Prudence, malgré son prénom, vient bel et bien d'une famille anglaise. Elle ne fut pas la seule à naître ce jour là, d'ailleurs, elle ne fut même pas la première mais la seconde puisque sa jumelle avait décidé de pointer son nez hors du ventre de sa mère quelques minutes avant elle. Ainsi son nées Constance et Prudence dans une famille très riche qui n'a jamais connu le besoin. Certains se diront que c'est un bon départ dans la vie. Pas pour Prudence qui fut rapidement considérée comme le vilain petit canard de la famille. Elle marcha et parla plus tard que sa jumelle, il était bien plus compliqué de faire comprendre et apprendre quelque chose à Prudence qu'à Constance qui eut le droit très vite à tous les compliments et honneurs, là où sa soeur, quand elle réussissait enfin à faire ce qui était demandé, ne recevait que des remarques quant à sa lenteur. Elle grandit dans cette ambiance pesante, ne ressentant pas ce qu'il y avait de plus important que l'argent pour une petite fille de son âge de ses parents : L'amour.

Pas de câlins, papouilles ou autres preuves d'affection, pas d'histoire le soir avant d'aller dormir. Elle restait juste seule dans sa chambre, recroquevillée dans un coin de la pièce et pourtant entourée de tout ce qu'elle avait toujours voulut. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ses parents répondaient à tous ses caprices; que ce soit une peluche de chat géante, avoir un poney... C'était sans doute pour qu'ils soient tranquilles et qu'elle ne pense pas qu'elle était désavantagée par rapport à Constance. Les jumelles, en plus de n'avoir jamais été sur le même piédestal, n'ont jamais vraiment partagées de choses ensemble comme le ferait de vrais jumeaux sans pour autant qu'elles soient tout le temps collées l'une à l'autre, habillées pareilles et tout le temps à finir les phrases l'une de l'autre. Il n'y avait aucune communication entre les deux soeurs, si bien qu'on aurait dit qu'elles étaient étrangères; elles ne se ressemblaient que par leurs physiques mais leurs caractères différaient. En grandissant, cela ne s'arrangeait pas, Constance devenait une demoiselle sage, serviable et éduquée afin d'être l'héritière de la famille comme elle était la première née et la plus douée; Prudence, quant à elle, n'en pouvait plus qu'il n'y en ait que pour sa jumelle. Cela lui montait à la tête, si bien qu'elle commença à enchaîner bêtises sur bêtises pour attirer l'attention de ses parents en commençant par l'école. Elle séchait les cours, amassait de mauvaises notes et collectionnait les heures de colles auxquelles elle n'assistait même pas. Et, comme cela n'avait pas l'air de suffire, après avoir fugué une journée entière alors qu'elle n'était qu'au collège, elle revient avec les cheveux teint en vert faisant davantage criser ses parents mais toujours pas d'attention de leur part. Elle ne faisait que récolter des punitions qui l'isolait qu'encore plus. A l'arrivée au lycée de Prudence -par pur miracle au vu de ses notes désastreuses-, sa famille décida de déménager au Japon dans la ville d'Iteku afin que Constance puisse parfaire sa maîtrise du japonais -une des nombreuses langues qu'elle avait apprit- et bien sûr, cette première n'eut pas d'autres choix que de les suivre. L'adaptation fut dur pour Prudence qui, à l'époque, ne connaissait pas un seul mot de japonais et dû se débrouiller comme elle pouvait pour se faire comprendre à certains moments. Elle mit un long moment avant d'apprendre les bases de la langue mais sa débrouillardise la sauva. Ses parents avaient cependant encore moins de temps à lui consacrer maintenant qu'ils avaient déménagés alors elle décida de passer moins de temps avec sa famille. Elle commença par faire de petites fugues d'une journée, comme elle avait déjà fait au collège puis le temps de fugue se rallongea au fur et à mesure qu'elle rencontra des personnes dites "peu voire pas du tout fréquentables". Son caractère se fit dés lors plus fort et son langage se dégrada, ne parlant plus qu'avec des mots familiers et des insultes qu'elle entendait tous les jours dans la bouche de ses nouveaux "amis".

