Si vous vous attendiez à une histoire épique, mettant en scène un pauvre écuyer horrible comme un pou qui devient un preux chevalier en armure blanche. Désolé de vous décevoir, mais ce n’est pas le cas. Car déjà je suis né en plein Hokkaido, région enneigée les trois-quarts de l’année. C’était une nuit d’hiver d’ailleurs, alors qu’il neigeait fort à l’extérieur de notre vaste demeure familiale. Le regard de mes parents transpirait la surprise, quand ma chevelure blanche émergea, aussi blanc que le paysage dehors. C’est pour mes cheveux qu’ils décidèrent de m’appeler Haku, qui signifie « blanc ». Mais ils n’étaient pas au bout de leurs surprises, car une fois les yeux ouverts, ils découvrirent avec stupeur mon œil rouge, faisant de moi une sorte d’albinos. Heureusement, mes parents étaient des personnes aimantes donc je fus élevé avec amour, malgré ma différence.  Mon enfance était des plus normale et on m’éleva correctement, étant fils unique à l’époque.

Mais comme les bonnes choses ont une fin, tout évolua quand j’eus l’âge d’aller à l’école, car je commençais à prendre réellement conscience des regards d’autrui, des messes basses sur mon passage. Sans parler bien entendu qu’on commençait à me balancer en pleine face. Dans mes souvenirs, j’ai commencé à me renfermer sur moi-même à cette époque-là. Je venais d’avoir huit ans. Tous les gens proches de moi commencèrent donc à s’éloigner au fur et à mesure que je me fermais à toute sorte de socialisation. Seuls mes parents insistaient pour m’aider et pour que je me sorte de cette solitude. Mais à force de les envoyer balader, ils finirent également par me laisser seul. Je grandis donc ainsi, seul, dans mon coin. Je faisais ma vie et au fur et à mesure, je me construisais une bulle inviolable où personne ne pouvait pénétrer.

Vous allez surement me dire que ma vie devait bien être ennuyante et vous n’aurez pas tout à fait faux. Car arrivé à mes dix-huit ans, je ressentais cette solitude plus qu’à l’accoutumer. Cette fameuse bulle s’était fissurée et j’avais envie de reprendre contact avec l’extérieur. C’est ainsi que je décidais de partir d’Hokkaido pour repartir à zéro. J’atterrissais donc à Iteku, ville bouillonnante d’activité où les gratte-ciels transperçaient les nuages. Je me suis vite senti oppressé par cette population grouillante comme des fourmis, écrasante. Mais c’était mon choix de vouloir débuter une nouvelle vie et je fis avec. Malheureusement, mes premiers jours à l’université me firent regretter mon choix, car rien ne changea, j’avais beau essayer de m’intégrer, j’étais rejeté, par moment violemment. J’avais espéré qu’avec l’âge ça changerait, mais non. Mais cette fois-ci, les harcèlements allaient bien plus loin, jusqu’à subir de la violence physique. Au final, j’obtiens mon diplôme de fin d’études tant bien que mal, mais j’avais gardé une cicatrice au plus profond de moi. Cette tentative désespérée pour me sociabiliser m’avait fait comprendre un truc, c’est que j’avais besoin de personne, moi seul suffisait. Au fond de moi, un sentiment étranger commençait également à faire son nid. Un ressentiment que je ne comprenais pas éclorait en mon sein.

Puis il eut cette annonce sur toutes les télés, portable, ordinateur de la ville, cette femme qui nous annonçait qu’un nouveau monde nous était disponible pour commencer une nouvelle vie. J’étais partagé entre de nombreux sentiments. Mais celui qui me dominait c’était ce désir de découvrir ce nouveau monde, car avec un peu de chance j’y trouverais enfin ma place. Puis je n’avais plus rien à perdre. Ni une ni deux, j’y accourais en suivant les explications de cette fameuse apparition. À l’époque, je n’avais jamais vu un lieu si merveilleux, si beau et sauvage que Noerphilie. Les deux semaines qui suivirent, j’y passais le plus clair de mon temps, le découvrant sous toutes les coutures, découvrant également mes nouvelles capacités. Parmi la ribambelle de sentiment, deux commençaient lentement à monter en moi, la première, c’était le désir de conquérir ce monde encore inconnu. La deuxième, c’était une douce vengeance sur les gens qui m’avaient fait souffrir et je n’étais plus sans défense et c’est tout ce qui comptait pour moi.