissais mes points forts mais aussi mes faiblesses.

Au cours de ma troisième année au sein de l’armée, je fus muté à Iteku et à moins qu’un conflit, ou qu’une catastrophe de grande envergure ne se produise, j’étais Lieutenant instructeur dans une Ecole militaire. C’est d’ailleurs là-bas que j’appris la création de Noerphilie, je me souviens j’étais en train de montrer différentes manœuvres à mes élèves lorsque l’écran de télévision sur lequel étaient retransmises toutes ces manœuvres changea pour laisser place à une femme masquée qui expliqua le fonctionnement de ce « nouveau monde » pseudo-virtuel.
Lorsque l’écran revint à la normal, tous mes élèves se mirent à discuter de cet univers qui s’offrait à eux.
- Si vous avez le temps de croire de telles inepties vous avez surement le temps de me faire 15 tours de terrains et 300 pompes ! GO GO GO !
Le temps passait, certains des élèves officiers ne donnaient plus aucun signe de vie et une rumeur tournait au sein de l’école comme quoi Noerphilie existait bel et bien et que s’ils n’étaient pas revenu c’était surement parce qu’ils avaient été tué. Plus les semaines s’écoulaient, plus ces rumeurs se faisaient de plus en plus denses et c’est ainsi que je décidai de faire ma propre enquête.

Je me rappelai globalement de toute la marche à suivre pour rejoindre, soi-disant, Noerphilie, j’avais voulu essayer plusieurs fois de poser ma main sur un écran afin de vérifier cette légende qui s’était propagé au point d’avoir créé un réseau de communication entre ces deux mondes. Mais mon côté rationnel m’avait jusqu’alors toujours interdit de le faire. Mais là je n’avais pas vraiment le choix, si je voulais savoir ce qui était arrivé aux élèves de l’Ecole militaire dans laquelle je travaillai, je devais tout d’abord si cette histoire tirée par les cheveux était bel et bien vraie.
J’avançai alors doucement ma main vers l’écran de mon appartement, puis au moment où je m’apprêtai à toucher le verre de mon appareil électronique, ma main traversa la surface comme s’il s’agissait de la surface de l’eau. Par réflexe, je retirai ma main de l’écran afin de l’observer puis de fixer de nouveau ma télévision, avant de replonger, cette fois-ci déterminé, ma main avant d’être comme englouti par téléviseur.

J’ouvris les yeux dans comme si j’étais dans un rêve, rien ne ressemblait à ce que je connaissais, tout ce qui m’entourait semblait verdoyant, peut-être même un peu trop. C’était la nuit et la lune éclairait parfaitement le paysage. Comme si l’homme n’avait jamais essayé de dompter cette nature, comme s’il ne savait pas comment faire et qu’il vivait avec elle. Le genre de choses qu’on ne voit que dans les animés, les jeux-vidéo et autres BD ou manga commercialisés de nos jours.
J’effectuai mes premiers pas en ce lieu, tout en me rendant compte d’une chose qui avait son importance, mes pas semblaient plus légers, non pas que je sois gros, mais c’était comme si la gravité était différente et que mes mouvements ne demandaient que peu de force pour être effectué.
Je marchai donc dans une direction qui m’était totalement inconnue jusqu’à pénétrer dans une petite ville qui était bien différente elle aussi du standing actuel des villes de nos jours. Cependant, plusieurs écrans de télévision se trouvaient cachés ici et là. Les rues étaient désertes, en même temps lorsque je m’étais décidé à entrer en ce lieu il devait être dans les environs de trois heures du matin et si la femme masquée disait vrai, il devait être également la même heure ici aussi.
Profitant de l’absence d’habitants, je continuai d’arpenter les rues et ruelles jusqu’à ce que mon regard ne croise celui d’une autre personne, inconsciemment je fis un pas en arrière constatant que ce dernier fit la même chose. Il avait les cheveux blancs, longs et était vraiment très maigre …
- C’est moi ? Qu’est-ce qui se passe ?
En effet, les quelques mouvements que j’effectuai, étaient reproduit par cet homme, lorsque je lui parlai ses lèvres semblaient suivre le rythme de mes paroles et en m’approchant de lui je me rendis compte que je n’étais pas face à quelqu’un mais face à un miroir et à mon propre reflet.
C’était ça la nouvelle vie qu’évoquait cette femme ? Ces avatars tout spécialement créés pour nous ? Que se passait-il réellement ici ?
C’est avec toutes ces questions en tête que je mis fin à mon exploration pour la soirée.

        En retournant dans mon appartement, je m’allongeai dans mon lit, les bras croisés derrière ma tête, fixant le plafond afin de me remémorer tout ce qui venait de se passer.
- Une bonne nuit de sommeil m’aidera à avoir les idées plus claires …
Ce jour-là, je n’aurai jamais imaginé que cette petite virée marquerait un tout nouveau chapitre de ma vie.
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