Les années défilaient et Prudence se faisait de plus en plus absente chez elle, à tel point que ses parents eurent une sérieuse discussion à propos de la jeune fille. Elle déshonorait le nom "Shannen" et ne semblait plus avoir besoin d'eux. Prudence fut déshéritée et reniée. C'est sa jumelle qui est venue lui annoncer après l'avoir cherchée quelques heures dans les rues d'Iteku, lui disant que ce n'était plus la peine de revenir à la maison et qu'elle devrait à présent se débrouiller toute seule. Tout s'était arrêté à ce moment là pour Prudence, elle qui avait si longtemps cherché de l'attention auprès de ses parents avait réussit à avoir l'inverse contraire. Parents qui n'avaient même pas eut le courage de venir lui dire qu'elle n'était plus leur fille, car c'était ça, ni plus ni moins, elle pouvait barrer le nom "Shannen" de son identité. Mais étrangement, aucune colère vient entacher l'expression de son visage, quelque chose avait fait un déclic dans sa tête, comme si ses nerfs avaient totalement lâchés. Elle s'était mise à rire de façon presque démentielle, répliquant que de toute façon, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus besoin d'eux, "bon débarras". Constance avait soupiré et était reparti comme elle était venu, laissant Prudence seule, qui après un moment, s'était laissé glisser contre le mur pour hurler son angoisse de s'être faire rejeter, griffant le sol jusqu'à ce que ses ongles cassent et que le bout de ses doigts saignent. Ce soir là, elle s'était endormie dans cette même rue, son sang restant incrusté dans le béton du trottoir, elle avait eut de la chance que personne de mal intentionné ne passe par là.

Après cette mauvaise nouvelle, il avait fallu reprendre pied très vite, car un problème majeur s'imposait, sans ses chers parents, Prudence était fauchée. Elle se retrouvait donc à la rue, sans job, sans famille et entourée de mauvaises fréquentations. N'ayant plus trop le choix, elle se servit de ces fameux "amis" pour leur extorquer de l'argent, ils n'étaient pas sans savoir qu'elle faisait partie d'une famille riche et qu'elle pourrait rembourser. Ce qui n'était plus le cas et elle n'avait jamais eut l'intention de leur rembourser quoi que ce soit. Seulement, au bout de quelques mois, les gars s'étaient aperçus de la supercherie. Prudence avait eut le temps de trouver un travail en temps que serveuse qui ne lui plaisait guère mais qui ajoutait une somme à l'argent qu'elle piquait déjà et malgré ça, au vu de ce que la jeune femme avait emprunté au total, elle ne réussirait pas à rassembler cet somme simplement avec son job et en peu de temps. C'est en cherchant une solution à ce problème que l'annonce faite sur tous les écrans d'Iteku était apparu. Un nouveau monde où l'on pouvait être plus fort et avoir des pouvoirs voire même une apparence différente ? Il ne fallut pas une seconde annonce pour que Prudence se décide à traverser l'écran. Elle se fichait pas mal du danger, tant que la jeune femme pouvait mener une autre vie sans être en plus menacé par les mecs à qui elle devait de l'argent.

Ses premiers pas dans Noerphilie ne furent pas ce qu'elle avait espérée. Autant, qu'elle ne change pas d'apparence ne l'avait pas gênée et elle trouvait les vêtements qui s'étaient matérialisés sur elle quand elle avait traversée l'écran plutôt cool mais alors qu'elle avait voulut savoir à quoi ressemblerait son don à elle, une renarde apparut à ses côtés. Un moment de silence avait regné jusqu'à ce que Prudence prononce le prénom de sa persona qui ne pourrait plus être autre chose que Gwen. Agitant ses oreilles et s'asseyant à ses pieds, la persona s'était mise à parler, faisant sursauter Prudence. Après quelques heures passées à Noerphilie, Gwen avait présenté ce dont elle était capable à son invocatrice. Prudence jugea dés les premiers instants ce pouvoir inutile tout autant que sa persona qui l'agaçait. Elle lui donna même un coup de pied mais regretta vite son geste en ressentant la douleur de ce que la petite renarde avait reçu. Prudence pouvait néanmoins maintenant ne plus avoir affaire aux types malfamés à qui elle devait une grande somme, ne revenant que quelques fois pour exercer son job de serveuse à Iteku.